La Chambre des députés a validé en un temps record les nouvelles mesures pour mieux endiguer la recrudescence du coronavirus. La bulle sociale est réduite à 10 personnes et les sanctions sont renforcées.
On prend les mêmes et on recommence. Pile une semaine après l’adoption de la deuxième loi Covid, les députés se sont retrouvés jeudi pour valider les amendements annoncés dimanche par le gouvernement. Le soutien apporté au renforcement de l’arsenal anti-Covid a été plus important qu’une semaine plus tôt. Les 31 députés de la majorité (DP, LSAP, déi gréng) ont été rejoints par les deux élus du Parti pirate pour valider le texte. Le non des 21 députés du CSV s’est transformé en abstention. Il en va de même pour déi Lénk et ses deux élus. Seuls les quatre représentants de l’ADR ont voté contre la troisième version de la loi Covid.
«Personne ne peut exclure de nouvelles mesures»
La réduction de la bulle sociale de 20 à 10 personnes dans la sphère privée et en public, l’introduction de sanctions plus sévères à l’égard des exploitants de cafés et restaurants et, enfin, l’arrivée de sanctions pour le non-respect de l’isolement ou de la quarantaine (lire ci-contre) devraient être les dernières mesures venant compléter le cadre légal pour mieux endiguer la recrudescence du Covid-19 au Luxembourg. En principe, la loi restera en vigueur jusqu’au 30 septembre.
«Par endroits, la force de frappe fait défaut. Les mesures seront-elles vraiment suffisantes pour réduire les infections ?», s’interroge toutefois le pirate Sven Clement. «Nous sommes aujourd’hui convaincus que les mesures prises sont les bonnes. Il n’existe toutefois aucune garantie. Personne ne peut exclure le fait que d’autres mesures puissent devenir nécessaires», admet la ministre de la Santé, Paulette Lenert, épargnée cette fois par les critiques virulentes en provenance des bancs de l’opposition. Cela n’a pas empêché les différents intervenants de formuler une série de remarques et de bémols.
Le manque de cohérence du texte a demeuré le principal point d’attaque. «Certaines mesures reprises dans la loi rejoignent des revendications que le CSV formule depuis des semaines. Enfin, on a droit à des règles claires pour les rassemblements à la maison», martèlera ainsi le député chrétien-social Claude Wiseler. Malgré les améliorations, «la loi est tout sauf complète». Le principal parti d’opposition dit toutefois soutenir les mesures prises, sans remettre une nouvelle fois en question d’autres incohérences.
La proportionnalité des mesures validées jeudi n’a par contre pas été contestée. Seule exception : l’ADR et son député Jeff Engelen. «En renforçant les restrictions, nous confirmons aux autres pays que le Luxembourg est bien une zone à risque», fait-il remarquer. Le retour tardif à une bulle sociale plus réduite «surprend» Marc Baum (déi Lénk). Il ne remet cependant pas en cause la nécessité de la restriction. La précipitation pour faire voter la loi endéans trois jours dérange bien plus l’élu eschois. «Il s’agit d’un travail manquant de sérieux et qui est source d’erreurs», commente-t-il.
Pour illustrer ses propos, Marc Baum renvoie vers une incohérence en ce qui concerne la date limite pour ordonner un isolement ou une quarantaine : «Le confinement est limité à trois mois après la fin de l’état de crise. Cela nous amène au 24 septembre alors que le texte en vigueur est d’application jusqu’au 30 septembre. En tenant compte de la durée maximale d’un isolement, fixée à 6 semaines, on risque de n’avoir plus aucune base légale dès le 12 août.» La ministre de la Santé confirme que «le travail en urgence peut manquer de précision. S’il existe des problèmes, il nous faudra au plus vite trouver des solutions.» Pour la suite, le camp des pirates souhaite toutefois un peu plus de sérieux «même si le temps est un luxe».
Une large campagne de sensibilisation
En attendant, les restrictions qui entreront en vigueur samedi doivent contrer «le faux sentiment de sécurité» qui s’est fait ressentir parmi la population, souligne Gilles Baum (DP). «Le bon remède au développement de problèmes mentaux est de rencontrer des amis», ajoute Josée Lorsché (déi gréng). La «piqûre de rappel» annoncée par Paulette Lenert est donc d’autant plus urgente. «Le non-respect des gestes barrières dans les contextes les plus banals mène à la propagation du virus», rappelle la ministre de la Santé.
Pour enfoncer le clou, une nouvelle campagne d’information et de sensibilisation sera lancée. «Si nous voulons faire respecter les mesures de précaution, il faut réussir à atteindre toutes les couches de la société, indépendamment de leur langue», insiste Mars Di Bartolomeo (LSAP). Les communes, les associations et le patronat seront inclus dans cette campagne.
David Marques
EN PRIVÉ. Dès samedi, il sera interdit d’accueillir plus de 10 invités à la maison ou dans le cadre d’événements à caractère privé. À l’intérieur de cette bulle (membres du ménage plus invités), le respect des gestes barrières, la distanciation sociale en tête, est fortement recommandé.
EN PUBLIC. Les rassemblements en public (voie publique, places, parcs, etc.) sont limités à 10 personnes. Il existe toutefois une exception : tout rassemblement de plus de 10 personnes est soumis à des obligations (places assises, distance minimale de 2 mètres ou, à défaut, port du masque).
HORECA. Les règles de base ne changent pas : distance de 1,5 mètre entre les tables, limitation de 10 personnes par table, service et consommation obligatoires à table, port du masque en cas de déplacement (entrée, sortie, toilettes), port du masque pour le personnel et fermeture à minuit.
Le client récalcitrant peut écoper d’une amende de 145 euros. L’exploitant qui ne respecte pas les règles risque lui une amende de 4 000 euros. En cas de récidive, l’amende est doublée à 8 000 euros. Désormais, il risque également de se voir retirer l’autorisation de commerce pour 3 mois. Il pourra aussi être privé des aides publiques déjà accordées.
PORT DU MASQUE. La protection buccale est toujours obligatoire dans les transports publics et dans tous les lieux accueillant du public (commerces, administrations, etc.).
SPORT. La pratique de toutes les disciplines, sports de contact inclus, est autorisée. Les spectateurs peuvent assister aux compétitions à condition de respecter une distance de 2 mètres ou de porter un masque.
ISOLEMENT ET QUARANTAINE. Une personne testée positive au Covid-19 ainsi que ses contacts étroits, identifiés comme porteurs potentiels du virus, sont obligés de respecter un isolement (14 jours) ou une quarantaine (jusqu’à 7 jours). Le non-respect de la mesure pourra désormais être sanctionné par une amende de 145 euros.
D. M.