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Luxembourg : l’électrique, c’est fantastique


D'autres bornes Super Chargy vont être installées à travers le pays, à l'image de celle-ci située sur le parking de l'Uni au campus Kirchberg (photo d'archives : Fabrizio Pizzolante).

Le gouvernement s’est doté d’outils pour favoriser l’électromobilité et atteindre ses objectifs en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. La transition concerne la moitié du parc automobile.

N’en déplaise aux amateurs de moteurs thermiques, d’ici 2030, la part de l’électromobilité dans le parc automobile luxembourgeois sera de 49 %. Du moins, c’est l’objectif que s’est fixé le gouvernement en réponse aux mesures prévues par la loi de 2020 sur le climat, à celles du plan national intégré en matière d’énergie et de climat ainsi qu’au green deal européen. Il n’a pas fallu moins de trois ministres (Carole Dieschbourg, François Bausch et Claude Turmes) pour énumérer et expliquer les mesures prévues dans le cadre de l’initiative «Stroum beweegt – Elektresch an d’Zukunft» (l’électricité met en mouvement – vers l’avenir de manière électrique) lancée mercredi. Il s’agit de réduire les émissions de gaz à effets de serre du Luxembourg de 7,8 tonnes en 2020 à 4,6 tonnes d’ici neuf ans. Or 67 % de ces émissions proviennent du domaine des transports. Des mécanismes doivent donc être mis en place pour coller aux objectifs européens et atteindre le but commun de la réduction de 90 % des émissions de gaz à effets de serre dans le secteur des transports en 2050.

Le recours aux transports publics ou à la mobilité douce ne sont pas les seuls leviers à actionner. Les moyens de transport électriques commencent de plus en plus à séduire les résidents luxembourgeois au vu des ventes réalisées lors de la dernière édition de l’Autofestival. Le gouvernement a passé la seconde. De nouveaux subsides à l’achat, s’échelonnant de 8 000 à 600 euros, sont d’application dès aujourd’hui pour les voitures électriques ou hybrides et les deux-roues. Grâce notamment aux subsides alloués jusqu’à présent par l’État, elles représentaient 11,4 % des ventes de voitures neuves en 2020 et 2,4 % du parc automobile luxembourgeois, soit 10 572 voitures. «Ces motorisations ne sont plus des produits de niche dédiés à des fous d’écologie, mais elles se popularisent notamment parce que leur gamme de modèles et de prix s’étoffent de plus en plus et se démocratisent», note François Bausch, ministre de la Mobilité et des Travaux publics, «Elles ne sont plus uniquement des produits de luxe. Cela nous permet d’atteindre plus facilement la majeure partie de la population.»

Encore faut-il parvenir à convaincre les citoyens de changer leurs habitudes et les rassurer. Faire éclater les contre-vérités qui circulent avec myenergy et densifier le réseau de chargeurs participent de cette mise en confiance. Actuellement, 500 bornes Chargy et ChargyOK sont opérationnelles, ce qui correspond à 1 000 emplacements de charge dans 100 des 102 communes luxembourgeoises. En tout, 88 bornes ultra-rapides SuperChargy seront installées dans les deux années à venir, notamment sur les aires d’autoroutes et les P&R. Avec 27,3 points de charge pour 100 kilomètres de voirie, le Luxembourg se classait, en 2018, deuxième de la classe en matière de densité de son réseau derrière les Pays-Bas (29,3) et devant la Belgique (21,6) et l’Allemagne (7,5).

2 000 bornes chez des particuliers

Les infrastructures ne doivent plus être un frein à l’électromobilité. C’est pourquoi le gouvernement ne s’arrête pas en si bonne route. «Lors de la construction de nouveaux bâtiments, un prétubage ou un précablage sont obligatoires au Luxembourg en vue de l’installation de bornes de recharge électrique à domicile et une loi en cours d’élaboration quant aux normes des bâtiments prévoit l’obligation d’installation d’un tableau de fusibles pour connecter les bornes», indique Claude Turmes, ministre de l’Énergie. Plus de 2 000 bornes ont déjà été installées chez des particuliers.

Ces derniers ne sont pas les seuls à qui un effort est demandé pour atteindre les objectifs de décarbonisation. Les entreprises de transport de personnes et de biens sont également sollicitées à revoir leurs flottes de véhicules. À l’image des bus du réseau RGTR dont, d’ici 2025, la moitié des trajets se fera en mode électrique et l’intégralité cinq ans plus tard. Ou de la flotte de l’État qui va également être électrifiée. «Nous sommes en cours d’élaboration d’un système de subsides adapté aux entreprises, poursuit le ministre. Nous avons besoin d’un vaste consensus de la part de la société en matière d’électromobilité.»

D’où l’initiative «Stroum beweegt» qui allie mesures de promotion et collaboration entre acteurs publics et privés autour d’une charte et d’un nouveau label, le tout regroupé sur un site internet. «Une plateforme d’échange interagit avec trois groupes de travail (infrastructures, marché automobile et gestion de flotte), explique Claude Turmes. Les parties prenantes signeront une charte dans laquelle elles s’engagent à unir leurs forces en faveur de l’électromobilité, de la protection climatique, de la qualité de l’air et des nuisances sonores dues à la circulation.» La signature de la charte débouche sur l’obtention d’un label. Vingt acteurs du secteur des transports l’ont déjà obtenu. Ils pourront l’afficher sur leurs véhicules et sur les bornes.

Les personnes et entreprises souhaitant rejoindre le mouvement à leur niveau trouveront toutes les informations nécessaires en ligne sur stroumbeweegt.lu.

Sophie Kieffer