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Luxembourg : la fin des déchets programmée en 2030


«Pourquoi avoir chacun une perceuse quand on peut l'emprunter?», interroge la ministre pour expliquer le fond de la stratégie basée sur l'économie circulaire (Photo d'archives : Editpress).

Zéro déchet, «Null Offall» en luxembourgeois, déposé dans les décharges municipales à l’objectif 2030, tel est le but de la stratégie présentée hier par Carole Dieschbourg.

«Cette stratégie doit nous amener vers une société dans laquelle l’utilisation de ressources est limitée en s’appuyant sur les principes de l’économie circulaire», a indiqué la ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable. «Elle devra aboutir à un changement de paradigme qui met la valeur et la qualité des objets et des matières utilisés et consommés au centre des mesures de gestion de nos déchets et de nos ressources.»

Lancée en 2019 et élaborée sur la base d’idées collectées lors d’ateliers, cette stratégie a comme première vocation de fournir les bases méthodologiques et une boîte à outils pour mettre en œuvre et accompagner la transposition des directives européennes du paquet «économie circulaire» et de la directive des plastiques à usage unique en une nouvelle loi nationale de gestion des déchets et des ressources. Mais pas seulement. Elle est également à la fois une vision et un cadre de travail plus large pour une gestion responsable et durable des ressources et des déchets. Sa finalité étant de ne plus créer de déchets ou très peu, grâce à des mesures qui prolongent le temps de vie et d’utilisation des objets, favorisent leur réemploi et facilitent leur transformation.

Avant de terminer à la poubelle, un objet ou un matériau peut avoir plusieurs vies ou plusieurs propriétaires. On pense au troc, à la fin de l’obsolescence programmée, aux réparateurs, au recyclage pour une réutilisation autre des matières premières, à une économie favorisant les services plutôt que la production et la consommation. Ce qui présuppose d’autres manières de produire axées sur la prévention des déchets ainsi qu’une réflexion sur notre système de valeurs des ressources. «Dans le cadre de l’économie circulaire, nous devons donner une autre valeur aux ressources, estime Carole Dieschbourg. C’est à la société de définir cette valeur. Si nous parvenons à leur donner une valeur importante dans l’idée d’une économie circulaire, nous parviendrons à sortir du modèle linéaire actuel et à devenir une société qui protège ses ressources.»

L’aspect économique traité à part

Le changement est déjà en marche dans les communes grâce au pacte climat, entre autres. L’économie circulaire devient un des principaux piliers de la nouvelle mouture qui sera présentée le mois prochain. «La stratégie sert de base commune pour travailler. L’aspect économique de l’économie circulaire sera traité à part», précise la ministre. Quatre thématiques, allant de la protection de la nature à la construction en passant par l’utilisation des objets ou des aliments et la manière de les emballer, ont été dégagées. Des objectifs spécifiques ont été définis pour chacune d’entre elles, comme mettre fin aux dépôts sauvages dans la nature, transformer les centres de recyclage en centres de ressources ou encore créer des marchés pour les produits et les matériaux issus de la déconstruction de bâtiments.

«Pour chaque action que nous décidons d’entreprendre dans ce plan, nous avons défini les acteurs, les actes et les moyens nécessaires pour les mener à bien, les obstacles réglementaires à effacer ainsi que les moyens financiers nécessaires», explique la ministre. «Notre taux de recyclage au Luxembourg est très élevé par rapport à nos voisins. Nous devons le conserver.» Si les volets concernant les piles et les appareils électriques n’ont pas été pris en compte pour le moment, mais le «seront dans un deuxième jet», les lois sur les déchets et les emballages ont été modifiées, ainsi que celles sur les plastiques et les décharges. Le gouvernement a souhaité aller plus loin que ce qu’exigeaient les directives européennes, notamment en ce qui concerne les microplastiques. «Dans les ateliers de réflexion que nous avons organisés pour élaborer la stratégie, les participants ont regretté que la politique n’aille pas assez loin. Nous avons réalisé que nous ne pouvions pas uniquement nous reposer sur les directives, mais que la société devait être actrice du changement», a conclu la ministre.

Sophie Kieffer