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Les réfugiés vers le marché du travail


En six mois, l'ASTI veut offrir aux réfugiés l'opportunité de trouver un emploi au Luxembourg. (Photo : Editpress)

L’ASTI mène un projet d’intégration des demandeurs d’asile et de réfugiés sur le marché du travail, intitulé «Connections».

Il y a les cours de langue, les cours de droit du travail et la plongée dans le stage en entreprise. En six mois, des demandeurs d’asile peuvent intégrer le marché du travail. C’est le pari de l’ASTI dont le premier groupe vient livrer des résultats plutôt concluants.

Pour tous ceux qui s’inquiètent de savoir ce qui est fait en faveur de l’intégration des demandeurs d’asile et des réfugiés au Luxembourg, l’Association de soutien aux travailleurs immigrés (ASTI) offre un aperçu de son projet pilote «Connections» qui propose de former ce public cible en six mois, afin qu’il puisse affronter le marché du travail.

Inauguré en janvier dernier, ce projet Connections s’est mis en place, sans tambour ni trompette, grâce au bouche à oreille et à Facebook, le réseau social à travers lequel les participants ont été informés et recrutés. Mardi, Laura Zuccoli, présidente de l’ASTI, a fait le point sur ce projet soutenu financièrement par l’Œuvre nationale de secours Grande-Duchesse Charlotte à hauteur de 300 000 euros sur trois ans.

Cela ressemble à un pari fou de former les gens au marché du travail en six mois, mais il s’agit de cours intensifs d’abord en langue puis en droit du travail et en… comportement, ce qui consiste en premier lieu à arriver à l’heure sur son lieu de travail ou à savoir rédiger un CV. Il s’agit d’un vaste projet qui vise à établir un lien entre les demandeurs d’asile et le marché du travail luxembourgeois afin de raccourcir au maximum leur période de chômage une fois le statut de réfugié obtenu. Pour l’heure, un premier groupe de 56 participants suit ce programme et ils sont nombreux à se renseigner sur l’entrepreneuriat, «car ils étaient souvent travailleurs indépendants, artisans, dans leur pays d’origine donc à travers nos ateliers nous expliquons comment créer sa propre entreprise au Luxembourg», détaille Laura Zuccoli.

Après une évaluation des compétences, ce projet sélectionne des candidats pour des stages en entreprise. «Il faut au moins maîtriser la langue anglaise», reconnaît la présidente de l’ASTI qui admet que le français reste la langue la plus utile sur le marché du travail. L’ASTI négocie des stages non rémunérés avec les entreprises partenaires, grâce au carnet d’adresses de Michelle Moses, une anglophone chargée de faire du démarchage auprès des acteurs privés.

«Ce projet fonctionne grâce à nos nombreux bénévoles», souligne Laura Zuccoli. En effet, Connections s’adresse aussi aux résidents et aux personnes qui désirent soutenir et conseiller les demandeurs d’asile et réfugiés, comme aux entreprises qui sont prêtes à les accueillir pour les préparer à leur nouvelle vie active.

Recherche partenaires

Tout a commencé en mars dernier avec une séance d’information à l’issue de laquelle 59 personnes ont été retenues et il en reste encore aujourd’hui 56 dans le groupe, car ceux qui ont raté des cours ou n’ont pas été ponctuels sont gentiment mis à la porte et invités à participer au groupe suivant. Cela fait partie de la formation, explique Laura Zuccoli.

Les ateliers de préparation au monde du travail sont en anglais avec une traduction simultanée en arabe. «À terme, nous aimerions que ces ateliers puissent se faire sans traduction», explique la présidente dans l’espoir que les cours de langue (en français surtout) puissent offrir des résultats probants. Jusqu’ici, le premier groupe se montre plutôt motivé.

Le projet propose aussi des formations courtes (informatique, restauration) et des apprentissages qui peuvent aboutir à des rémunérations si le demandeur a obtenu son statut. Mais avant d’en arriver là, il devra suivre les différentes étapes du projet. En premier lieu, la session d’information sur le fonctionnement du marché du travail au Luxembourg. Ensuite il passe à la deuxième étape avec le questionnaire d’évaluation des compétences, puis par les ateliers pour les formations.

C’est seulement après ces trois premières étapes qu’il est mis en relation avec le marché du travail et effectue un stage si tout va bien. Il s’agit donc de trouver de plus en plus de partenaires pour mener à bien ce projet. Il y a ceux qui sont déjà déclarés comme la Chambre des salariés et l’Adem alors que des négociations sont en cours avec la Chambre des métiers et l’UEL, la Fedil et la Chambre de commerce. Mais l’appel est lancé en direction de l’artisanat, des banques, des commerces, des ministères et des start-up.

Les stages devront débuter en juillet pour le premier groupe déjà bien avancé. Le second groupe démarrera sa session en septembre. L’ASTI compte ainsi former les demandeurs et réfugiés à raison de deux groupes par an.

Le premier groupe est composé de 45 % d’Irakiens, 22 % de Syriens, 15 % d’Érythréens, et 17 % d’autres nationalités.

Geneviève Montaigu