Le patronat dénonce le dialogue social national actuel, car il serait instrumentalisé à outrance par les politiques et les médias.
L’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) n’a toujours pas digéré le passage en force sur la loi PAN (plan d’action national pour l’emploi) et estime que le dialogue social national doit être «recadré».
Les patrons jugent que le dialogue social national, entre gouvernement, syndicats et patronat, «ne peut fonctionner utilement lorsqu’il est politisé et médiatisé à l’extrême». À l’image des dernières négociations autour de la flexibilisation du travail qui ont abouti à un compromis qui n’a pas satisfait l’UEL, vexée que l’arbitrage annoncé en amont n’ait, selon elle, pas été respecté, et donc contrariée de ne pas avoir eu le dernier mot dans ce dossier.
« Le dossier de la loi PAN a été bien trop politisé. L’UEL est d’autant plus déçue de l’issue qu’ont connue les négociations y afférentes. Car, à notre plus grand étonnement, le gouvernement est venu, au bout du compte, nous signifier « voici le compromis » : bref, nous estimons que ce genre de méthode ne peut être propice à une relation de confiance », a déploré le président de l’UEL, Michel Wurth.
Car si le dialogue social dans les entreprises fonctionne, lui, ce n’est pas forcément le cas au niveau national.
Une procédure éloignée des réalités du terrain
« Chaque entreprise a ses particularités (…) C’est à ce niveau que les éventuels problèmes se règlent au mieux. La preuve de cette efficacité au niveau des entreprises est apportée par l’état de l’économie nationale, qui se porte relativement bien », renchérit Michel Wurth. Avant, pour ce dernier, d’appeler à ce que l’instrument de la tripartite reste réservé « aux situations de crise aiguë ». En guise d’alternative à cet instrument de crise, « l’UEL émet le souhait que le gouvernement procède désormais par consultations et prenne ensuite les responsabilités qui lui appartiennent », dixit le président de l’organisation patronale.
Pour revenir au dossier PAN, dans lequel le patronat voit inévitablement la main tendue du ministre du Travail à la confédération syndicale de l’OGBL, la décision du gouvernement irait « à l’encontre des intérêts des entreprises », car « l’UEL voulait surtout obtenir des solutions adaptées à chaque entreprise » et était prête à « faire des concessions majeures en matière de codécision pour concilier les besoins de chaque entreprise avec ceux de chaque salarié au plus près des réalités du terrain ».
De quoi évoquer, pour l’UEL, « une procédure rigide et complexe qui ne devrait guère trouver preneur ».
Claude Damiani