Les premiers résultats des mesures de protection de l’air au Luxembourg ont été présentés jeudi. Le trafic routier reste la source principale de nuisance.
Le dialogue «Air propre» est un exercice volontaire organisé par la Commission européenne dans le cadre de la mise en œuvre de la politique de l’Union pour la protection de l’air en Irlande, au Luxembourg et en Hongrie, les trois pays qui ont répondu favorablement à cette initiative.
Le Luxembourg est impliqué dans une étude européenne sur la qualité de l’air. Des instruments de mesure ont été placés à des points stratégiques un peu partout dans le pays – à Remich, Bascharage, Wasserbilig, Mersch, Ettelbruck, Walferdange, Dudelange, Grevenmacher, Luxembourg et Garnich –, histoire de faire des moyennes générales pour le territoire à divers endroits clés, mais également de mesurer les pollutions particulières à ces «hotspots». Sans surprise, c’est le trafic routier qui sort du lot en ce qui concerne la pollution de l’air.
Pour ce qui est des émissions nationales d’oxyde d’azote (NO x ) en 2015, 35 % étaient issues du trafic routier, à égalité avec l’industrie. La quote-part des émissions nationales en oxydes d’azote de l’industrie du verre (par exemple les usines de Guardian : Luxguard I à Bascharage et Luxguard II à Dudelange) était en 2015 de l’ordre de 12 %. Il n’y a pas d’autres établissements classés qui, individuellement, contribuent à un tel pourcentage aux émissions de NO x . La production de clinker (par exemple Intermoselle) représentait environ 5 % des émissions nationales en oxydes d’azote en 2015.
La part de pollution des véhicules routiers est encore plus importante lors des mesures faites sur les «hotspots». Sur ces points, le trafic routier représente 81 % de la pollution. Et si l’on pense que les routiers sont les principales causes, on est loin du compte. Cette pollution est causée à 72 % par les voitures et les camionnettes diesels, les camions ne représentant que 12 % de ce type de pollution. Les voitures ainsi que les camionnettes essence ne représentent elles que 5 % de la pollution en matière de NO x .
70 % des voitures sont des diesels
Il faut dire que le tout diesel a bien fonctionné au Luxembourg. Ainsi, 70 % des voitures immatriculées en 2015 étaient constituées de véhicules diesels au Luxembourg, qui pointe en cette matière au second rang en Europe après l’Irlande (à 71 %). La France, qui a longtemps également misé sur les voitures diesels, possède un parc automobile composé à 57 % de diesels. La dépendance aux véhicules diesels est donc énorme au Luxembourg.
Pour contrer ce phénomène du tout diesel, ce type de moteur émettant cinq fois plus de NO x que les véhicules essence, le gouvernement luxembourgeois a pris plusieurs mesures dans le domaine routier. Ainsi, un réseau de charges pour les voitures électriques est en train de se mettre en place sur tout le territoire. Jusque fin 2020 il est prévu que 800 bornes soient mises en place, ce qui représente 1 600 points de charge.
Actuellement seules 24 bornes sont installées, mais leur nombre augmente rapidement et le Luxembourg devrait être à la pointe d’ici à 2020 en Europe en ce qui concerne le réseau de bornes de charge. Même si la route est longue pour que les particuliers s’équipent en voiture électrique… En 2016, ce type de véhicule ne représentait que 0,27 % des nouvelles immatriculations, et 0,61 % de janvier à mai 2017.
L’État veut montrer l’exemple avec des objectifs d’équipement en automobiles hybrides et électriques. En 2017, 10 % des véhicules (M1) achetés par l’État doivent être électriques (BEV) ou plugin hybrides (PHEV). Dès 2018, ce sera le cas pour tous les véhicules achetés par l’État, sauf exception.
Parmi les autres mesures mises en place, la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, a évoqué la biomasse ligneuse qui , après traitement et séchage, peut être valorisée énergétiquement : 10 050 tonnes de cette source d’énergie équivaudraient, en mazout, à 2 505 841 litres par an.
Depuis la fin de l’année 2016, la thématique de la qualité de l’air a été intégrée dans le pacte climat avec une nouvelle catégorie de certification. Vingt mesures ont été identifiées dans les domaines suivants pour améliorer la qualité de l’air : planification du développement territorial, mobilité, bâtiments communaux et équipements. Pour ce qui est des polluants atmosphériques, l’État va établir des plafonds d’émission pour certains polluants atmosphériques à atteindre en 2020 et 2030. Les réductions à réaliser seront fixées par rapport aux niveaux de 2005.
Audrey Somnard