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Logement : «aucun gouvernement n’agit», considère l’OGB-L


Des organismes publics tel que le Fonds du Logement n'ont la main que sur une part infime de l'immobilier au Luxembourg. 92% des terrains constructibles sont au main du privé (Photo : archives Editpress).

Le président de l’OGBL, André Roeltgen, a insisté sur la crise du logement à l’occasion de la rentrée syndicale. Il appelle le gouvernement à agir, pointant un problème de pouvoir d’achat des salariés.

C’est l’une des préoccupations majeures des salariés du Luxembourg, et pourtant rien n’y fait : «Le logement est le problème numéro 1 dans la tête de beaucoup de gens», explique André Roeltgen, secrétaire général de l’OGBL.
Mercredi, lors du comité national de rentrée, le leader a vertement critiqué la situation : «Aucun gouvernement ne s’est jamais réellement attaqué à ce problème. Et ça devient catastrophique. Les prix sont tellement délirants maintenant, que ça finit par nuire à l’attractivité et à l’économie du pays!» L’attractivité, dans le sens où malgré des bons jobs, certains salariés peuvent être tentés par d’autres aventures. Dimension économique, dans le sens où «tout l’argent du budget familial capté par le logement est de l’argent dépensé en moins ailleurs. Et les derniers chiffres sont édifiants : le logement représente 40 % du pouvoir d’achat des ménages au Luxembourg!»

La volonté de mesures radicales

Pour combattre ce phénomène épineux, l’OGBL souhaite un changement de paradigme complet au Grand-Duché : «Ce n’est plus l’intérêt d’une minorité de propriétaires fonciers très riches qu’il faut servir, mais celle du plus grand nombre. Car la crise du logement vient du fait que quelques gros propriétaires de terrain – et nous connaissons tous leurs noms! – font de la spéculation. Il faut mettre fin à la possibilité d’accumuler trop de terrains, par des mesures fortes.» André Roeltgen cite pêle-mêle :
• Une réforme de l’impôt foncier : «Nous sommes en faveur d’un impôt « 0 » pour les particuliers qui ne possèdent que leur maison. Mais cet impôt pourrait être progressif et frapper fort les propriétaires qui accumulent des terrains ou des bâtiments, jusqu’à le décourager.»
• Casser les fonds d’investissement spécialisés dans l’immobilier, «puisque non seulement les gros propriétaires font monter les prix, mais eux, ils tirent toutes les ficelles pour obtenir des bons crédits».
• Taxer la rétention de terrain (une formule existe déjà à disposition des communes, pour taxer les logements vides… la formule est quasiment inutilisée).
• Instaurer un impôt sur la fortune immobilière.

Un problème sans frontière

L’OGBL, qui veut représenter les salariés dans leur ensemble, y compris les frontaliers (47 % des actifs du pays), estime que la crise du logement est subie derrière la frontière aussi. «Français, Belges et Allemands payent les pots cassés de notre inaction. Derrière la frontière aussi, les prix grimpent de façon disproportionnée.»
Sauf que derrière la frontière, une partie des habitants ne gagne pas des salaires luxembourgeois! À Longwy par exemple, les responsables politiques observent que trop peu d’agents publics (instituteurs, policiers, etc.) se logent sur place, préférant faire des dizaines de kilomètres pour des logements plus adaptés à leur salaire. «Au bout de deux ans, dès qu’ils peuvent obtenir une mutation, ils partent», nous avait confié le maire de Saulnes (Lorraine) lors d’un reportage il y a un an. Bref, un problème d’attractivité transfrontière.

Hubert Gamelon

Un problème en appelle un autre

La crise du logement pose aussi la question de la prise en charge par les communes belges, françaises et allemandes de près de 50 % des actifs du Grand-Duché – les frontaliers – et parmi eux surtout, les salariés les moins riches, incapables de se loger au Luxembourg.
Et donc la question d’une clef de répartition des ressources fiscales avec les voisins, pour assumer un développement harmonieux, caricaturée par Xavier Bettel «en décoration de Noël» en mars 2018. Sauf qu’une recommandation du Conseil de l’Europe attendu pour octobre va contredire la position luxembourgeoise sur toute la ligne.
Selon nos informations, l’avis évoquerait «des problèmes liés au financement des services publics essentiels, tels que l’éducation, les crèches, le logement social et les infrastructures de communication dans certaines régions frontalières». La recommandation préconiserait ainsi une «répartition équitable des recettes fiscales qui découlent de la croissance économique en zone transfrontalière».