Les jeunes démocrates n’apportent rien de nouveau au débat, mais ils ont le mérite de mettre la pression au gouvernement pour trouver des solutions à la crise du logement.
«Les jeunes Luxembourgeois, après leurs études, rêvent d’acheter un logement, mais cela reste souvent un rêve», regrette Michael Agostini, président de la Jeunesse démocrate et libérale (JDL). La crise du logement sévit, tous les indicateurs sont à la hausse, de même que les inégalités sociales, de plus en plus difficiles à compenser. Ces dix dernières années, la population a augmenté de 24% au Luxembourg, mais le secteur de la construction ne suit pas. Le constat ne date pas d’hier. Pour loger tout le monde décemment, il faudrait construire entre six et huit mille logements par an, selon le président des jeunes démocrates, qui expose les faits avant d’amener les solutions possibles. Or, entre 2007 et 2016, 3 200 logements auraient été construits en moyenne par an. Leur rareté a fait d’eux un moyen d’investissement pour des groupes qui se moqueraient de les louer. En face, les propriétaires de terrain ne seraient pas enclins à lâcher des ares pour les mêmes raisons. 70% des terrains à bâtir appartiendraient à 2,7% de la population.
Partant de là, le Pacte logement 2.0 n’irait pas assez loin, malgré ses avancées en matière de constructions à prix abordables dans les communes. Pour chaque plan d’aménagement particulier (PAP), dans chaque commune, entre 10% et 30% des surfaces constructibles destinées au logement seront cédées à la main publique en vue d’y réaliser des logements. Trop long, dit la JDL. Pour augmenter l’offre, ils proposent une taxation progressive sur les terrains à bâtir inutilisés. Mais en fonction de leur implantation. Ils ajoutent, pour les familles souhaitant transmettre leur capital, un abattement de 10 ares par personne.
Il n’y a pas lieu de croire que moins de gens vont venir au Luxembourg. Il va falloir s’y faire et le seul moyen de les absorber sera de construire
Autre suggestion, la création d’un superministère du Logement qui intégrerait les ministères de l’Intérieur et de l’Environnement pour simplifier les démarches et multiplier les appuis. Il pourrait être en relation avec les conseillers à la construction de logements abordables au sein des communes. Mis à part les terrains inutilisés, la JDL s’est également penchée sur la problématique des logements vides et sur l’augmentation abusive des loyers. Là aussi, ils proposent une taxe nationale, des bonifications d’impôt pour les propriétaires qui n’augmentent pas les loyers de leurs biens ou encore des amendes sur les logements vides non signalés comme tels. «Cela permettrait à l’État et aux communes de dresser un inventaire à moyen terme», estime Daniel Ruiz, le président du groupe de travail sur le logement, qui est en faveur de la création par les communes de leurs propres entreprises de construction de logements abordables.
La JDL foisonne d’idées et de propositions, souvent communes à d’autres partis politiques ou organisations civiles. Elles vont d’une meilleure utilisation des terrains à bâtir et des logements existants à la responsabilisation des communes en passant par la promotion de formes alternatives de logement. Ces mesures seront remises aux grands frères du Parti démocratique pour leur rappeler qu’il est grand temps d’agir. «La crise du logement doit être traitée en urgence, estime Michael Agostini. Il n’y a pas lieu de croire que moins de gens vont venir au Luxembourg. Il va falloir s’y faire et le seul moyen de les absorber sera de construire.»
Sophie Kieffer
Tiny houses : un chez-soi alternatif
Mieux vaut un petit chez-soi qu’un grand chez les autres. C’est ce que propose ce concept de logement débarqué des États-Unis qui a le vent en poupe en Europe. Pour environ 45 000 euros, on peut s’offrir une petite maison d’une trentaine de mètres carrés. Reste à trouver un endroit pour l’implanter. Les campings sont une solution, mais ils sont loin des grands pôles d’activité et ne sont pas considérés comme des adresses officielles.
La JDL propose aux communes de modifier leurs plans d’aménagement particuliers et leurs règlements pour rendre possible l’installation de tiny houses sur des terrains communaux. Et pourquoi pas sur des espaces trop exigus pour servir à la construction d’immeubles plus grands ou dans les grands jardins. «À condition que les communes lèvent certaines restrictions dans leurs règlements communaux pour que ces tiny houses puissent être considérées comme des logements», indique Lou Linster, vice-président de la JDL.