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Sécheresse : l’agriculture est «inquiète»


Fernand Etgen (à dr.), comme de nombreux agriculteurs, estime que "s'il ne pleut pas au cours des deux-trois prochaines semaines, certaines récoltes seront compromises." (Photo : Didier Sylvestre)

Certaines récoltes pourraient être affectées par les fortes chaleurs et le manque de pluie actuel et à venir. Sur le terrain, les agriculteurs, et particulièrement les maraîchers et les éleveurs, scrutent le ciel.

L’agriculture est le secteur le plus dépendant des conditions climatiques.» Ce constat est signé Fernand Etgen (DP). Lundi, le ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et de la Protection des consommateurs a avoué être «inquiet» pour certaines récoltes. «Après un hiver bien arrosé et un printemps qui présentait une pluviométrie proche de la moyenne, les intempéries de début juin ont provoqué des dégâts estimés à un demi-million d’euros dans le secteur de l’agriculture, détaille Fernand Etgen.

Depuis la mi-juin, des précipitations significatives n’ont plus été enregistrées. Ce manque d’eau, combiné avec des températures au-dessus de la moyenne et caniculaires la semaine passée, a déclenché un état de sécheresse dans tout le pays.»

Le Dr Andrew Ferrone, le chef du service de la météorologie à l’administration des Services techniques de l’agriculture (ASTA), qui dispose de 32 stations météo dans tout le pays qui donnent des informations en temps réel aux agriculteurs, complète en indiquant que «la plus haute température était de 37°C et a été enregistrée à Roeser jeudi dernier. Mais dans tout le pays, les températures étaient très élevées mercredi et jeudi surtout.»

«On est en alerte rouge»

S’il se «refuse à faire un bilan à ce stade», le ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et de la Protection des consommateurs estime que «s’il ne pleut pas dans les quinze prochains jours, cela pourrait avoir de graves conséquences sur les cultures non encore récoltées», avant de rappeler que «les agriculteurs ont eu la possibilité de conclure des assurances contre la sécheresse et d’autres intempéries avec une contribution étatique».

Basé à Beckerich, Jeff Boonen rapporte que «tout s’est arrêté de pousser». L’agriculteur de 32 ans poursuit : «Le printemps a été très bon, nous avons pu faire trois coupes d’herbe pour nourrir les vaches. Mais là, cela devient plus compliqué. Je suis inquiet pour le maïs. Il ne pousse plus, il y aura des pertes. Il faut absolument qu’il pleuve. Si ce n’est pas le cas d’ici deux à trois semaines, on va devoir ensiler fin août, alors que normalement c’est fin septembre, début octobre. On espère vraiment qu’il va pleuvoir.»

De son côté, Tom Jungblut, maraîcher à Contern, est «en alerte rouge». «On arrose plus pour faire survivre les cultures que pour les récoltes, dit-il. J’arrose la nuit parce que le taux d’évaporation la journée est trop élevé. Cela me coûte entre 300 et 900 euros par jour, alors qu’avec la grêle du début d’année les caisses sont vides. Et, nous les maraîchers, nous ne pouvons pas être assurés contre la sécheresse. Cela devient vraiment compliqué et, pour certains collègues, c’est leur exploitation qui est en danger.» Tous scrutent le ciel et attendent la pluie pour respirer.

Des mesures de précaution

En raison des conditions météorologiques actuelles, l’ensemble des débits de nos cours d’eau se situe bien en dessous de la moyenne des valeurs minimales des dix dernières années. Actuellement, des minima critiques pour la survie des organismes aquatiques sont atteints», a indiqué le ministère de l’Environnement.

La situation sévère d’étiage actuelle dans les cours d’eau conduit l’administration de la Gestion de l’eau à appeler «la population à ne pas prélever de l’eau dans les eaux de surface. Ceci, afin de ne pas compromettre davantage la survie des organismes aquatiques et de ne pas engendrer une dégradation partiellement irréversible de la qualité des eaux de surface».

L’administration de la Gestion de l’eau rappelle également que «de toute façon, le prélèvement d’eau est soumis à autorisation et que pendant les temps d’étiage un prélèvement d’eau dans les eaux de surface, même couvert par une autorisation, est interdit à l’exception de cas spécifiques définis par arrêtés ministériels».

Guillaume Chassaing