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Luxembourg : la pétition sur le télétravail sera débattue lundi


Plusieurs fois repoussées, ces dispositions dérogatoires auraient dû prendre fin le 30 septembre. (Photo d'illustration : AFP).

La pétition visant à permettre aux salariés de pouvoir télétravailler régulièrement après la crise sanitaire a largement recueilli les 4 500 signatures nécessaires. Elle sera débattue à la Chambre lundi.

Encore marginal au Luxembourg il y a quelques mois, le télétravail a véritablement explosé avec l’apparition du Covid-19. Gain de temps, diminution du stress lié aux transports, routes luxembourgeoises désengorgées, voire même impact positif sur l’environnement : nombre de salariés ont découvert les avantages du télétravail durant la pandémie de nouveau coronavirus et souhaitent pouvoir disposer de ce droit à travailler de chez soi bien au-delà de la crise sanitaire.
C’est en ce sens que Serge Remy, qui travaille dans le secteur financier, et son épouse Emmanuelle, assistante sociale, ont déposé le 19 avril dernier une pétition à la Chambre (pétition n° 1556). Véritable plébiscite, celle-ci a largement recueilli les signatures nécessaires (5 824 signatures électroniques validées) et sera donc débattue à la Chambre lundi.
«Au départ, on n’avait pas la moindre idée du nombre de signatures qu’on allait recueillir», commente Serge Remy, prêt à être entendu par les députés. «Avant l’arrivée du Covid-19, le télétravail, c’était un peu comme le monstre du Loch Ness : on en avait entendu parler, on connaissait vaguement quelqu’un qui connaissait peut-être quelqu’un dont la belle-sœur faisait du télétravail ! Mais c’était en réalité extrêmement peu implanté au Luxembourg, en raison d’une grande réticence patronale.»

La moitié des salariés

Si le télétravail a connu un essor indéniable ces dernières années, il était en effet encore loin d’être la norme quelques semaines seulement avant le confinement décrété à la mi-mars. D’après le Statec, moins de 20 % des employés y avait ainsi eu recours en 2019, et ce, de façon sporadique et pour de courtes durées (moins de huit heures par semaine).

Mais la pandémie a changé la donne. Le Conseil économique et social (CES) chargé par le ministre du Travail de rédiger un avis sur cette nouvelle forme d’organisation de travail a ainsi établi que 69 % des personnes actives (à l’exclusion des personnes en chômage partiel et celles en congé pour raisons familiales) sont passées au télétravail durant le confinement.

Dans son rapport «Travail et cohésion sociale 2020», le Statec souligne pour sa part, par la voix de son directeur Serge Allegrezza, que 52 % des actifs occupés ont fait du télétravail pendant l’ensemble de la crise sanitaire.
«Finalement, on a prouvé que ce concept fonctionne. Mais pour l’instant, le télétravail reste contraint et s’avère peu souple. Pour ma part, il est dépendant de l’évolution de la crise sanitaire. C’est donc l’occasion de réclamer ce qui a été mis en place à une plus grande échelle», est d’avis Serge Remy.
Le CES a également estimé que près de 200 000 personnes seraient en mesure de télétravailler, ce qui pourrait permettre une diminution de quelque 40 000 allers-retours au Grand-Duché par jour ouvrable.

«Pas une solution miracle»

Pas question pour autant d’exiger de télétravailler à temps complet. Pour Serge Remy, il faut un mélange entre présence en entreprise et travail à domicile en fonction des tâches à effectuer. «Le télétravail ce n’est pas la solution miracle, la réponse à tous les problèmes. C’est compliqué de créer du lien social si on est tout le temps à son domicile. Certes, en termes de productivité et d’échanges, une réunion en visioconférence peut être efficace, mais cela ne vaut pas tout le temps le face-à-face, surtout quand on sait que 80 % de la communication relève du non-verbal. Par contre, pour les tâches administratives ou un peu répétitives, on est mieux chez soi qu’au bureau et on ne perd pas la première demi-heure de sa journée à évacuer le stress d’avoir passé une heure dans les bouchons. En fait, pour certaines tâches, on est plus efficace en télétravail, pour d’autres, moins. Il s’agit de définir lesquelles. Le télétravail est un outil de fonctionnement et d’organisation du travail parmi d’autres.»

Dans sa pétition, Serge Remy demande donc à ce que les salariés puissent avoir la possibilité d’effectuer la moitié de leur temps de travail quotidien ou hebdomadaire depuis chez eux, ou moins, s’ils le souhaitent.

Tatiana Salvan