Le gouvernement juge «pas heureux» de légiférer pour obliger restaurateurs et cafetiers à servir aux clients une carafe d’eau du robinet, même payante. Une campagne de sensibilisation sera lancée, mesure jugée insuffisante par les militants pour le droit à l’eau de robinet.
Le message «écolo» n’était peut-être pas passé auprès des 5 114 signataires de la pétition publique. La motivation première des pétitionnaires réunis autour de David Kieffer n’est en effet pas de rendre gratuite la carafe d’eau dans les restaurants et cafés, mais de proposer le choix aux clients et de rendre le secteur de l’horeca plus durable.
«Un litre d’eau venant du robinet est de 100 à 1 000 fois plus responsable sur le point écologique qu’un litre d’eau en bouteille, que ce soit du verre ou du plastique», résume l’initiateur de la pétition ayant cartonné pendant les mois de l’été. Ce mardi, les pétitionnaires se sont retrouvés face aux députés et aux ministres des Classes moyennes et de la Protection des consommateurs pour défendre leur cause.
Les exemples de pays qui offrent déjà de l’eau du robinet dans la restauration sont nombreux. La liste comprend les États-Unis, la Norvège, l’Autriche et bien entendu la France. L’eau servie dans une carafe n’est pas toujours gratuite. Et pour les pétitionnaires, l’apport écologique de la mesure doit bien primer sur la gratuité du service. «On peut s’imaginer que celui qui remplit sa propre gourde puisse le faire gratuitement. Mais dès que l’eau est servie à table, il faut que cela ait un prix», propose David Kieffer.
De l’eau de robinet sur les cartes de menu
Les responsables politiques se disent d’accord à encourager les ménages, clients, restaurateurs et cafetiers à avoir d’une manière plus conséquente recours à l’eau du robinet. Mais le gouvernement n’est pas disposé pour légiférer en la matière et donc rendre obligatoire la carafe d’eau du robinet.
«Légiférer ne serait pas très heureux. Mais ensemble avec la fédération Horesca, on est prêt à lancer une campagne de sensibilisation. L’idée est d’offrir une eau du robinet de »marque nationale » qui sera ajoutée comme alternative sur les cartes des restaurateurs disposés à le faire», annonce le ministre des Classes moyennes, Lex Delles. Même son de cloche auprès de la ministre de la Protection des consommateurs. «Il faut encourager un changement de mentalité. Vu mes contacts avec le terrain, je pense que la volonté pour devenir plus durable est bien présente», indique Paulette Lenert.
Une base légale ? Cela reste possible
Les pétitionnaires se disent déçus de la conclusion livrée ce mardi à la Chambre. «Miser sur la seule volonté du secteur n’est pas suffisant. Cela n’a déjà pas fonctionné lors de l’interdiction de la cigarette dans les cafés et restaurants. Et on ne compte également pas sur la seule volonté des gens à rouler à 50 km/h en agglomération ou à payer leurs impôts», clame David Kieffer.
Le match n’est cependant pas encore perdu. La Chambre s’est engagée à suivre de près la mise en place de la campagne de sensibilisation et exige une évaluation. «Si les résultats ne suivent pas, il n’y aura pas d’autre option que de légiférer», annonce Nancy Kemp-Arendt, présidente de la commission des Pétitions. En attendant, la bonne volonté des restaurateurs et cafetiers va continuer à prédominer.
David Marques