Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Les députés auront une grosse semaine pour cette rentrée avec des dossiers qui ont déjà fait couler beaucoup d’encre. Entre satellite militaire et pots de yaourt, les débats en commission seront nourris.
LUXEOSys, le système gouvernemental d’observation par satellite, revient sur le tapis. Le satellite militaire, fournisseur d’images pour les organisations internationales alliées, intéresse toujours la commission de Contrôle de l’exécution budgétaire qui cherche toujours à comprendre comment le projet voté en 2018 a besoin d’une rallonge de 180 millions d’euros pour fonctionner.
Elle a déjà eu des éléments de réponse. Mais lundi c’était le pompon pour les députés de l’opposition qui fustigent depuis le début l’amateurisme du gouvernement dans ce dossier. Leur entrevue avec le chef d’état-major de l’armée, le général Alain Duschène, a apporté de l’eau à leur moulin.
Le général n’a pas été consulté ni associé d’aucune manière à l’élaboration du projet de satellite militaire alors qu’il était initialement convenu que le Herrenberg hébergerait les antennes et le centre de données pour l’exploitation du satellite. Mais le site de la caserne militaire de Diekirch ne possède pas les capacités pour accueillir une telle installation. C’est finalement en Belgique, à Redu, que les antennes seront installées.
Il y avait une autre option : le centre de contrôle devait être hébergé chez SES, mais LuxGovSat lui a tourné le dos. Le gouvernement sera prié de s’en expliquer. En attendant, les députés ont découvert que le chef d’état-major de l’armée a vu débarquer à Diekirch des gens qui venaient inspecter les lieux en vue d’établir des antennes qui étaient déjà prévues dans le projet de loi.
Les députés qui se sont penchés sur le deuxième projet de loi autorisant une rallonge budgétaire au projet satellitaire ne sont pas au bout de leurs peines. Le budget de 170 millions d’euros prévu dans le projet de loi initial comprenait l’acquisition et le lancement d’un satellite permettant l’observation de la Terre par l’équipement d’une caméra à très haute résolution. Il prévoyait aussi la construction d’antennes associées permettant le transfert d’images du satellite vers la Terre, ainsi qu’un centre de contrôle.
Les députés, qui pensaient avoir évacué le dossier en 2018, ont eu la surprise de recevoir un projet de loi visant à augmenter de 180 millions d’euros le montant que le gouvernement était autorisé à dépenser pour le satellite militaire. Le montant total était ainsi passé à 350 millions d’euros, mais il a pu être revu à la baisse pour s’établir maintenant à 309 millions d’euros. La maintenance complète du système n’avait pas été prise en compte dans le projet de loi initial, ni d’ailleurs le fait que l’armée ne possède pas les compétences pour gérer une telle installation, d’où un coût de 67 millions d’euros supplémentaires pour la maintenance.
Et Fage pour finir
La semaine se poursuit pour les députés avec les travaux sur la loi Covid prolongée et complétée pour la commission de la Santé, ce matin. Le ministre Dan Kersch viendra également informer les députés de la situation à ArcelorMittal qui a annoncé la suppression de 570 postes au Luxembourg.
C’est aussi cette semaine que débuteront les travaux sur le régime d’aides en faveur du journalisme professionnel, la très attendue réforme sur l’aide à la presse qui profitera aussi aux médias électroniques.
Les travaux sur la réforme constitutionnelle se poursuivent. Les députés discuteront des propositions portant essentiellement sur l’organisation de l’État, son territoire, ses habitants. Ils se pencheront sur le rôle du chef de l’État, sur la monarchie constitutionnelle et sur le gouvernement.
Enfin, les ministres Franz Fayot et Carole Dieschbourg se présenteront devant les députés à la demande du CSV qui voudrait connaître l’état d’avancement du projet Fage, l’usine de yaourt grec qui doit être construite entre Bettembourg et Dudelange. Ce sera sans doute, avec le projet de satellite militaire, l’autre grand débat qui agitera la Chambre des députés cette semaine.
Geneviève Montaigu
