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Luxembourg : coronavirus, quels effets secondaires sur la société ?


La médiatrice Claudia Monti explique que sa mission va concerner autant les problèmes de droit de visite, que de chômage ou d'éducation (Photo d'archives : Didider Sylvestre).

Claudia Monti est une des huit membres du groupe d’experts qui analysera les effets secondaires des mesures de lutte contre le virus. Des gens du terrain qui auront du pain sur la planche.

Elle fera partie du groupe ad hoc constitué mercredi dernier par le gouvernement et qui aura pour mission d’accompagner les mesures décidées dans le cadre de la lutte contre le virus et d’évaluer de manière régulière les effets secondaires de ces mesures et du confinement. L’Ombudsman, Claudia Monti, ne sait pas encore exactement ce qui l’attend, mais au milieu d’autres experts du terrain, elle sera en charge «de mettre le doigt là où la société souffre le plus», comme elle le résume. «Nous avons tous été nommés pour veiller à ce que les doléances des différentes parties de la société soient entendues», ajoute-t-elle.

Elle est bien placée pour observer les dégâts collatéraux que le virus a provoqués dans le quotidien des gens. Le choix de Claudia Monti est donc judicieux. «Les gens viennent se plaindre chez nous quand ils ont un problème avec l’application des lois, et actuellement nous avons beaucoup de travail», explique celle qui se rend tous les jours au bureau. «Nous avons beau vivre avec la présence d’un virus, la vie continue et ses petits et gros tracas quotidiens aussi», assure-t-elle.
Les mesures prises dans l’urgence du confinement, chacun le sait, ont semé incertitudes et angoisses pour ceux dont l’activité s’est arrêtée sur-le-champ. Et il y a tous les autres dont personne n’entend parler qui se retrouvent dans la panade la plus totale. «Des personnes en reclassement professionnel sont dans l’impossibilité de passer devant une commission médicale qui ne se réunit plus. Elles n’ont plus de revenus», illustre-t-elle.
Il y a aussi toutes ces personnes à qui le patron impose de prendre des jours de congé alors que le législateur a offert la possibilité de profiter du chômage partiel. «Je n’ai pas la possibilité d’agir pour tout ce qui touche au droit du travail. Je renvoie les personnes vers l’Inspection du travail et des mines.»

«On s’est fermé comme une huître !»

Les droits de visite ou de garde alternée posent problème également, même si le gouvernement a autorisé dès le 20 mars les déplacements nécessaires à l’exercice du droit de visite et d’hébergement ainsi qu’à l’exercice des résidences alternées. «Un père s’est plaint de problèmes à propos de l’exercice de son droit de visite, je l’ai adressé à René Schlechter», indique Claudia Monti. Cela tombe bien, le président de l’Ombuds-Comité pour les droits de l’enfant (ORK) est membre également du groupe ad hoc en charge du suivi des mesures liées à la crise du Covid-19.
Claudia Monti est également contrôleur externe des lieux privatifs de liberté et à ce titre reçoit beaucoup de doléances de la part des détenus. «Ils n’ont plus d’activités, plus de sport, plus d’atelier, plus d’occupation, à part regarder la télé toute la journée où on ne parle que du coronavirus. Ils voient qu’à l’étranger on vide les prisons et ils veulent qu’ici l’exécution des peines en fasse autant», raconte Claudia Monti, qui ne peut rien faire pour eux.
Au centre de rétention, seules restent confinées les personnes «indispensables à garder si aucun retour n’est possible», précise-t-elle en ajoutant que «certaines personnes ont suggéré de relâcher tout le monde, mais ce n’est pas possible par rapport au droit européen». «Les demandeurs refoulés dits « Dublin » ont été installés à la structure d’hébergement d’urgence du Kirchberg (SHUK).»

L’ombudsman s’attend aussi à avoir un paquet de travail avec ses homologues français et belge. «Rien qu’une rentrée des classes de l’après-Covid-19 pose problème, parce que personne n’est synchronisé. Il n’y a aucune politique commune pour lutter contre ce virus et il y a une grande disparité entre pays voisins», regrette-t-elle eu égard aux situations ubuesques que peut entraîner ce chacun pour soi. Autre exemple : les discussions en cours concernant les bourses étudiantes alors que les universités sont fermées.
«Nous avons peiné à avoir un accord pour le télétravail avec nos voisins allemands, qui ont en plus fermé leurs frontières, ce qui n’était franchement pas chouette. L’Europe en a pris un coup, elle s’est fermée comme une huître et a tout oublié, jusqu’aux accords de Schengen», fustige Claudia Monti.
Ce comité d’experts devra analyser toutes ces situations qui ont trait avec les droits fondamentaux des citoyens et pas seulement sur le plan national mais aussi au regard du droit européen.
D’autres sujets la préoccupent encore qui seront très certainement débattus entre experts dans ce groupe ad hoc. Elle cite la délation, qui est devenue un sport national, un phénomène qui l’effraie. «Il y a même des gens qui sont pour l’emprisonnement des personnes qui ne respectent pas le confinement», se lamente-t-elle.

Geneviève Montaigu

Groupe éclectique

Lors de sa séance de mercredi dernier, le gouvernement a mis en place un groupe ad hoc pour accompagner les mesures décidées dans le cadre de la lutte contre le virus et pour évaluer de manière régulière les effets secondaires de ces mesures et du confinement. Le groupe est composé par les personnes suivantes : Nora Back, présidente de la Chambre des salariés; Alexa Ballmann, présidente du JHL (Jonk Handwierk); Luc Frieden, président de la Chambre de commerce Luxembourg; Erny Gillen, expert en éthique; Claudia Monti, médiateur du Grand-Duché de Luxembourg (Ombudsman); Gilbert Pregno, psychologue et président de la Commission consultative des droits de l’homme; René Schlechter, président de l’Ombuds-Comité pour les droits de l’enfant (ORK), et le Pr Claus Vögele, professeur titulaire en psychologie de la santé à l’université du Luxembourg.
Le groupe doit avoir un premier contact ce lundi par téléphone.

 

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