Premier comité national de l’année pour l’OGBL et pour sa nouvelle présidente, Nora Back. L’occasion de présenter le plan d’attaque 2020, qui s’inscrit dans la continuité des années précédentes.
Sans surprise, Nora Back et son nouveau bureau exécutif ont décidé de poursuivre en 2020 les combats menés par leurs prédécesseurs afin de continuer à défendre les valeurs traditionnelles du syndicat qui compte quelque 70 000 membres. C’est ce qui a été annoncé, mardi, à l’occasion du premier comité national de l’année du syndicat majoritaire.
Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce programme s’annonce chargé. «On a du pain sur la planche !», a prévenu la présidente, qui compte utiliser toutes les formes d’action possibles pour «défendre l’intérêt des salariés et de leurs familles». «On ne lâchera pas, on augmentera la pression durant toute l’année avec tous nos moyens, que ce soit à la table des négociations, en réunion avec les représentants gouvernementaux, par des actions dans la rue ou par voie de presse.»
Quatre grands sujets vont retenir tout particulièrement la mobilisation de l’OGBL au cours de l’année à venir.
Les inégalités
«Nous sommes confrontés à un grand problème d’inégalité dans le monde, mais aussi au Luxembourg», a rappelé en introduction Nora Back, s’appuyant sur le rapport annuel d’Oxfam, lequel a révélé lundi que les 2 153 milliardaires du globe détiennent désormais plus d’argent que 60 % de la population mondiale.
«L’association a mis tout particulièrement l’accent sur le fait que les super-riches sont souvent des hommes. Oxfam revendique donc un système économique féministe», explique la présidente de l’OGBL. «Or il s’agit là d’une revendication que nous ne pouvons que soutenir à l’OGBL, puisque nous travaillons actuellement sur les secteurs faiblement rémunérés qui sont souvent des secteurs féminisés, comme celui du nettoyage par exemple.» Une action syndicale est d’ailleurs prévue à la fin du mois prochain pour défendre les droits de ces travailleurs «invisibles».
Au-delà de l’inégalité salariale et de la «fausse répartition des richesses et du risque de pauvreté qui augmente au Luxembourg», l’OGBL compte étendre son combat pour «une plus grande équité». «Le salaire minimum est trop bas – nous revendiquons une augmentation de 10%. Quant aux prestations familiales, elles n’ont pas été ajustées depuis 2006, on a donc une perte continue du pouvoir d’achat des ménages. Sans compter le risque de pauvreté des monoparentaux.»
La réforme fiscale
Autre cheval de bataille de l’OGBL sur lequel l’accent va être mis cette année : la réforme fiscale. «On demande une réforme qui va dans le sens d’une plus grande justice sociale», a déclaré la présidente de l’OGBL.
Une justice sociale qui ne peut advenir qu’au «travers d’une politique fiscale qui met l’accent sur les ménages», selon le syndicat.
L’OGBL revendique à cet égard un allègement de la charge fiscale pour les ménages à bas ou moyens revenus et s’oppose à l’abaissement du taux d’imposition des entreprises.
Le logement
Parmi les dossiers urgents, et bien trop souvent inextricables, la question du logement fait figure de serpent de mer. L’OGBL a annoncé qu’elle continuera à se battre en faveur du droit au logement. «On constate une explosion des prix du logement. Nous demandons donc plus de logements sociaux et une véritable lutte contre la spéculation foncière», a réitéré Nora Back.
Le climat
Pour la présidente de l’OGBL, le soutien aux objectifs climatiques est une évidence. Mais elle insiste pour que la politique en faveur du climat «ne se fasse pas au détriment des personnes».
«La politique climatique ne peut se faire qu’avec les gens et pas contre les gens. Il faut des compensations sociales pour toutes les augmentations éventuelles à venir en rapport avec le climat», a-t-elle déclaré, citant pour exemple la taxe carbone (taxe fondée sur le principe pollueur-payeur, qui doit être introduite pour 2021 dans le cadre de la grande réforme fiscale).
«Nous ne pouvons soutenir cette taxe que s’il y a des contreparties sociales. Car des milliers de gens doivent encore avoir recours à la voiture. Et ce ne sont pas les personnes physiques qui ont le plus grand effort climatique à faire. Si on veut introduire une taxe carbone, il faut d’abord trouver des mesures pour aider ces ménages.»
En ce sens, l’OGBL propose la mise en place d’un «crédit impôt mobilité». «Il s’agit de remplacer les frais de déplacement actuels par un crédit d’impôts. Cela serait socialement plus juste», a conclu Nora Back.
Tatiana Salvan