En à peine 48 heures d’enseignement à distance au Grand-Duché, les petites anecdotes, heureuses ou malheureuses, ont montré que rien ne remplace l’école.
En à peine 48 heures d’enseignement à distance, les petites et grandes histoires viennent démontrer combien l’école en présentiel est importante pour préserver l’égalité des chances, en premier lieu, et empêcher les parents de sombrer dans le désespoir comme ce papa croisé à la caisse d’un supermarché. Il essayait de comprendre pourquoi l’enseigne avait barré l’accès aux cartouches d’encre pour imprimantes, jugées produits non essentiels selon la petite affiche flanquée sur le rayon.
«On a une centaine de pages à imprimer pour toute la semaine de cours à la maison et on vient me dire que les cartouches d’encre ne sont pas essentielles?», s’insurge-t-il en ménageant toutefois la caissière qui n’est certainement pas à l’origine de cette décision et qui d’ailleurs lui donne raison. La tonne de devoirs, ça l’énerve déjà beaucoup mais ce genre de problème en plus, c’est trop. «Vivement que l’école reprenne!», lâche-t-il dans un soupir.
Ces petits soucis ne sont rien en comparaison à la détresse de certains parents complètement impuissants à aider leurs enfants alphabétiser en allemand, une langue qui leur est étrangère. Parfois, à la barrière de la langue s’ajoutent aussi des lacunes consécutives à une scolarisation trop vite abrégée.
Cette maman d’un petit Samuel de 7 ans raconte quelques épisodes croustillants d’une matinée d’école à la maison. «On passe du rire aux larmes», assure-t-elle. Quand des parents tentent d’expliquer à l’enseignant que la connexion est mauvaise parce qu’il y a des travaux dans la rue, il y a toujours la parole de leur enfant pour avouer qu’il se trouve en vacances à la montagne et qu’il y a beaucoup de neige dehors. «Forcément, tout le monde rigole», raconte cette maman. Il semblerait que cette semaine d’enseignement à distance à la suite des vacances de Noël ait servi à prolonger des séjours à l’étranger.
Pendant que certains se prélassaient à Dubai avec leurs progénitures, des parents bataillaient avec un gros paquet de devoirs en espérant de tout cœur que l’école reprenne le plus vite possible.
Ce sera chose faite dès lundi mais mercredi matin, ces parents que nous avons interrogés ne le savaient pas encore. «Il faut faire des restrictions ailleurs, mais permettre aux enfants de fréquenter l’école, c’est capital pour eux», estime la maman du petit Samuel. Elle n’a aucune difficulté à endosser le rôle d’institutrice pour une courte période mais a compris combien les enfants avaient besoin de se voir.
Des enseignants disponibles
«Il y a eu cette petite fille de la classe de Samuel qui a demandé à la maîtresse si l’école allait reprendre bientôt parce qu’elle a avoué aimer sa maîtresse et l’école alors forcément tout le monde est ému aux larmes», raconte la maman qui retient toutes ces petites histoires qui marquent une matinée de cours par visioconférence avec les micros branchés.
Elle témoigne aussi de la disponibilité des enseignants du fondamental pour aider particulièrement les élèves qui en ont le plus besoin, ceux qui se retrouvent seuls sans pouvoir compter sur leurs parents. «Ceux-là retiennent toute l’attention des enseignants comme on peut le constater durant les deux heures de cours en commun par internet», assure-t-elle.
Mais cela ne remplace pas les cours en présentiel. «Moi je préfère l’école», dit le petit Samuel. Quand il voit ses copains à l’écran son premier réflexe est de demander qui joue au foot à la récré… «À l’école on peut jouer ensemble, à la maison on ne peut pas», regrette-t-il. Pour lui, tout est dit.
Avec l’école qui reprend la semaine prochaine, c’est le retour d’une autre source de stress qui s’annonce. «Les trois dernières semaines avant les vacances ont été particulièrement éprouvantes parce que mes deux enfants ont été à tour de rôle placés en quarantaine à cause de cas positifs relevés dans la classe», témoigne encore la maman de Samuel.
Cela signifie toujours attendre 6 jours avant d’aller se faire tester. Toute la famille a déjà passé une demi-douzaine de tests en 6 mois. «C’est un moindre mal quand on sait combien l’école peut manquer à de nombreux enfants et je ne peux que comparer avec la classe de mon fils aîné de 7 ans», conclut la maman de Samuel.
Quant au père à la caisse du supermarché, qu’il se rassure. Les cartouches d’encre seront à nouveau en vente la semaine prochaine.
Geneviève Montaigu