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Luxembourg : le Covid n’a pas trop freiné les CFL


Les responsables des CFL enregistrent une nette reprise de l’activité en cette première moitié de l’année 2021. Si le nombre de voyageurs devrait dépasser les 14,5 millions de 2020, un nouveau record semble improbable. (photo Didier Sylvestre)

Malgré une nette baisse du nombre de passagers et du résultat financier, les CFL ont réussi à limiter la casse lors de l’année 2020, perturbée par la pandémie de coronavirus. Les investissements record se poursuivent.

Les Chemins de fer luxembourgeois (CFL), qui fêtent en 2021 leur 75e anniversaire, ont connu une année 2020 hors du commun. Non pas en raison de nouveaux records, comme en 2019, mais bien en raison de la pandémie de coronavirus. Si les trains et bus ont continué à circuler même en période de confinement, l’entreprise a été «fortement impactée par le Covid», comme le souligne Jeannot Waringo, le président du conseil d’administration. «Mais en fin de compte, il n’est pas étonnant de constater que notre personnel s’est adapté à la situation pour continuer à assurer ses tâches. Les CFL ont fonctionné», reprend aussitôt l’ancien haut fonctionnaire. La «stabilité» aurait permis de clôturer l’année de crise 2020 avec un bien meilleur résultat que d’autres sociétés de chemins de fer européennes.

Ces dernières années, les CFL ont signé un record après l’autre en termes de voyageurs. En 2019, 25 millions de personnes ont voyagé sur les six lignes que compte le réseau ferré luxembourgeois. Sans surprise, le confinement a laissé des traces. En 2020, les CFL n’ont accueilli plus que 14,5 millions de voyageurs. «Il s’agit d’une baisse de 42% par rapport à l’année précédente. Notre objectif de continuer à proposer un service de qualité a néanmoins été atteint», développe Marc Wengler.

La ponctualité augmente à 94,5%

L’effet positif de cette baisse de fréquentation est une amélioration du taux de ponctualité, passé en 2020 à 94,5% (90% en 2019). Il est à noter qu’un train est considéré être «à l’heure» s’il accuse un retard inférieur à 6 minutes à l’arrivée. «La baisse de fréquentation a eu une influence sur le trafic ferroviaire. Or nous avons aussi pris une série d’initiatives pour désengorger le réseau. En janvier et février 2020, donc avant le confinement, le taux de ponctualité affichait déjà 92,7%», explique le directeur général. La voie supplémentaire qui est entrée en service à la gare de Luxembourg et le dédoublement du viaduc à la sortie de la capitale auraient contribué à améliorer la ponctualité. «Cela nous encourage à poursuivre nos investissements», enchaîne Marc Wengler. Les budgets investis dans le rail restent à un niveau élevé : 259,5 millions d’euros en 2020, 303,7 millions d’euros en 2021 et 336,3 millions d’euros en 2023.

L’État luxembourgeois est l’actionnaire majoritaire (94%) du groupe CFL, qui compte 22 filiales et désormais près de 4 850 collaborateurs (+310 en 2020). Avec un secteur du fret resté à l’équilibre (lire encadré), l’année 2020 a pu être clôturée avec un bénéfice net de 4,6 millions d’euros. En 2019, un résultat positif de 17,8 millions d’euros avait encore été enregistré. «Ce résultat record est dû à une transaction immobilière qui fait figure d’exception. En déduisant cette plus-value, le bénéfice de 2019 s’est élevé à 5,3 millions d’euros», précise Jeannot Waringo.

La volonté d’être à l’écoute des clients

L’introduction de la gratuité des transports publics n’a pas empêché les CFL d’augmenter leur chiffre d’affaires de 910,5 millions d’euros en 2019 à 915,8 millions d’euros en 2020. Les recettes provenant de la vente de billets et d’abonnements sont cependant passées de 23 millions d’euros à 4,5 millions d’euros.

La qualité du service demeure la préoccupation majeure des CFL, qui veulent de manière renforcée être à l’écoute des clients. Une meilleure information en cas de perturbations figure parmi les points à améliorer. En parallèle, toutes les gares et tous les arrêts seront équipés d’ici la fin de l’année de tableaux d’affichage fonctionnant en temps réel. En 2022, le réseau de gare sera complètement équipé avec le wifi.

David Marques

Le transport combiné fait recette

Le confinement décrété au printemps 2020, avec à la clé une mise à l’arrêt ou le ralentissement de l’économie, est venu perturber les activités fret des CFL. Grâce à la réactivité du personnel et des responsables, les répercussions de la pandémie sont toutefois restées limitées. Mieux : la filiale «CFL Fret» a généré un chiffre d’affaires de 234,4 millions d’euros (248,9 millions d’euros en 2019) avec à la clé un bénéfice net de 0,8 million d’euros. «Ce n’est que pour la troisième fois après 2016 et 2019 que notre filiale fret se trouve à l’équilibre», se félicite le directeur général des CFL, Marc Wengler.

De nouveaux clients ont été démarchés courant 2020 et de nouvelles destinations ont été ajoutées au réseau desservi à partir du terminal multimodal de Bettembourg-Dudelange. Miser sur le transport combiné (route-rail) s’avère payant pour les CFL. Le port de Rostock est après celui de Kiel le second port allemand qui est desservi à partir du Luxembourg. Le nouveau train vers Poznan (Pologne) va reprendre du service. Vers le Sud, les CFL continuent à desservir Lyon. Sur cet axe vers la France, ce sont près de 20 000 camions par an qui peuvent être transférés de la route vers le rail, soit une économie potentielle de 30 000 tonnes de CO2.

D.M.