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Luxembourg / Covid : l’opposition veut la démission de la ministre Cahen


Drame des morts du Covid en maison de retraite : «Dans un autre pays, on aurait eu une commission d'enquête. Ici, c'est tabou. Maintenant on a une étude dans laquelle les ministères concernés et sans doute responsables doivent être associés. Non, c'est une blague !», insiste David Wagner (photo d'archives : Hervé Montaigu).

Fin de séance houleuse, jeudi au Parlement, à la suite du débat sur le drame des clusters dans les maisons de retraite. L’opposition, sans attendre d’étude, veut la tête de la ministre.

Toute l’opposition parlementaire vote comme un seul homme une motion dans laquelle elle réclame la démission de la ministre de la Famille, Corinne Cahen. C’est la fin de la séance, il est 20 h 15, les députés se sont écorchés des heures sur la responsabilité de la ministre de la Famille dans le drame que connaissent les établissements pour personnes âgées et vulnérables depuis le début de la pandémie.

Le débat s’annonçait houleux dès lors que devait être discutée la motion de Michel Wolter réclamant une étude externe et indépendante sur l’apparition d’un cluster à Niederkorn faisant 22 victimes parmi les pensionnaires. Le matin même, en commission jointe Santé et Famille, les partis de la majorité introduisaient une motion visant les mêmes objectifs sauf qu’ils associent à l’étude indépendante commandée par le gouvernement, les deux ministères incriminés, à savoir le ministère de la Santé et celui de la Famille.

«Nous discutons d’éventuelles erreurs d’appréciation de la ministre et de sa responsabilité dans les décès survenus dans les maisons de retraite, voilà le cadre», rappelle Michel Wolter, qui ne veut pas voir le gouvernement se mêler de l’étude. «Celle-ci sera menée par un institut scientifique en association avec les ministères, c’est nécessaire pour obtenir toutes les données dont ils disposent», tente d’expliquer en vain Mars Di Bartolomeo. «Le gouvernement ne peut pas être le commanditaire de l’étude! On voudrait une analyse scientifique et un audit, c’est-à-dire une analyse politique sur ce qui a été fait depuis un an», insiste Michel Wolter qui n’épargnera rien à la ministre.

Comme Fernand Kartheiser, qui reprochera les absences répétées de Corinne Cahen au Parlement lors des votes concernant la loi Covid, soit une quinzaine depuis le début de la pandémie. En prenant la parole, Corinne Cahen s’embarque pour un discours de 20 minutes dans lequel elle résume toutes les recommandations qui ont été adressées aux établissements qui ont géré la crise sanitaire de manière autonome selon le vœu de leur organisation faîtière, la Copas.

Trop de blocages

La ministre énumère toutes les communications, les actions, les recommandations et les ordonnances qui ont été adressées aux gestionnaires des maisons de retraite et de soins et dit comprendre la démarche des députés. «Je soutiens aussi l’idée d’une étude indépendante», indique-t-elle d’ailleurs. Mais l’opposition a du mal à y croire alors que la ministre se défend d’avoir commis une quelconque erreur.

Sans attendre le résultat d’une enquête établissant les responsabilités dans ce drame, l’opposition veut la tête de Corinne Cahen. Pourquoi ? Parce que leur motion a été rejetée, parce que cela fait trop longtemps que le gouvernement empêche le Parlement, d’une courte majorité, de lancer des commissions d’enquête sur des dossiers comme l’imbroglio financier du satellite militaire sous le ministre Schneider par exemple.

Or dans l’affaire de Niederkorn comme pour les autres clusters, il n’y a pas eu de cordon sanitaire lors de la vaccination des plus vulnérables, reproche l’opposition. Mais pas que ça. L’absence d’une stratégie globale sur la gestion de la pandémie dans ces établissements ne passe pas. «Nous avons besoin de quelqu’un qui s’engage davantage pour les plus vulnérables», lâche Michel Wolter.

Gilles Baum, chef de la fraction DP, volera au secours de la ministre, comme le fera également le ministre Dan Kersch. «C’est indécent de demander une démission avant même les résultats de l’étude», commentent-ils. Le Premier ministre, Xavier Bettel, se gardera bien de se mêler de la discussion.

David Wagner, comme Sven Clement, insiste sur les «blocages» du gouvernement dès que la Chambre tente de le contrôler d’un peu trop près. «Cette situation nous conduit aujourd’hui à demander la démission de la ministre», souligne le député pirate.

«Dans un autre pays, on aurait eu une commission d’enquête. Ici, c’est tabou. Maintenant on a une étude dans laquelle les ministères concernés et sans doute responsables doivent être associés. Non, c’est une blague !», insiste David Wagner.

Sans surprise, la motion de Michel Wolter sur l’enquête indépendante du gouvernement a été rejetée par les 31 voix de la majorité qui ont opté pour leur version. Quant à la motion réclamant à la démission de Corinne Cahen, elle a obtenu le même résultat. Sauvée par 31 voix.

Geneviève Montaigu

Un commentaire

  1. Famille sans mėmé

    Pas seulement l’oppisition veut sa démission! Le peuple aussi, surtout des familles sans mémé, pépé, tatti… morts innocents