Le nouvel Observatoire de l’égalité va centraliser et analyser les données concernant l’égalité entre les sexes au Luxembourg, afin d’avoir une vision globale de la situation.
Au lendemain de la journée internationale des Droits des femmes, la ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Taina Bofferding, a présenté le nouvel Observatoire de l’égalité. Grâce aux données qu’il va rassembler, suivre et analyser, cet organisme, qui avait été lancé en 2019 dans le cadre du Plan d’action national pour une égalité entre les femmes et les hommes, va permettre de suivre l’évolution de l’égalité entre les sexes au Luxembourg.
Ces données objectives permettront ensuite de développer des stratégies politiques, mais aussi de soutenir les professionnels du terrain, en leur fournissant une vue d’ensemble chiffrée, qui manque actuellement cruellement au Grand-Duché. «Assurer l’égalité des droits, c’est aussi connaître la réalité sur le terrain et identifier les écarts. Ce nouvel observatoire est un outil important pour établir une société plus égalitaire et plus inclusive», a déclaré la ministre au cours de la présentation.
Sept domaines seront concernés par ce suivi : la violence domestique, l’emploi, la prise de décision, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, l’éducation, le revenu et enfin la santé. Si l’observatoire a déjà commencé à se pencher sur les domaines relatifs à la violence domestique et à l’emploi (dont on peut retrouver de nombreux relevés sur le site https://observatoire-egalite.lu/), les autres domaines seront implémentés au fur et à mesure, jusqu’en 2023.
Les différents indicateurs qui permettront de prendre en compte des données pertinentes seront aussi affinés et complétés en fonction des statistiques disponibles auprès des autres organisations (Statec, Eurostat…), des besoins et des problématiques rencontrées sur le terrain (par exemple, la prise en compte, en plus du sexe, de l’âge, de la religion, du niveau d’études, etc.). «Il s’agit de fournir progressivement une vue d’ensemble sur l’égalité entre les sexes au Luxembourg», a précisé Taina Bofferding.
Violence domestique
et emploi
Ainsi, pour obtenir des indications au sujet de la violence domestique, sujet prioritaire de l’Égalité avec celui de l’emploi, deux domaines d’autant plus critiques en cette période de pandémie ponctuée par des confinements, l’observatoire prend notamment en compte les données liées aux interventions policières, les infractions enregistrées, le nombre d’auteurs de violence domestique expulsés, le nombre de ceux pris en charge par le service d’aide aux auteurs de violence… Une bonne coopération avec les différentes organisations, comme dans ce cas avec la police, le parquet, Femmes en détresse, InfoMann, etc., est donc indispensable.
«Le volet de la violence domestique a été mis en avant pour rassembler et renforcer les statistiques disponibles. Avoir plus de chiffres qui correspondent à la réalité augmente la transparence autour de ce fléau sociétal. Associer le plus d’acteurs au projet pour recevoir un maximum de données est un grand pas en avant», s’est réjouie la ministre.
Quant au domaine de l’emploi, le personnel de l’observatoire a commencé à l’évaluer, entre autres, en fonction de la situation globale des femmes et des hommes sur le marché du travail, le temps de travail, le type de contrat, la ségrégation, le chômage ou encore les salaires. Une analyse assurément importante dans le contexte actuel de la crise, les femmes étant majoritaires dans les métiers de la santé et de l’action sociale, en première ligne face à la pandémie. Le recours au télétravail pour d’autres pourrait aussi signifier un déséquilibre plus marqué que chez les hommes entre vie professionnelle et vie personnelle, ce que devront déterminer les chiffres.
La création de cet Observatoire de l’égalité a été vivement saluée par Carlien Scheele, la directrice de l’Institut européen pour l’égalité entre les sexes (EIGE), institut dont s’inspire l’observatoire. Via un message audiovisuel, Carlien Scheele a félicité le Luxembourg d’avoir mis en place «son propre outil national pour mesurer l’égalité» et a assuré de la coopération de l’EIGE pour perfectionner l’observatoire. «Évaluer sur la base de données fiables et correctes l’état d’avancement de l’égalité dans les États membres de l’UE est indispensable pour inciter la politique à agir dans les domaines pour lesquels il y a urgence à agir», a-t-elle souligné.
Tatiana Salvan