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L’OGBL fustige la Commission Juncker


La politique d'austérité prônée par les responsables politiques a été sévèrement critiquée par André Roeltgen. (Photo : Isabella Finzi)

Les recommandations de Bruxelles concernant le système de pensions, la formation salariale et la fiscalité du Luxembourg suscitent la colère du syndicat. Le paquet d’avenir reste lui aussi dans son viseur.

La politique d’austérité prônée par l’UE n’aurait pas permis d’apporter des réponses aux énormes défis qui se posent à l’Europe. À l’heure où le Luxembourg entame sa présidence européenne, l’OGBL souligne la nécessité de changer de cap et donc de politique. La dimension sociale doit être renforcée pour le premier syndicat du pays. Ce message ne serait cependant toujours pas arrivé à Bruxelles…

Àla sortie de la réunion d’hier du comité national de l’OGBL, son président, André Roeltgen, a présenté des analyses tranchantes et des revendications claires à l’adresse des responsables politiques quelques semaines avant la pause d’été et un automne qui s’annonce une nouvelle fois très chaud.

Pour commencer, André Roeltgen est revenu sur la situation assez paradoxale du Luxembourg. Alors que les prévisions de croissance dépassent largement les 3 % pour les années à venir, le chômage reste élevé. «Les prévisions évoquent même une légère hausse du chômage, les salaires continuent de stagner et le pouvoir d’achat régresse. Tout cela a beaucoup à voir avec le paquet d’avenir, qui reste pour nous un paquet d’épargne», a ainsi lancé le président de l’OGBL.

Selon les calculs du Statec, le paquet d’avenir pourrait impacter le budget de l’État de 0,5 % en 2015 et de 0,9 % en 2019. Pour la seule année 2018, les prévisions indiquent une perte de recettes de 94 millions d’euros pour l’État. Le PIB serait lui impacté de 0,5 % sur trois ans avec une perte de 371 millions d’euros pour la seule année 2018. «Cela démontre que lorsqu’on épargne, on impacte automatiquement l’évolution économique qui est poussée vers le bas», conclut André Roeltgen.

Des lignes rouges tracées

Tous ces analyses et arguments, l’OGBL va les garder en tête en vue des négociations tripartites qui se poursuivent. En automne, des décisions devront être prises. En parallèle, la réforme fiscale est en cours de préparation. L’OGBL a tracé dès hier une ligne rouge : les ménages ne peuvent en aucun cas être mis une nouvelle fois à contribution. «Le travail analytique en cours va confirmer l’inégalité fiscale qui existe entre les ménages et les entreprises. Ce déséquilibre devra être rectifié», souligne le président du premier syndicat du pays. Une adaptation des tableaux d’imposition à l’inflation, l’imposition des grandes fortunes et des revenus du capital sont des pistes lancées par l’OGBL.

D’autres lignes rouges restent la formation salariale avec l’indexation des salaires ou le système des pensions. Un message clair a ainsi été transmis jeudi dernier au vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, venu évoquer avec le gouvernement et les partenaires sociaux les recommandations formulées par Bruxelles à l’adresse du Luxembourg. «Il s’agit de copier-coller idéologiques et politiques qui reposent sur de mauvaises bases de calculs», fustige André Roeltgen. Les calculs concernant le système de pensions effectués par la Commission seraient ainsi contradictoires.

Entre 2012 et 2015, l’impact du système sur le PIB est ainsi passé, à l’horizon de l’année 2060, de 18,6 à 13,1 %. «Cette différence de quelque cinq points fait que le fameux mur contre lequel on risque de se crasher a été repoussé de 20 ans. Il ne serait plus situé en 2030 mais en 2050», avance le président de l’OGBL, qui n’a pas pu s’empêcher de fustiger aussi le gouvernement précédent, trop pressé de réformer le système.

Concernant la formation salariale, André Roeltgen a également répondu aux critiques de la Commission. «L’indexation nous permet de négocier sur le plan sectoriel des salaires liés à la productivité. On a donc en quelque sorte le système parfait», tranche le président de l’OGBL avant de conclure : «Si la Commission veut émettre des recommandations, qu’elle le fasse pour lutter contre l’augmentation des inégalités sociales, contre la hausse du chômage ou encore contre le nombre croissant de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté.»

David Marques