Contrairement aux idées reçues, le bénévole type au Luxembourg n’est pas un retraité. C’est ce que révèle une étude réalisée l’an passé par le Jugendrot.
Identifier les profils des bénévoles au Luxembourg n’était pas le seul but de cette étude. Il s’agissait également de comprendre comment renforcer les équipes de bénévoles, d’identifier leurs besoins ainsi que ceux des organisations ou associations qui recourent au bénévolat, ainsi que d’analyser la plus-value de l’engagement bénévole et à quel point il est un facteur d’insertion professionnelle. Si le profil des bénévoles a peut-être changé cette année en raison du Covid, les résultats de l’étude restent cependant valables pour les années post-Covid à venir, estime le Jugendrot qui a émis 28 recommandations sur la base de ces résultats. Elles seront remises aux représentants politiques.
«Nous invitons le gouvernement et les partis politiques à utiliser ce document», indique Mathis Godefroid, le président du Jugendrot, qui espère que le gouvernement reprendra sa suite et fera réaliser des études supplémentaires dans les années à venir «s’il se soucie du rôle des bénévoles». «C’est une première au Luxembourg» , souligne-t-il. «En Allemagne, ce type d’étude est réalisé tous les cinq ans.»
Le conseil estime notamment qu’il faut mettre en place un encadrement continu du travail bénévole, créer une plateforme interactive pour des offres d’activités bénévoles ainsi que des offres de services pour entre autres atteindre les jeunes de manière plus spécifique, améliorer la visibilité et la médiatisation des associations accueillant des bénévoles, professionnaliser la gestion et l’administration des bénévoles ainsi que valoriser les bénévoles et leurs acquis.
2,3 heures par mois en moyenne
Si la solidarité et l’altruisme des Luxembourgeois ont longtemps été salués, il est toutefois difficile de chiffrer le nombre de bénévoles que compte le pays. L’étude, réalisée grâce à des questions posées aux bénévoles et aux associations, a permis de dégager des informations précieuses sur leurs motivations, leur engagement, les compétences recherchées par les associations ou organisationsouencoresurlessecteurs qui emploient le plus de bénévoles. L’étude révèle que 52 % des bénévoles sont des hommes. 69 % ont suivi des études supérieures et 11 % ont un diplôme d’études secondaires. 62 % des répondants sont de nationalité luxembourgeoise. 22 % sont des retraités et 18 % ont moins de trente ans. 86 % des bénévoles donnent de leur temps à une association. La plupart (41 %) donnent de leur temps en semaine et 13 % le week-end. 23 % des répondants travaillent bénévolement 8 heures ou plus par mois alors qu’en moyenne, les bénévoles travaillent pour les associations 2,3 heures par mois. 53 % sont bénévoles de manière occasionnelle.
Se distraire, se détendre, aider
La majorité des bénévoles le sont depuis plus de huit ans. Enfin, la famille serait le principal moteur d’engagement. D’un point de vue général, l’engagement bénévole permet de se distraire, se détendre, aider des personnes dans le besoin, développer une conscience citoyenne, acquérir de nouvelles compétences, rencontrer de nouvelles personnes ou encore découvrir le monde. Dans le cadre de leur activité bénévole, les répondants réalisent des tâches très variées, plus ou moins sophistiquées, manuelles ou intellectuelles, indique l’enquête. Les tâches bénévoles les plus courantes sont l’accueil, l’accompagnement, l’encadrement, le suivi et l’assistance aux personnes (32 %). Un nombre considérable de bénévoles issu de l’échantillon exerce également des tâches d’animation (30 %) et d’organisation d’événements (22 %). 52 % des associations proposent aux bénévoles des activités continues, pour 22 % ce sont des activités ponctuelles et pour 18 % des activités saisonnières.
Au regard de la fréquence des recrutements de bénévoles, un tiers des associations sollicite des bénévoles tous les mois et un autre tiers une à deux fois par an ou moins. Les associations du panel de l’enquête cherchent, en général, note le Jugendrot, chez les candidats bénévoles des «soft skills» comme avoir un bon contact relationnel, savoir prendre des initiatives, être à l’écoute des autres, savoir organiser son travail et s’informer, par exemple. Des compétences techniques ou académiques sont très peu souvent attendues. Enfin, c’est dans les secteurs du sport et de la jeunesse que les bénévoles sont les plus sollicités. Suivent le secteur social et l’aide au développement ou la coopération. Les bénévoles ne choisiraient pas seulement leur secteur d’action par altruisme, mais par intérêt pour ce secteur. Sans les bénévoles, de nombreuses activités ou services d’aide à la personne ne pourraient pas exister. Le Jugendrot appuie sur l’importance des bénévoles pour la société et insiste sur la nécessité de les valoriser et de les encourager avec les outils appropriés.
Qui totalise le plus de bénévoles?
Le Jugendrot a également établi une liste des associations et organismes qui ont le plus de bénévoles. Et là aussi, surprise : la première place ne revient pas à une association, mais à un parti politique. Le CSV, Chrëschtlech Sozial Vollekspartei, a dix mille bénévoles (ou membres) à son actif. C’est près du double des bénévoles du Corps grand-ducal d’incendie et de secours (CGDIS) qui, avec 6 000 volontaires, arrive en deuxième position. Des structures telles que Caritas Luxembourg, la Fédération du sport cycliste luxembourgeois, Jonk Entrepreneuren Luxembourg ou Greenpeace Luxembourg arrivent loin derrière avec environ 500 bénévoles dans leurs rangs.
Sophie Kieffer