Le nouveau conseiller communal socialiste de la Ville de Luxembourg est un sacré énergumène. Mais il compte travailler pour cette ville qu’il aime animer. Pour l’améliorer. Portrait express.
Le slogan de campagne des socialistes lors des dernières législatives, «Zesummen» («Ensemble»), c’était lui. Gabriel Boisanté, qui a rejoint le parti en 2016, a entamé lundi son premier mandat politique en succédant à Marc Angel au conseil communal de la Ville de Luxembourg. À la tête des Stater Sozialisten depuis l’année dernière, Gabriel Boisanté, 42 ans et père de trois enfants, fait partie de la jeune garde montante du LSAP.
Ce désopilant chef d’entreprise coiffe de multiples casquettes. Un véritable touche-à-tout qui collectionne les titres sur sa carte de visite, dont celui de grand tchatcheur. Un débit intarissable, un alignement de grosses vannes, un humour à toute épreuve, c’est bien ce qui caractérise ce grand humaniste, fils de parents médecins, qui a fait beaucoup de choix dans sa vie mais toujours en cohérence avec les valeurs qu’il défend : le faire ensemble et le vivre ensemble. Dans ce Luxembourg cosmopolite qu’il a rejoint avec sa famille au début des années 80, il s’est senti comme un poisson dans l’eau. «Je n’aurais pas pu faire ailleurs tout ce que j’ai pu réaliser ici», admet-il.
« Un fainéant qui adore travailler »
Ancien élève du lycée Vauban où il décroche un bac scientifique en 1997, Gabriel Boisanté essaye de marcher dans les pas de ses parents, mais la première année de médecine se transforme vite en une année «mojito» comme il s’amuse à la décrire. Le monde de la restauration et des bars lui tombe dessus quand il se voit obligé de trouver un boulot pour payer ses factures de téléphone : «J’avais une petite amie en Angleterre et nos conversations téléphoniques quotidiennes et interminables m’ont coûté cher.» Lui était à Paris pour y suivre des études de médecine qui ont tourné court. «J’avais un bac plus zéro, mais je parlais plusieurs langues et je me suis retrouvé derrière un bar à essuyer les verres et à couper des rondelles de citron», raconte-t-il. Mais dès qu’il s’est retrouvé derrière le zinc, il a adoré cette place et s’est juré qu’un jour il y retournerait.
Mais pas tout de suite. Le désopilant jeune étudiant achève ses études qui se soldent quand même par une maîtrise en biochimie moléculaire avec une spécialisation en immunologie et un master en management. «Mon idée était de travailler dans l’industrie pharmaceutique, mais après une première expérience je me suis retrouvé en porte-à-faux. Ce n’était pas ma conception de la santé et du bien public», explique-t-il.
Celui qui se décrit comme «un fainéant qui adore travailler» a multiplié les expériences dans la fonction managériale tout en se lançant dans l’aventure du Mama Loves You à Hollerich à la suite de sa rencontre avec les frères Raymond et Tom Hickey en 2011. Ces deux Irlandais à la tête de l’Urban depuis le début des années 2000 deviennent ses partenaires dans la suite de ses aventures. «Ils m’ont donné cette chance de faire mes preuves à leurs côtés», dit-il reconnaissant. Le Mamacita a suivi rue des Bains, le Coppers à Belval, le Paname place de Paris et enfin le dernier-né, le Bazaar dans l’ancienne maison Lassner place Guillaume-II. «Un beau bébé», reconnaît Gabriel Boisanté, où le tout-Luxembourg se précipite depuis son ouverture.
Commentateur et amuseur
Gabriel Boisanté est aussi comédien. «Depuis que je suis petit, j’aime faire rire les gens», raconte celui qui a commencé à graviter autour du milieu cinématographique avec son copain producteur David Grumbach, à la tête de Bac Films. «J’ai fait une vingtaine de films, de courts métrages, de séries. J’accepte toujours un rôle qu’on me propose, comme récemment dans Capitani.»
Manager, restaurateur, acteur, entertainer et… commentateur. Gabriel Boisanté, c’est aussi l’inimitable commentateur des matches de foot des Coupes d’Europe et du monde à l’Exit 07 d’abord, aux Rotondes ensuite. C’était son rêve de commenter un match de foot et son copain Manu Da Costa lui a donné cette occasion. «J’ai cru d’abord qu’il allait dire non, c’était tard un soir au bar après quelques verres», se rappelle-t-il. Après le premier match où il a improvisé pendant 90 minutes avec un accent chantant du Sud-Ouest, il a été retenu pour toute la Coupe du monde. «On bosse nos fiches sur les joueurs, les statistiques. Faut pas croire, mais il y a du fond quand même», corrige-t-il. Depuis, tous les deux ans, il remet ça avec 3 000 personnes sur le parvis des Rotondes où fusent les grossièretés que tout le monde lui pardonne en se bidonnant.
Tout lui réussit jusqu’ici. L’aventure politique ne fait que commencer et c’est du sérieux. «Je me réjouis des prochaines années ensemble avec un travail collaboratif et constructif pour le bien des habitants du Luxembourg.»
Gabriel Boisanté sait aussi faire preuve de beaucoup de sérieux et quand il s’agit de porter haut les couleurs de son parti, ses camarades peuvent compter sur lui.
Geneviève Montaigu