La campagne des tests à grande échelle est prolongée jusqu’au 15 juillet. L’objectif demeure de détecter les potentiels super-contaminateurs, briser les chaînes d’infection et sortir du confinement.
Déployée depuis le 27 mai, la campagne de testing à grande échelle (LST) a permis d’éviter des milliers d’infections au coronavirus. Les résultats scientifiques de la première phase sont désormais connus et ont fait l’objet d’une publication dans la très réputée revue scientifique The Lancet. La modélisation établie par la task force Covid-19 vient à la conclusion que sans le LST, le nombre de contaminations survenues entre mai et septembre aurait été de 43 % plus élevé. En chiffres absolus, cela représente quelque 1 800 infections. Le testing de la moitié de la population a permis de détecter 26 % de cas asymptomatiques (environ 1 080 infections). De plus, 46 % d’hospitalisations supplémentaires en soins intensifs ont pu être évitées. «Le LST a permis de briser la dynamique pandémique», conclut le Prof Dr Paul Wilmes, le porte-parole de la task force Covid-19.
Entre le 7 septembre et le 7 mars, plus de 800 000 tests supplémentaires ont été réalisés. Trois quarts (76 %) de la capacité des tests a été exploitée. La campagne a permis d’identifier 6 850 infections de personnes asymptomatiques, soit tous des super-contaminateurs potentiels. Leurs contacts étroits ont pu être prévenus et placés en quarantaine. «Le traçage reste primordial pour briser les chaînes d’infections», rappelle la ministre de la Santé, Paulette Lenert.
Le soutien de la Chambre en recul
La décision de prolonger les tests à grande échelle jusqu’au 15 juillet, et si besoin jusqu’au 15 septembre, n’est cependant plus appuyée par une large majorité de la Chambre des députés. La double enveloppe budgétaire de 42,38 millions d’euros et de 62,24 millions d’euros n’a été validée que par les 31 députés de la coalition gouvernementale (DP, LSAP, déi gréng) ainsi que les 2 élus du Parti pirate. Le CSV (21 élus) et déi Lénk (2 élus) se sont abstenus. L’ADR (4 élus) a voté contre.
Plus que jamais, le gouvernement compte néanmoins miser sur le testing pour permettre au Luxembourg de sortir progressivement du confinement partiel, décrété depuis novembre dernier. «Nous espérons que l’actuelle stabilité sur le front sanitaire se confirme», avance la ministre Lenert. À côté de la vaccination (lire en page 3), le LST tout comme les tests rapides (lire ci-dessous) seront des facteurs clés pour éviter une troisième vague d’infections. «Les tests à large échelle nous permettent de garder une vue globale sur la propagation du virus. Il est important de continuer à collecter des données afin de pouvoir prendre des décisions en connaissance de cause», souligne Paulette Lenert.
Le seuil de 150 cas est viable
Le LST permet plus particulièrement de détecter et circonscrire des foyers d’infections. Selon le Pr Dr Wilmes, un seuil de 150 cas positifs par 100 000 habitants sur 7 jours nécessite le déclenchement d’un dépistage ciblé, par exemple dans un canton ou un secteur d’activités précis. «La discussion et la définition de seuils autour de nous me dérangent, car ils sont fixés sans reposer sur des données empiriques», détaille le porte-parole de la task force. L’Allemagne, qui teste sept fois moins que le Grand-Duché, a arrêté le seuil de 50 pour déconfiner. Actuellement, le taux d’incidence du Luxembourg est de 190 cas par 100 000 habitants sur 7 jours. Grâce aux enseignements du LST, la marge pour agir serait plus importante, estime Paul Wilmes.
D’ici début avril, le Luxembourg devrait savoir si la combinaison entre vaccination et testing permettra un retour vers un peu plus de normalité.
David Marques
Tests rapides, le mode d’emploi
TEST PCR Les frottis en gorge (LST) ou nasopharyngé (tests sur ordonnance) gardent la priorité absolue pour tester les personnes symptomatiques, les personnes ayant eu un contact à risque (sortie de quarantaine) et les personnes asymptomatiques. Le résultat est en principe connu endéans 24 heures.
TEST RAPIDE NASOPHARYNGÉ Seules les personnes habilitées peuvent réaliser ces tests. Néanmoins, toute personne peut suivre l’obligatoire formation en ligne (covid-test-ag.lu). Vu la complexité de ces tests, les autorités sanitaires recommandent toutefois de faire réaliser un tel test nasopharyngé par un professionnel de santé. Le résultat est connu endéans 15 à 30 minutes. En cas de test positif, un test PCR doit être réalisé.
TEST RAPIDE EN PHARMACIE Il est prévu que des tests (nasopharyngé ou nasal) soient réalisés par des pharmaciens. La logistique reste à préciser. Ce test donne lieu à un certificat de test officiel.
AUTOTESTS La Santé mise en priorité sur le test nasal, plus simple d’usage que le test nasopharyngé, qui sera vendu à grande échelle. Aucune formation spéciale n’est requise. Il en va de même pour le test salivaire. Le résultat est connu endéans 15 à 30 minutes. Il est recommandé d’utiliser un autotest dans les maisons de soins, le sport, la culture, les écoles, dans les entreprises et à domicile.
Une «inquiétante» hausse des décès
Entre le 1er et le 9 mars, 32 décès liés au coronavirus ont été enregistrés. La moyenne d’âge des individus concernés était de 85 ans. La ministre de la Santé, Paulette Lenert, évoque une hausse «inquiétante» qui mérite une analyse plus approfondie.
Sur les 32 victimes, 24 sont décédées à l’hôpital. Le décompte établi par le ministère indique que 9 personnes mortes des suites de leur infection étaient déjà hospitalisées. Les 15 autres victimes ont été hospitalisés sur décision d’un réseau de soins (8 patients) ou d’une structure pour personnes âgées (7 patients). Les 8 autres décès ont eu lieu dans une maison de soins ou de repos.
«Il s’agit d’une situation tragique. Ces décès surviennent alors que la vaccination dans les structures étaient quasiment achevée», doit admettre Paulette Lenert. Les deux récents foyers d’infections qui se sont déclarés dans le CIPA «Sainte Elisabeth am Park» (Luxembourg) et le CIPA «Um Lauterbann» (Niederkorn) sont un des facteurs qui peuvent avoir provoqué cette augmentation des décès. «Il reste à clarifier s’il existe aussi un lien avec les variants du virus», ajoute la ministre de la Santé.