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L’État s’attaque aux pesticides


Le Roundup contient du glyphosate, un herbicide qui fait partie de la famille des produits phytopharmaceutiques, dont l'utilisation vise à être réduite et davantage réglementée par le Grand-Duché. En attendant, l'utilisation du glyphosate reste toujours autorisée dans l'UE, malgré le «signal fort» envoyé par les eurodéputés, mercredi, à la Commission Juncker.

Le ministre de l’Agriculture a présenté son programme de réduction des pesticides. Il s’inscrit dans la volonté de l’UE de disposer d’un cadre d’action communautaire compatible avec le développement durable.

Dans un premier temps, seuls les produits phytopharmaceutiques sont visés par la directive européenne qui a été transposée en droit luxembourgeois. Le champ d’application du programme pourra être élargi aux biocides au cours d’une deuxième phase.

Coïncidence ou pas, le gouvernement a présenté son programme de réduction des pesticides (PRP) au moment où, mercredi, les eurodéputés invitaient la Commission européenne à ne pas renouveler l’autorisation, qui expire au mois de juin, du glyphosate au-delà d’une période de sept  ans, au lieu des quinze prévus.

La substance, utilisée en tant que désherbant, entre en effet dans la composition de pesticides décriés en raison de leur caractère cancérogène, parmi lesquels figure le Roundup de Monsanto. Le glyphosate doit en effet sa diabolisation au Centre international de recherche sur le cancer, une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui l’a classé comme cancérogène «probable» en mars 2015, alors même que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) jugeait «improbable», en novembre dernier, le risque cancérogène du glyphosate.

Le glyphosate perd du terrain

S’appuyant sur l’avis de l’EFSA, la Commission européenne s’était montrée favorable à une prolongation de l’utilisation de la substance pour une période de quinze ans. Mais c’était compter sans l’eurodéputée française du PPE Angélique Delahaye (Parti populaire européen, famille du CSV), qui est à l’origine de l’amendement demandant une autorisation de seulement sept ans. « Il y a une attente des citoyens, mais à ce jour, il n’y a pas d’alternative économiquement viable et garantissant la santé humaine à proposer aux agriculteurs en termes de désherbage », a-t-elle déclaré.

De son côté, l’eurodéputée libérale belge Frédérique Ries, de l’ADLE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe, famille du DP), a, pour sa part, déclaré être bien consciente du fait « que le glyphosate ne sera pas interdit dans l’UE dès le mois de juillet et qu’on ne va pas transformer tout un modèle agricole en quelques mois ».

Pour l’eurodéputé luxembourgeois Claude Turmes (Verts européens/déi gréng), qui militait pour le rejet de toute prolongation d’utilisation du glyphosate, il s’agissait avant tout d’envoyer « un signal fort à la Commission européenne et aux gouvernements des 28» .

Les objectifs du programme d’Etgen

Bref, une bataille a été gagnée, mais certainement pas la guerre. Une guerre à laquelle le gouvernement luxembourgeois prend également part en édictant plusieurs objectifs dans le cadre de son programme de réduction des pesticides. Car le glyphosate est un produit phytopharmaceutique, à l’instar des autres herbicides, des fongicides et des insecticides.

Le programme présenté par le ministre Fernand Etgen s’attache, en effet, dans une première phase à ne déclarer la guerre qu’aux produits phytopharmaceutiques. Pour justifier cet assaut, plusieurs objectifs ont été mis en avant par le ministre de l’Agriculture, qui est également en charge de la Protection des consommateurs. Dans ce sens, il s’agira de « généraliser des systèmes agricoles et des moyens connus permettant de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires et les risques qu’ils font peser sur l’homme et sur l’environnement », explique Fernand Etgen.

Bref, santé publique et protection de l’environnement sont visées en priorité. À signaler, enfin, qu’une première évaluation aura lieu cinq ans après l’adoption du plan d’action en Conseil de gouvernement qui statuera sur le texte au terme d’une consultation publique.

Claude Damiani

Votre avis jusqu’au 31 juillet

Avant d’être examiné en Conseil de gouvernement, en vue de son adoption future, le projet de Programme de réduction des pesticides (PRP) est soumis à consultation publique, depuis aujourd’hui et jusqu’au 15  juillet. Le projet peut ainsi être consulté au ministère de l’Agriculture (1, rue de la Congrégation L-1352 Luxembourg), ou sur le site internet du ministère (http://www.ma.public.lu).

Par ailleurs, les questions et observations écrites peuvent être envoyées à l’adresse postale indiquée ci-dessus, ou par courriel à l’adresse info@ma.public.lu, et ce jusqu’au 31 juillet.