Selon une enquête de la Fondation Cancer et TNS Ilres, le nombre de fumeurs a augmenté de 6 % entre 2018 et 2019. La directrice de la Fondation Cancer, Lucienne Thommes, demande des actes.
«Horrifiée». C’était le sentiment de la directrice de la Fondation Cancer, Lucienne Thommes, quand elle a pris connaissance de la dernière enquête menée par TNS Ilres auprès de 3 316 personnes résidant au Luxembourg et âgées de 16 ans ou plus. Cette étude a démontré que le nombre de fumeurs avait augmenté de 6 % par rapport à 2018, passant ainsi de 21 % à 27 %. Chez les femmes, un bond de +5 % est enregistré et chez les hommes +6 %. «Nous n’avions plus atteint un niveau de fumeurs aussi important depuis 2005, rappelle la directrice de la Fondation Cancer. On va en reculant. C’est frustrant.»
Et Lucienne Thommes pointe également l’augmentation du nombre de fumeurs enregistrée chez les jeunes : 37 % des 18-24 ans fument (+11 % par rapport à 2018) et 35 % des 35-44 ans fument (+11 % par rapport à 2018). Pour retrouver des taux équivalents, il faut remonter à 2007 pour les 18-24 ans et à 2003 pour les 35-44 ans. Par ailleurs, de manière générale, les fumeurs (29 %) sont plus nombreux que les fumeuses (25 %). Chez les 18-24 ans, le pourcentage des fumeuses présente un saut de 8 points (38 % vs 30 % et un saut de 14 points pour les fumeurs (passant de 22 % à 36 %). Et dans le rapport, il est également mis en avant le fait que 27 % des 16 à 24 ans fument la chicha (contre 26 %) et dans ce groupe d’âge, 30 % des filles et 24 % de garçons. Tous ces chiffres sont «alarmants», clame la directrice de la Fondation Cancer. «Ils démontrent que notre politique antitabac ne tient pas la route», affirme Lucienne Thommes.
«Une augmentation conséquente» du prix
La Fondation Cancer avance plusieurs idées pour enrayer ces chiffres en augmentation. Tout d’abord auprès des plus jeunes. «Nous intervenons dans les écoles du fondamentale et du secondaire, mais cela se fait sur la base du volontariat des enseignants et des établissements, souligne la directrice de la Fondation Cancer. Nous demandons que des programmes de prévention du tabagisme soient intégrés de manière plus conséquente dans les cursus scolaires et universitaires. C’est une question de santé publique.» La Fondation Cancer évoque également la réussite de l’entrée en vigueur des paquets neutres dans certains pays. Lucienne Thommes demande également «un meilleur remboursement des dispositifs pour arrêter de fumer».
Mais la revendication phare de la Fondation Cancer est l’augmentation du prix des paquets de cigarettes. «Nous demandons une augmentation conséquente du prix du tabac, lance la directrice de la Fondation Cancer. Comme le préconise l’Organisation mondiale de la santé (OMS), c’est le moyen le plus efficace pour réduire à long terme la consommation de tabac, surtout chez les jeunes. Malheureusement, on n’en discute pas dans le cadre du plan antitabac. Mais il le faut.» Car comme le dit, Lucienne Thommes pour conclure : «Il est vraiment temps d’agir.»
Guillaume Chassaing