Accueil | Politique-Société | Luxembourg : imbroglio sur la quarantaine à l’école

Luxembourg : imbroglio sur la quarantaine à l’école


«La loi permet à des personnes ayant eu un contact avec un cas Covid et mises en quarantaine de se rendre à l'école», précise le ministre de l'Éducation nationale (Photo d'illustration : Fabrizio Pizzolante).

Le cas d’un enseignant placé en quarantaine mais autorisé à donner cours interpelle la communauté scolaire et le camp politique. Le ministre Claude Meisch s’explique, l’opposition fulmine.

Tout est parti d’une publication sur les réseaux sociaux. Un enseignant de l’enseignement secondaire s’est montré étonné que la direction de la Santé l’autorise à donner cours alors qu’il avait été placé en quarantaine après avoir été identifié comme personne potentiellement infectée par le Covid-19. Sur son compte Facebook est reproduite l’ordonnance qui indique que «la personne concernée (…) qui a fait l’objet d’une ordonnance de mise en quarantaine du 19/09/2020 est autorisée à fréquenter les cours pendant les horaires scolaires du 19 septembre 2020 au 25 septembre 2020 en respectant les consignes et mesures adéquates prédéfinies (le port d’un équipement de protection individuelle)».
Ce cas n’a pas tardé à interpeller la députée Martine Hansen qui a soumis dès lundi une question parlementaire urgente aux ministres de l’Éducation nationale et de la Santé. Le hasard du calendrier a voulu que le ministre Claude Meisch soit convié, lundi, à une réunion de la commission de l’Éducation nationale. Il a donc eu l’occasion de s’expliquer devant les députés, sans toutefois convaincre. «J’ai rarement entendu de telles conneries», s’est exclamé le député Sven Clement (Parti pirate) sur les réseaux sociaux.

Une décision étonnante

Le ministre de tutelle s’est basé sur les dispositions de la loi Covid qui prévoient que «la personne concernée par une mesure de mise en quarantaine peut se voir délivrer un certificat d’incapacité de travail ou de dispense de scolarité en cas de besoin ainsi que, le cas échéant, une autorisation de sortie sous réserve de respecter les mesures de prévention précisées dans l’ordonnance.»
Dans le cas précis de cet enseignant, le directeur de la Santé, Jean-Claude Schmit, n’a pas délivré d’incapacité de travail mais bien une «autorisation de sortie». «La loi permet à des personnes ayant eu un contact avec un cas Covid et mises en quarantaine de se rendre à l’école», précise le site de la Chambre des députés, résumant les explications de Claude Meisch. «Il faut cependant que ce soit un cas isolé et que l’infection ne provienne pas du milieu scolaire. La personne mise en quarantaine a uniquement le droit de se rendre à l’école et ne peut pas faire d’autres sorties», peut-on encore lire sur chambre.lu.
Selon les scénarios mis en place par le ministère de l’Éducation nationale pour gérer les infections au coronavirus à l’école, seuls les cas isolés peuvent donner lieu à des règles d’exception. Lorsque deux membres ou plus sont testés positifs, l’ensemble de la classe est placée en quarantaine.
Pour résumer : l’enseignant ayant eu un contact Covid en dehors de l’école peut continuer à donner cours. «Toute autre sortie lui est interdite» par la direction de la Santé. La décision a de quoi étonner.
L’opposition parlementaire ne s’est pas fait prier pour la fustiger. Un nouvel échange virulent s’annonce cet après-midi à la Chambre en amont du vote de la version actualisée de la loi Covid, prolongeant les mesures sanitaires (port du masque, règles de distanciation, etc.) jusqu’au 31 décembre.

David Marques

Le SEW/OGBL veut éviter «l’épée de Damoclès»

Dans une lettre ouverte soumise au ministre de l’Éducation nationale, le syndicat d’enseignants SEW/OGBL demande une clarification des procédures de mise en quarantaine et d’isolement qui sont d’application à l’école.
La lettre rappelle que la procédure arrêtée par le ministère de l’Éducation nationale «prévoit la mise en quarantaine d’office des élèves et enseignants concernés avec interdiction de quitter le domicile. L’accès à la maison relais et l’utilisation du transport scolaire (et public) sont proscrits.» Le SEW/OGBL s’étonne cependant des dérogations pouvant être accordées pour suivre les cours ou pour continuer à enseigner. «Cette virevolte sème l’incompréhension et le doute parmi la communauté scolaire et les parents d’élèves», fustige le syndicat.
«Pour éviter cette épée de Damoclès qui d’ores et déjà plane au-dessus des élèves et enseignants, le SEW/OGBL se demande par exemple si le port permanent du masque augmenterait durablement la protection à l’école et permettrait de se recentrer sur les apprentissages», poursuit la lettre ouverte, dans laquelle le syndicat pose la question suivante : «Sera-t-on plus enclin à porter le masque en permanence ou à attendre le coup de téléphone fatidique de la mise en quarantaine et de ses conséquences ?»
Le SEW/OGBL se plaint également qu’«en première ligne, l’enseignant se retrouve pris dans la tourmente d’informations contradictoires, de mesures vaguement définies, de communications aléatoires et au final est seul responsable». Le syndicat se dit prêt à soutenir le ministère de l’Éducation nationale pour préciser les dispositions sanitaires.