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L’IRM de la discorde : «Nouvelle étape dans la dégringolade du service public»


Onze IRM sont actuellement réparties dans les quatre hôpitaux du pays.  (archives Didier Sylvestre)

Déi Lénk dénonce l’acquisition par le secteur privé d’une IRM dans l’est du pays. Selon la Gauche, «la privatisation rampante de notre système de santé public nuit gravement à la santé publique».

Aujourd’hui, le Luxembourg compte onze appareils à imagerie à résonance magnétique (IRM). Ils sont répartis dans les quatre hôpitaux du pays, à savoir le Centre hospitalier de Luxembourg (CHL), le Centre hospitalier Émile-Mayrisch (CHEM), les hôpitaux Robert-Schuman (HRS) et le Centre hospitalier du Nord (CHdN). Un nouvel appareil doit être mis en service dans l’est du pays au début de l’année prochaine.

En milieu de semaine dernière, le bourgmestre de Grevenmacher, Léon Gloden (CSV), a annoncé la nouvelle sur les réseaux sociaux. Une première dans la région, qui n’a pas d’hôpital. Et cette IRM sera donc acquise et mise en service par le secteur privé, plus précisément le GIE Centre médical Potaschbierg. Si le député-maire de Grevenmacher voit dans l’arrivée de cette IRM un progrès en matière d’accès aux soins dans la région, déi Lénk estime que «cette démarche symbolise une nouvelle étape dans la dégringolade du service public de la santé».

«Depuis l’annulation par le tribunal administratif en décembre 2019 du refus du ministère de la Santé de livrer une autorisation pour l’installation d’un scanner IRM au sein d’un cabinet médical privé situé à la Cloche d’or, les hôpitaux publics ont perdu le monopole sur ces appareils, rappelle la Gauche dans un communiqué. En même temps, la nomenclature de la CNS est telle qu’elle ne permet pas encore de remboursement des actes prescrits dans le cadre d’une IRM s’ils ont lieu dans des cabinets privés. Il y a donc un bémol dans cette affaire, comme il y en aura pour les futures IRM installées peu à peu dans le paysage des structures de santé privées.»

Déi Lénk poursuit en admettant que «les IRM ne sont pas réparties en nombre suffisant sur le territoire, créant des listes d’attente considérables pour l’obtention d’un rendez-vous. Il est par conséquent compréhensible que certains patients se réjouissent de l’annonce faite par le bourgmestre de Grevenmacher». «En revanche, il est prévu que les patients paient dans un premier temps au prix fort et de leur propre poche le tarif d’une consultation IRM, comme l’a souligné jeudi la députée LSAP de l’Est Tess Burton, souligne déi Lénk. Ce petit détail devrait embarrasser un tant soit peu celles et ceux qui se réjouissaient trop tôt.»

Les IRM, une véritable priorité ?

Au vu des données sur la couverture des soins de santé et du développement démographique, déi Lénk «doute fortement que l’augmentation illimitée de l’offre en imagerie médicale soit une véritable priorité, alors que l’amélioration de la prise en charge des maladies chroniques, de la santé mentale et les différentes mesures de prévention le seraient bien davantage». Selon la Gauche, «les IRM sont des instruments très lourds et coûteux induisant des frais considérables à la fois d’entretien pour l’exploitant et de remboursement pour la CNS ainsi que de déboursement pour les patients. Ce qui d’un côté implique des frais d’investissement considérables, engendre de l’autre des gains considérables. D’un côté se trouvent les pouvoirs publics qui entretiennent ces appareils, de l’autre côté des acteurs privés qui financent et exploitent les IRM. Quelque part entre les deux se trouvent pris au piège les patients qui paient leur santé au prix fort».

«Ce n’est plus la peine d’attendre qu’un débat public sur le virage ambulatoire ait lieu à la Chambre des députés, estime déi Lénk. Le virage ambulatoire a déjà été pris depuis un bon moment. L’externalisation des prestations les plus lucratives de soins et de santé (laboratoires, imagerie médicale) de l’hôpital public vers des cabinets et bientôt des sociétés privées de médecins est en cours et prive les hôpitaux publics de ressources importantes.» Déi Lénk avertit sur le fait que «la privatisation rampante de notre système de santé public nuit gravement à la santé publique. Il suffit de regarder du côté de nos pays voisins pour s’en rendre compte. La crise sanitaire du Covid-19 l’a suffisamment mis en évidence».

La Gauche veut rompre avec cette tendance et revendique «la gestion en main publique des soins ambulatoires», mais aussi «la mise en place de maisons de santé pluridisciplinaires publiques» ainsi que «le statut salarial pour les médecins exerçant dans les antennes et cabinets annexes des hôpitaux».

LQ

Un commentaire

  1. Si l’Etat veut garder un monopole, il faut qu’il agisse en conséquence. L’Est a toujours été l’enfant délaissé du pays en matière de santé; que le secteur privé prenne la relève ne me préoccupe pas, mais la Sécurité Sociale devrait être garantie pour toute acte médical reconnu.