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Les taxis ne sont pas moins chers ni plus attractifs


Malgré la réforme, la situation n'est pas idéale dans le secteur des taxis. (illustration Julien Garroy)

François Bausch a présenté le premier bilan de la réforme des services de taxis, qui a permis de rendre le secteur plus transparent. Mais pas moins cher ni plus attractif. La copie sera donc revue.

Le ministre du Développement durable et des Infrastructures va préparer le terrain pour le prochain gouvernement auquel il appartiendra d’apporter les corrections à la réforme des taxis entrée en vigueur en 2016. Car la situation, bien qu’améliorée, n’est pas encore idéale. François Bausch, dont l’objectif est «d’offrir un service de qualité à un prix abordable», observe impuissant les prix augmenter de 11 % en 4 ans.

Une hausse difficilement justifiable, selon le ministre, dans la mesure où les coûts à supporter par les exploitants ont évolué de 3,2 % seulement, selon une simulation. «Dans ce même laps de temps, le nombre de passagers au Findel est passé de 2,2 millions à 3,6 millions, la population a augmenté, nous avons eu 500 000 nuitées de plus et 200 000 passagers CFL supplémentaires», détaille le ministre Bausch pour montrer que les chauffeurs de taxi ne peuvent pas manquer de travail.

La réforme de 2016 a libéralisé les tarifs et a surtout permis de faire le ménage dans un secteur où certains travaillaient sans licence et pratiquaient n’importe quel tarif. La nouvelle loi signait aussi la fin des licences communales.

Aujourd’hui, les choses sont plus transparentes. Le client est renseigné sur les tarifs, qui sont obligatoirement affichés à l’intérieur et à l’extérieur du véhicule et il est libre de faire son choix dans la file de taxis. «Devant la gare d’Esch-sur-Alzette, des taxis affichaient jusqu’à 14 euros de différence dans leur tarif», illustre Jean-Paul Maas, responsable du secteur des taxis au ministère du Développement durable, pour dire que la réforme a au moins conduit à la diversification de l’offre escomptée. Au client de faire jouer la concurrence et de dénoncer des pratiques du genre «veuillez prendre le taxi de tête ».

Le client monte dans le taxi de son choix même s’il est garé au milieu de la file. Et le chauffeur est également prié de prendre le chemin le plus court. Sur le sujet, le bureau des réclamations en entend de belles. «Nous avons eu un exemple d’une cliente qui se plaignait d’avoir parcouru 36 kilomètres pour un trajet qui n’en fait que 22», livre Jean-Paul Maas.

Pas un secteur «facile»

Pour le ministre François Bausch, qui dresse le bilan de la réforme, comme demandé par les députés au moment du vote en 2016, le nombre de plaintes des clients est encore trop élevé eu égard à la faible part de la population qui prend un taxi (52 % des résidents ne l’empruntent jamais, selon un sondage TNS Ilres). Parmi ces quelque 273 réclamations, 30 % rapportent un comportement inadéquat du conducteur et 70 % un non-respect du trajet le plus court ou une tarification exagérée.

Pour le bilan répressif, le ministre relève 279 avertissements taxés, dont beaucoup pour des stationnements, mais aussi pour des licences non valables ou carrément pour avoir utilisé une voiture improvisée taxi.

En conclusion, le ministre Bausch peut se satisfaire de la diversification de l’offre avec l’arrivée d’exploitants «offrant des services innovants en termes de réservation préalable et de tarification souple prenant en compte des facteurs comme le trafic escompté», selon le rapport intermédiaire. L’information au client est un net avantage, le helpdesk un bon soutien et les licences «zéro émission» connaissent un grand succès.

En revanche, les prix ont augmenté et le temps d’attente en zone Centre est encore long, surtout aux heures de pointe en ce qui concerne les taxis meilleur marché. Une des pistes consiste d’ailleurs à supprimer les six zones régionales existantes pour les fondre en une seule zone nationale.

Cette option permet un équilibre plus rapide entre l’offre et la demande dans le temps et l’espace, elle diminue les courses à vide, augmente l’offre pour le client et permet surtout aux autorités de se concentrer sur les réclamations des clients.

Quatre autres pistes sont également en discussion avec le secteur : l’augmentation de l’offre de taxis propres, l’adaptation du secteur à l’ère digitale, le renforcement des droits des usagers et le renforcement des pouvoirs de contrôle. Comme le dit très diplomatiquement le ministre François Bausch, ce n’est pas un secteur «facile», histoire de bien faire comprendre que les négociations ne le seront pas non plus.

Geneviève Montaigu