Face à la nécessité de réduire l’émergence, le développement et la transmission des résistances aux antibiotiques, l’État a lancé un plan national pour la période 2018-2022.
Le Luxembourg est «dans la moyenne européenne», si l’on se réfère au contexte général des actions entreprises dans le cadre de la lutte contre le mésusage des antibiotiques, d’après les termes de la ministre de la Santé, Lydia Mutsch. Mais le pays aspire à davantage, c’est-à-dire à entrer dans le club des «meilleurs élèves», que sont «la Suède, la Finlande, le Danemark et les Pays-Bas», indique le Dr Jean-Claude Schmit, directeur de la Santé. Pour ce faire, le ministère de la Santé et celui de l’Agriculture (NDLR : pour le volet vétérinaire, puisque le ministère est également en charge du ressort de la protection des consommateurs), ont donné mardi le coup d’envoi du premier plan national antibiotiques (PNA), pour la période 2018-2022.
La raison d’être de l’élaboration de ce plan national a largement été explicitée par les deux ministres : «L’utilisation déraisonnée des antibiotiques dans la médecine humaine et vétérinaire, au cours des dernières années, a considérablement accéléré le développement des résistances bactériennes. Ainsi, un nombre croissant d’infections deviennent de plus en plus difficiles à traiter, les antibiotiques perdant leur efficacité», ont rappelé les deux ministres, Lydia Mutsch et Fernand Etgen, avant, pour eux, de tirer la sonnette d’alarme.
Des bactéries toujours plus résistantes
«Au niveau européen, on estime qu’environ 25 000 personnes meurent annuellement des suites d’infections associées aux soins ou aux infections communautaires, causées par des bactéries multirésistantes», a alerté la ministre de la Santé, Lydia Mutsch, qui a également évoqué une «hausse permanente des cas». Au niveau mondial, le nombre de décès liés à ces phénomènes pourrait atteindre 10 millions en 2050, a encore averti la ministre. Sans oublier de mettre an avant l’aspect économique qui entre en ligne de compte : «L’UE estime à 1,5 milliard d’euros par an le coût des soins de santé et des pertes de productivité dues à la résistance aux antibiotiques.»
Néanmoins, en ce qui concerne la situation purement nationale, la consommation élevée d’antibiotiques, en traitement ambulatoire, a pu être réduite de 7% sur les deux dernières années. De plus, une nette diminution a également pu être observée dans le secteur hospitalier. «Nos campagnes, dont celle ayant pour slogan « Les antibiotiques ne sont pas des bonbons », ont ainsi contribué à une meilleure compréhension de la problématique dans l’opinion publique», selon la ministre.
Toutefois, le fait d’avoir remporté une bataille ne signifie pas pour autant que la guerre soit terminée. «Des efforts et des progrès doivent encore être faits, car la consommation demeure à un niveau élevé, avec des variations saisonnières, dont une hausse importante durant les mois d’hiver», a affirmé Lydia Mutsch, au sujet de la situation typique luxembourgeoise. Bref, il y a de la marge pour faire mieux.
Claude Damiani
Sept règles préconisées
1. Respecter la dose et la durée d’un traitement antibiotique prescrit par son médecin.
2. Ne pas arrêter le traitement prématurément, même si l’état de santé semble s’être amélioré, il faut prendre l’antibiotique jusqu’au bout.
3. Ne pas donner son traitement à quelqu’un d’autre.
4. Ne pas réutiliser un antibiotique plus tard et si des symptômes similaires devaient se déclarer, consulter son médecin.
5. Ne pas insister pour recevoir une prescription d’antibiotiques en cas de maladie virale, sachant que les rhumes, refroidissements, la grippe, la toux banale, et la plupart des angines sont dues à des virus et guérissent spontanément.
6. Ne pas prescrire d’antibiotiques lorsque l’origine bactérienne d’une infection n’est pas démontrée.
7. Prévenir les infections en se lavant régulièrement les mains, en évitant les contacts avec les personnes malades et en veillant à être à jour avec ses vaccinations.