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Luxembourg : « L’impression que le gouvernement veut modifier l’index en cachette »


Les prix du carburant n'ont jamais été aussi chers au Luxembourg. (Photo : Fabrizio Pizzolante).

Les syndicats luxembourgeois s’insurgent, ce jeudi, à propos d’une manœuvre du gouvernement pour sortir la future taxe CO2 de l’indice des prix à la consommation, à la base de l’indexation des salaires. Explications.

L’indexation fait régulièrement le bonheur des salariés au Grand-Duché. On se frotte les mains à chaque nouvelle tranche, apportant une cinquantaine d’euros en plus sur la fiche de paie pour un salaire moyen. Mais on oublie qu’il ne s’agit là que d’un rattrapage par rapport au prix du coût de la vie. Ce dernier est évalué sur un panier type, qui comprend les dépenses à tous les niveaux de la vie. En clair, plus le coût de la vie augmente, plus la prochaine indexation des salaires se fait rapidement. Il s’agit de gagner « pareil qu’avant », alors que le coût de la vie quotidienne a augmenté.

Dans ce panier, on comprend bien que les augmentations qui vont entrer en vigueur en janvier sur la consommation de carburant -«taxe CO2»- devraient contribuer à déclencher plus rapidement la prochaine indexation. Il n’en sera rien, explique ce jeudi les syndicats luxembourgeois, dont l’OGBL, le premier du pays.

Les syndicats dénoncent une « modification de la législation concernant l’indexation des salaires » cachée dans le projet de budget 2021. « Le gouvernement souhaite sortir la taxe CO2 nouvellement introduite de l’indice des prix à la consommation, et donc neutraliser l’effet que cette taxe aura sur les prix des produits pétroliers au niveau du panier de consommation, à la base de l’indexation des salaires. »

Les syndicats trouvent l’entourloupe « choquante ». Elle ne répond qu’à « une revendication patronale ». « Il en résulte l’impression que le gouvernement veut modifier l’index «en cachette» », lâche carrément l’OGB-L.

Des augmentations pourtant concrètes

L’OGBL rappelle que l’on va sentir le coût de l’augmentation des carburants et donne des exemples : en ce qui concerne l’essence, on passe de 2,5 ct sur le litre à 6,9 ct, pour le diesel, on passe de 3,5 ct à 8,4 ct (ces deux montants sont à lire hors TVA, puisque la taxe CO2 sera aussi soumise à la TVA) au 1er janvier 2021. « Il est déjà prévu d’augmenter ces montants encore en 2022, puis en 2023 », ajoute l’OGBL.

Nul doute que cette manœuvre va faire des émois : c’est le pouvoir d’achat concret des salariés qui va être amputé.

Hubert Gamelon