Pas de surprise pour le vote du budget qui a occupé les députés depuis mardi. Après tout le mal que l’opposition a pu dire sur la copie, il restait quand même 31 voix pour le défendre.
Voilà, c’est fait. Le projet de budget 2020 et le projet relatif à la programmation financière pour la période de 2019-2023 ont été adoptés avec les voix des députés de la majorité jeudi matin, soit 31 voix du DP, du LSAP et de déi gréng. Toute l’opposition a voté contre, soit les 29 voix du camp adverse qui n’a pas ménagé ses efforts pour dire tout le mal qu’il pensait de ce projet.
Mais les députés de la majorité ne se sont pas laissés impressionnés par les reproches parfois virulents de l’opposition qui juge le projet de budget incohérent et sans priorités. L’opposition pouvait choisir des extraits des avis des différentes chambres professionnelles et même de la banque centrale pour étayer ses discours et elle ne s’en est pas privée. Malgré tout, les orateurs parmi la majorité ont défendu à tour de rôle le budget 2020, y voyant clairement les accents politiques énoncés par le ministre de tutelle, Pierre Gramegna, et développés par le rapporteur Yves Cruchten.
Les dépenses sociales représentent 47 % de l’ensemble des dépenses de l’État et la majorité a du mal à accepter le reproche de se concentrer davantage sur le bien avoir que sur le bien-être, comme a pu le dire Martine Hansen, la cheffe de la fraction CSV.
Pourtant, la protection du climat figure en tête des priorités du budget selon les députés de la majorité. La loi retient ainsi toute une série de mesures budgétaires destinées à poser un cadre pour lutter de manière globale, transversale et efficace contre le réchauffement climatique.
Des investissements ciblés
Dans ce budget record qui dépasse les 20 milliards d’euros, 500 millions d’euros sont réservés aux investissements environnementaux et climatiques et couvrent la mobilité, le transport public, les infrastructures de transport, l’énergie durable et le développement de la finance durable.
La deuxième priorité, ce sont les investissements élevés prévus pour améliorer encore les infrastructures et la qualité de vie. Les investissements progresseront de 12 % par rapport à l’année 2019 pour atteindre 2,8 milliards d’euros. Martine Hansen reprochait la veille au gouvernement d’avoir des caisses pleines mais pas de projets, la majorité s’est empressée de lui livrer le détail des investissements.
La lutte contre les inégalités et les mesures prises pour l’amélioration du bien-être des citoyens se traduisent également par la prise en charge gratuite des tout-petits dans les crèches, par la réforme du congé parental, l’allongement du congé paternité, l’augmentation du salaire social minimum de 100 euros ou encore la gratuité des transports publics.
Le ministre des Finances, Pierre Gramegna, défend sa politique «ambitieuse» et s’est étonné que peu d’orateurs se soient attardés sur les finances publiques à proprement parlé. «Je constate que chacun ici s’accorde à penser que les finances publiques sont assainies», a observé le ministre, qui se souvient encore des reproches formulés à ce propos par l’opposition les années précédentes.
Geneviève Montaigu
Les chiffres clés
Le solde de l’administration publique s’établit pour l’année 2020 à 757 millions d’euros, soit 1 % du PIB. Il est prévu que ce surplus progresse tout au long de la période 2020-2023 pour atteindre 1,5 milliard d’euros en 2023.
En 2020, les recettes et dépenses dépasseront pour la première fois les 20 milliards d’euros. Les dépenses de l’administration centrale s’élèvent ainsi à 20,9 milliards d’euros, soit une hausse de 6,5 %. Parmi ces dépenses, 47 % sont consacrées aux prestations sociales et transferts de revenus, 23 % aux rémunérations et 14 % aux investissements publics.
Les recettes, de leur côté, se chiffrent à 20,3 milliards d’euros, ce qui correspond à une hausse de 3,7 % par rapport à l’année 2019. Elles se composent pour 48 % d’impôts directs et pour 37 % d’impôts indirects.
Le solde de l’administration centrale s’établit en 2020 à -640 millions d’euros. Il devient ainsi négatif en 2020 sous l’effet de différents facteurs comme notamment la comptabilisation de l’avion militaire A400M, des dépenses d’investissements record à hauteur de 2,8 milliards d’euros, une politique de recrutement soutenue du gouvernement et un rythme moins soutenu au niveau des recettes.
Au cours des prochaines années, il connaîtra une amélioration progressive, pour retrouver un niveau proche de l’équilibre en 2023. Tout au long de la période 2020-2023, la dette publique luxembourgeoise continuera de figurer parmi les plus faibles de l’Union européenne. Elle s’établira à 19,8 % du PIB en 2020 et tombera donc pour la première fois depuis 2011 sous les 20 % pour atteindre 17,3 % du PIB en 2023.