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Luxembourg : les pirates repartent à l’abordage


Très critiqué en interne, le député Marc Goergen a été réélu à l'unanimité coordinateur du parti, samedi (Photo : Anne Lommel).

Les querelles en interne semblent faire partie du passé. Samedi, le Parti pirate a voulu envoyer un message d’unité à l’occasion de son congrès. Contesté, le député Marc Goergen a été confirmé comme coordinateur.10.

Le 7 décembre dernier, le Parti pirate a célébré en grande pompe son 10e anniversaire. Pour l’occasion, les responsables avaient invité à une soirée sur le M. S. Marie-Astrid, le bateau phare de la navigation sur la Moselle. Cette soirée avait permis de retrouver un brin de sérénité après une période plus mouvementée. Alors que le calme semblait revenir dans les rangs des pirates, le rapport de la Cour des comptes sur le financement des partis, présenté le 13 janvier, a toutefois jeté un nouveau pavé dans la mare. Les pirates, représentés depuis octobre 2018 à la Chambre des députés, se sont fait taper sur les doigts en raison d’une comptabilité qui fait désordre. Un chapitre conséquent a été consacré au parti qui a profité d’une publicité gratuite, à son insu selon lui, et d’un don d’un de ses membres, Daniel Frères, sans respecter une certaine procédure comptable.

Malgré tout cela, le congrès des pirates, qui s’est tenu samedi à Luxembourg, s’est déroulé dans le calme. Il a même été expéditif. Les douze points figurant à l’ordre du jour ont été évacués en moins d’une heure. La petite trentaine de membres présents, dont Daniel Frères, ne se sont pas attardés, ni sur l’adoption de statuts revus et corrigés ni sur l’élection d’un nouveau coordinateur du parti.
«On a trouvé pour de bon nos marques à la Chambre», s’est félicité le député Marc Goergen. Personne ne voyait venir l’abordage des pirates aux élections législatives d’octobre 2018. Près de 15 mois plus tard, Marc Goergen et son collègue Sven Clement ont introduit 20 motions et six propositions de loi, sans compter la ribambelle de questions parlementaires adressées au gouvernement. «On n’est pas prêts à laisser faire les partis établis», souligne Marc Goergen.
Il est à noter que la très contestée union temporaire et technique avec l’ADR n’a pas été évoquée samedi. Depuis le début de l’année, le divorce est acté grâce à l’augmentation des moyens financiers attribués aux partis siégeant au Parlement.

«Une politique qui repose sur un conte de fées»

Somme toute, le Parti pirate a voulu lancer, à l’occasion de son congrès, un message d’unité. Les turbulences de ces derniers mois feraient désormais partie du passé, ont clamé les responsables du parti, emmenés par les porte-paroles Marie-Paule Dondelinger et Starsky Flor. Les pirates se disent prêts à repartir à l’abordage en vue des élections communales et législatives, toutes deux prévues en 2023. Un des objectifs sera de se renforcer dans les quatre circonscriptions électorales, et plus particulièrement dans le Centre et le Nord.

Marc Goergen va continuer au moins encore dans les 12 ou même 24 mois à accompagner son parti sur ce chemin en étant un des fers de lance. Très critiqué à un moment, le député a accepté de prolonger son mandat comme coordinateur. «Il n’a pas été facile de prendre cette décision», avoue-t-il. Mais faute de concurrence, il s’est représenté samedi et il a même été élu à l’unanimité.

Fort de ce résultat, Marc Goergen ne s’est pas prié de fustiger le gouvernement. La politique menée par le DP, le LSAP et déi gréng serait trop attentiste. Les véritables priorités des citoyens ne seraient pas reconnues. «Il s’agit d’une politique qui repose sur un conte de fées», lance le député. Logement, fiscalité et climat ont notamment constitué les points d’attaque, samedi. «Ils sont attentistes lorsqu’il s’agit de lutter contre les inégalités et la pauvreté qui ne cessent d’augmenter. Or ils sont rapides pour taxer les gens», insiste Marc Goergen, en citant la hausse des accises sur le carburant.
À l’avenir, les deux députés du Parti pirate ne comptent pas se contenter de travailler seuls sur différents dossiers. La plateforme «Fro.lu», permettant à tout un chacun de poser des questions à Sven Clement et Marc Goergen, est déjà en place. Samedi a aussi été décidée la mise en place de groupes de travail. «On est prêts à grandir encore», conclut la coporte-parole Marie-Paule Dondelinger.

David Marques