La convention collective du secteur hospitalier (FHL) est venue à échéance le 30 juin. Les négociations pour s’accorder sur un nouveau cadre tarifaire seront lancées en septembre. La crise sanitaire a changé la donne.
On est le 4 juin 2016. Les syndicats OGBL et LCGB réussissent à mobiliser plus de 9 000 militants venus mettre la pression sur le camp patronal du secteur de la santé, des soins et du socio-éducatif. «Ils ne peuvent plus faire les sourds», lance Nora Back, alors secrétaire centrale du syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs de l’OGBL. Le ras-le-bol des infirmiers, infirmiers spécialisés, aides-soignants et éducateurs est à son apogée.
«Depuis des décennies, le personnel de santé et socio-éducatif n’est pas classé correctement et son travail n’est pas évalué à sa juste valeur», ne cessait de marteler le syndicat eschois. Il aura toutefois fallu attendre 12 mois de plus et une menace de grève générale pour voir enfin aboutir les négociations entre syndicats et patronat sur une nouvelle convention collective dans le secteur hospitalier. Les négociations dans le secteur socio-éducatif (convention SAS) aboutissent au même moment.
Le bras de fer aura finalement duré deux ans et demi. Mais la revalorisation des carrières dans le secteur est devenue réalité le 1er juillet 2017, date d’entrée en vigueur de la nouvelle convention collective couvrant le réseau de la Fédération des hôpitaux luxembourgeois (FHL). Une nouvelle grille de salaire, revue à la hausse, et une prime unique ont formé le cadre de l’accord, qui a été conclu pour une durée de trois ans.
Comme prévu, la convention est venue à échéance le 30 juin, en pleine crise sanitaire. L’information nous est confirmée par Pitt Bach, l’actuel secrétaire central du syndicat Santé de l’OGBL.
«La charge de travail est très rude»
Avec la dénonciation de la convention en vigueur, la voie est ouverte pour négocier le nouveau cadre de travail couvrant le personnel des hôpitaux. Les travaux préparatoires ont pris du retard en raison de la pandémie de coronavirus. «Les premiers pourparlers avec la FHL ont cependant déjà eu lieu. On s’est donné un agenda pour les négociations. Un calendrier a été fixé. Le fond du dossier devrait pouvoir être attaqué courant septembre», note Pitt Bach.
Au vu du contexte actuel, faut-il redouter un nouveau bras de fer à rallonge? «Les négociations pour sceller la dernière convention ont en effet été très ardues mais elles se sont soldées par un grand succès pour les salariés du secteur», retrace le secrétaire central de l’OGBL. «La situation a changé aujourd’hui. L’importance du secteur des soins et du personnel qui le porte n’a encore jamais été aussi manifeste, enchaîne Pitt Bach. Il est important de regarder vers l’avenir. Il faut fortifier le secteur hospitalier pour lui permettre de relever les défis qui peuvent encore nous attendre.»
OGBL et LCGB comptent former une intersyndicale avec un catalogue de revendications communes afin de peser plus lourdement face au camp patronal. À ce jour, les travaux n’ont pas encore abouti. Aucun mandat de négociation n’a encore été accordé par la base. L’OGBL a décroché 85 % des mandats de délégués du secteur FHL lors des élections sociales de 2019. Seule certitude : «On revendique des améliorations sur le plan qualitatif.»
Pitt Bach rappelle que «la charge de travail est très rude. On en demande beaucoup aux salariés. Travail posté, cadence de travail intense, pression permanente, travail physique épuisant…» «Il est donc très important d’améliorer les conditions de travail, non seulement pour garantir la meilleure prise en charge du patient mais aussi pour rendre plus attrayant ce métier, toujours confronté à un manque de personnel», insiste le syndicaliste.
Un premier pas majeur en vue de la conclusion d’une nouvelle convention collective sera la définition de l’enveloppe budgétaire. Cette dernière est calculée sur la base des conditions salariales du secteur de la fonction publique. «Les discussions sont entamées», assure Pitt Bach en attendant le véritable début des négociations dans les semaines à venir.