Initialement un pays catholique homogène avec une très petite minorité juive et protestante, le Luxembourg a vu son paysage religieux évoluer grâce à l’immigration, rappelle Lucie Waltzer dans le périodique Forum (numéro 325, janvier 2013).
Cette chercheuse travaille sur les musulmans en provenance de l’ex-Yougoslavie résidant au Luxembourg. Or l’arrivée de ces derniers a «marqué une rupture avec l’immigration en provenance du Portugal et de l’Italie, de culture latine et majoritairement catholique».
Car s’il existait déjà de petites communautés musulmanes au Grand-Duché (notamment turque, algérienne, marocaine et pakistanaise), l’arrivée, dans les années 70, d’ouvriers yougoslaves, puis celle, plus massive, de réfugiés des guerres des Balkans dans les années 90, a changé la donne. Dans un premier temps, rappelle la chercheuse, «l’organisation des prières se faisait de manière informelle par des familles musulmanes, qui mettaient à disposition leur domicile». Puis des associations musulmanes et des lieux de culte sont apparus, traduisant l’enracinement progressif de l’islam dans notre société.
Une communauté peu connue et étudiée
Un enracinement qui a été officialisé grâce à la convention signée le 26 janvier 2015 entre l’État et la Shoura, une ASBL qui entend représenter les musulmans et être l’interlocuteur institutionnel de l’État en matière de culte musulman. Avec cette convention, «la Shoura obtient enfin la reconnaissance du culte musulman, à égalité de traitement avec les autres cultes reconnus, au bout d’une lutte de dix-sept années», se réjouissait l’ASBL l’an passé.
Malgré cela, les musulmans «restent de nos jours une communauté peu étudiée et peu connue», note la chercheuse. D’autant qu’il est impossible de quantifier le nombre exact de musulmans, le recensement de l’appartenance religieuse étant interdit au Luxembourg.
Une étude (European Values Study) signale néanmoins une forte progression de la religion musulmane, de 0,7 à 2 % de la population entre 1999 et 2008. Elle est désormais présentée comme la deuxième religion du pays : le vice-président de la Shoura estimait, l’an passé, à 18 000 le nombre de fidèles au Grand-Duché.
R.V.D