Réuni en comité national, le syndicat n’a pas pu éviter le sujet covid et en a profité pour défendre le droit de manifester, mais dans les règles. L’OGBL prépare la prochaine tripartite, qui vient un peu tard.
«Comme tout le monde, nous avons parlé du covid», lâche Nora Back, présidente de l’OGBL, à l’issue du dernier comité national de l’année. Ce virus, sur lequel le syndicat a peu d’emprise, mais qui le subit comme tout le monde, aussi. «La situation est compliquée pour nous, parce que nous ne nous sommes pas mêlés des mesures sanitaires, ce n’est pas notre rôle, nous ne sommes pas épidémiologistes», souligne-t-elle.
Mais quand ces mesures ont touché au monde du travail, le syndicat ne pouvait plus rester muet et a dû intervenir. Le gouvernement qui n’avait pas pris la peine de consulter les partenaires avant de donner la possibilité aux employeurs et chefs de service d’introduire le Covid Check sur le lieu de travail, en octobre dernier. Les employeurs devaient se débrouiller avec cette option et le salarié ne savait s’il allait pouvoir conserver son emploi. Tout le monde s’est retrouvé dans le brouillard.
«Cette fois, il y a eu une discussion et nous avons pu obtenir des garanties», explique Nora Back. Surtout, cette négociation a permis de fixer un cadre légal clair. Pour l’OGBL, il était essentiel que la non-présentation d’un Covid Check valide ne puisse constituer un motif de licenciement ce que le texte va préciser. Il était tout aussi important pour le syndicat que le salarié conserve son affiliation à la CNS et que l’employeur continue de payer la cotisation pour la caisse de pension au minimum de 64 heures de travail par mois.
L’OGBL qui réclamait également la gratuité des tests est resté sur un échec et Nora Back le regrette : « Le minimum qu’on demandait, c’est une gratuité au moins pour les ménages modestes, car c’est impayable pour eux. Nous avons eu une fin de non-recevoir.»
En revanche, le syndicat qui bataillait pour différer l’entrée en vigueur du contrôle sanitaire sur le lieu de travail, a réussi à repousser la date au 15 janvier. De quoi laisser du temps pour régler les derniers détails.
Enfin une tripartite
Impossible pour la présidente de se taire sur les incidents qui ont émaillé la manifestation de samedi dernier à Luxembourg. «L’OGBL condamne bien évidemment toutes ces violences et les comparaisons déplacées avec la période nazie, mais il ne faut pas mélanger les manifestants», prévient Nora Back pour qui ce droit de manifester est sacré et qui en fait usage de nombreuses fois pendant cette pandémie, «un principe de base de la démocratie», ajoute-t-elle.
«Nous avons mené des actions syndicales dans tous les secteurs, nous avons surtout organisé la fête du 1er mai où nous étions un millier de personnes», rappelle Nora Back. La présidente de l’OGBL admet que la situation en mai dernier n’était pas aussi alarmante qu’elle ne l’est aujourd’hui mais à chaque fois, un protocole sanitaire était envoyé à la direction de la Santé et les mesures sanitaires étaient respectées, assure-t-elle.
La bonne nouvelle pour Noël, c’est l’annonce d’une tripartite. «Enfin !», lâche la présidente en rappelant que la dernière s’est tenue il y a un an et demi. «On a reçu l’invitation, on regrette que c’est un peu tard et en plein dans la semaine où le budget sera voté donc c’est déjà de la moutarde après dîner», indique amèrement Nora Back.
Cela étant dit, cette tripartite sera l’occasion d’aborder des sujets «sérieux». Le pouvoir d’achat en est un pour le syndicat qui va rappeler combien la crise sanitaire l’a érodé et qui compte obtenir de meilleures prestations familiales. La proposition de directive sur le salaire minimum sera un autre sujet sur la table, qui n’est d’ailleurs pas un Smic européen à proprement parlé. Bien sûr, il sera également question de la flambée des prix de l’énergie, autre grande préoccupation du syndicat.
«Nous discuterons aussi logement et fiscalité. Surtout, il faudra que chacun comprenne que si on veut sortir de cette crise, il faut consolider le pouvoir d’achat des ménages. Je sais qu’aider les entreprises, c’est aussi aider les salariés mais un petit effort supplémentaire doit être fait pour les ménages», conclut Nora Back.
Geneviève Montaigu