La Gauche a fait le point, vendredi, sur ses propositions en matière de logement. Celles-ci visent plus particulièrement les locataires et les difficultés du marché luxembourgeois.
Quand on parle d’accès au logement, c’est souvent pour parler d’achat. Or déi Lénk voudrait que l’État aide aussi les locataires qui ont de plus en plus de mal face à une pénurie de logements et des loyers en hausse continue.
Le foncier est l’un des gros points noirs du pays, que ce soit pour les potentiels acheteurs ou pour les personnes qui veulent simplement louer leur logement, faute d’avoir les moyens de pouvoir acheter. Le problème c’est qu’avec des prix en hausse continue, la tentation de simplement attendre avec des terrains ou des logements vides est grande pour les promoteurs. Et l’État a accumulé un retard énorme en matière de construction de logements publics, faute de terrains disponibles.
Pour déi Lénk, l’État et les communes disposent pourtant de certains instruments pour mobiliser des terrains en propriété privée, et même pour les exproprier, mais ces outils ne sont que très rarement utilisés : « C’est dans la culture luxembourgeoise, la notion d’utilité publique est restreinte. Et puis la base électorale est composée d’une majorité de propriétaires, les politiques en place n’ont pas intérêt à les contrarier. Mais il n’est pourtant pas question de toucher aux petits propriétaires. Il faut réagir à une situation extraordinaire en débloquant des terrains en friche et des logements vides dont les propriétaires attendent que les prix montent », explique Gary Diderich, porte-parole de déi Lénk.
Le parti a lancé une campagne intitulée «Assumer sa responsabilité» pour mettre le logement au cœur du débat électoral et apporter de nouvelles idées. La campagne s’appuie sur trois piliers : ne laisser aucun logement vide, construire des logements publics et renforcer les locataires. « Contrairement au CSV qui évoque vaguement l’organisation d’une table ronde pour résoudre les problèmes du logement, et aux membres de la coalition au pouvoir qui ne proposent rien pour les locataires, nous avons des propositions très concrètes », poursuit Gary Diderich.
Aucune influence sur l’envolée des prix
La problématique est multiple puisque la construction de logements n’est pas reconnue comme cause d’utilité publique justifiant des procédures d’expropriation. Des promoteurs gardent en sommeil des terrains en vue d’une rentabilité future élevée et certaine. Cela favorise la spéculation, mais également les investissements dans la construction de bureaux, qui sont plus rentables en termes de loyers. Comme parallèlement ni l’État ni les communes ne construisent de logements abordables, ils n’ont aucune influence sur l’envolée des prix. La rareté des terrains disponibles fait donc grimper les prix de l’immobilier. « Nous avons un exemple flagrant à Belval où il y a une spéculation qui est opérée avec des logements vides et qui vont le rester pendant des années. L’État devrait intervenir. »
Pour déi Lénk, il faut construire plus de logements abordables, afin que les familles les plus modestes puissent se loger décemment et ainsi réguler le marché. L’une des solutions proposées et de trouver l’argent du côté de la réserve du Fonds de compensation (FDC) qui s’élève actuellement à 18 milliards d’euros. Ces réserves sont pour la plus grande partie investies sur les marchés financiers internationaux via des obligations (54 %) et des actions (32,5 %). Seulement 5 % de cette somme (soit 800 millions d’euros) est destinée aux investissements dans le marché immobilier luxembourgeois. Selon déi Lénk, la moitié de ces fonds ne sont pas mobilisés, tandis que ceux qui le sont ne sont pas placés dans l’immobilier résidentiel, mais dans des immeubles commerciaux (projets au Kirchberg et au boulevard Royal notamment) ou des surfaces de bureaux (comme le nouveau siège de la Sécurité sociale).
Le logement public pourrait donc être financé par le FDC à travers un service public de l’habitat que déi Lénk propose de créer. Ceci afin de coordonner la politique du logement, concevoir de nouveaux concepts urbanistiques durables et enfin financer des projets de promoteurs publics et des communes. La priorité est de construire plus de logements locatifs publics, quitte à exproprier des terrains dans certains cas car la plupart des terrains à bâtir n’appartiennent ni à l’État ni aux communes.
L’autre volet abordé a été celui de l’assainissement énergétique des logements. Un objectif inscrit dans le cadre de la COP21 et qui permettrait également aux ménages les plus précaires de réaliser des économies. Le député déi Lénk David Wagner a déposé une proposition de loi (n° 7094) pour faciliter l’accès à la location en novembre dernier.
Audrey Somnard