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Luxembourg : l’opposition critique l’absence de stratégie globale


"On ne doit pas retomber dans l'insouciance", a taclé jeudi Martine Hansen, au nom du CSV (Photo d'archives : Alain Rischard).

Les partis de l’opposition ont critiqué, jeudi, l’absence d’une stratégie globale pour sortir du confinement. Le gouvernement se défend. «Il nous faut avancer pas après pas», insiste la ministre de la Santé.

Les vannes sont ouvertes. Le Luxembourg «possède une bonne base pour lever de nouvelles mesures et retourner ainsi un peu plus dans un quotidien plus normal», annonce non sans soulagement le Premier ministre, Xavier Bettel, devant les députés.

À partir de lundi, il sera à nouveau possible d’aller rendre visite à sa famille ou à ses amis, de pratiquer du sport individuel en plein air, d’aller visiter un musée, de se rendre à la bibliothèque ou de flâner dans les rues commerciales. L’école reprend aussi pour les lycéens, suivis deux semaines plus tard par le fondamental. Le principe de précaution ne disparaît pas pour autant. «Il ne faut pas jeter par-dessus bord les gestes barrières. Dans le cas contraire, on risque de devoir remettre le frein à main», met en garde le Premier ministre. À plusieurs reprises, Xavier Bettel a insisté jeudi devant la Chambre sur la responsabilité citoyenne. «On ne doit pas retomber dans l’insouciance», le rejoint Martine Hansen, cheffe de file du CSV.
La prudence affichée par le gouvernement mais aussi la phase 2 du déconfinement sont largement saluées par les partis de l’opposition. Cela n’empêche pas des critiques concernant l’absence d’une véritable stratégie globale pour relancer l’économie et la société. «On a besoin de perspectives claires afin de redonner plus de libertés aux citoyens», souligne ainsi Martine Hansen. «Le Premier ministre s’est contenté de répéter ce qu’il a annoncé en conférence de presse, lundi», déplore de son côté Marc Baum (déi Lénk). «Une stratégie claire serait toutefois importante pour s’assurer que les gens continuent à accepter les mesures prises», enchaîne l’élu de déi Lénk.
L’impatience gagne donc clairement du terrain. Mesures d’aides insuffisantes pour les entreprises et indépendants («L’État doit prendre en charge les coûts pour les mesures sanitaires», réclame le pirate Sven Clement), retards dans le versement des indemnités, incohérences dans la communication : la liste des critiques de l’opposition est longue. Lors du débat de jeudi, Georges Engel (LSAP) a demandé davantage d’indulgence en raison du caractère de la crise sanitaire ayant nécessité de «prendre des milliers de décisions». Sans succès.

«Pas faire des kermesses dans son salon»

CSV, ADR et déi Lénk ont également dénoncé l’absence d’une perspective pour le secteur de l’Horeca. «Il n’existe pas de raison pour laquelle restaurants et cafés ne peuvent pas rouvrir leurs portes à leur tour. Je lance un appel urgent pour une réouverture dès le 25 juin», martèle ainsi Gast Gibéryen (ADR). Marc Baum ne réclame pas de date précise «mais au moins des éléments stratégiques» pour offrir une perspective à la gastronomie.
«Je refuse de polémiquer et d’annoncer des dates concrètes», rétorque la ministre de la Santé, Paulette Lenert. L’objectif premier du gouvernement resterait de «freiner au maximum la propagation du virus». «Je comprends qu’il n’est pas simple d’attendre et de rester plongé dans l’incertitude. Notre stratégie reste toutefois de prendre des décisions sur la base de faits. Il nous faut avancer pas après pas», ajoute la ministre.

Toute une série de paramètres sont pris en considération pour poursuivre le déconfinement. «Uniquement si les chiffres restent bons, on pourra songer à une 3e, voire une 4e, phase pour le déconfinement», a indiqué le Premier ministre, qui refuse lui aussi de s’avancer sur des dates concrètes. L’Horeca devra donc attendre au moins encore deux semaines, soit le laps de temps au cours duquel l’impact de la phase 2 se fera ressentir, pour en savoir plus sur son avenir. «C’est pourquoi j’ai prudemment avancé comme date le 1er juin», ajoute Xavier Bettel. Jeudi, de nouvelles aides ont toutefois été mises en perspective (lire ci-dessous).
Pour l’instant, «il est important de rendre à nouveau possibles les contacts en famille et entre amis». «Dès lundi, des gens ont annoncé vouloir sortir dans leur jardin pour pouvoir accueillir jusqu’à 20 personnes. Or cette limite pour un rassemblement ne vaut que pour l’espace public», souligne toutefois Xavier Bettel. Martine Hansen (CSV) ajoute que «ce n’est pas le moment de faire des kermesses dans son salon».
Le nombre d’invités qu’un ménage pourra accueillir dès lundi est donc bien fixé à six, le tout en respectant les gestes barrières. «La distanciation sociale reste la meilleure méthode pour éviter la propagation sans toutefois éviter tous les contacts», conclut le Premier ministre.

David Marques

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