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Les profs en manque de dialogue social


Le président du Syndicat national des enseignants, Patrick Remakel, critique le blanc-seing ministériel. (Photo : Hervé Montaigu)

Le Syndicat national des enseignants (SNE- CGFP) dénonce les méthodes unilatérales du ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, qui passerait outre ses revendications.

Le Syndicat estime que le dialogue social avec le ministère doit être permanent et non se faire de manière ponctuelle.

La hache de guerre est loin d’être enterrée entre les profs et le ministre de l’Éducation nationale. Le feuilleton en est en effet à son énième épisode, avec cette sortie médiatique du SNE-CGFP d’hier. En manque de dialogue social, le syndicat est au bord de la rupture : il lui faut sa dose de négociations, tant les symptômes du sevrage s’avèrent éprouvants. D’autant plus qu’il est ressorti archirenforcé des dernières élections de la Chambre des fonctionnaires et employés publics, en se voyant conférer 21 mandats sur 22 possibles.

«Le SNE-CGFP rappelle [au ministre] qu’il a été plébiscité lors des récentes élections sociales», a clamé le président du syndicat, Patrick Remakel, sous forme d’appel pressant à l’attention de Claude Meisch. Le syndicat est en effet d’avis que le ministre fait la sourde oreille à ses revendications, du moins ponctuellement. «Notre syndicat est prêt à mener des négociations cruciales dans l’intérêt de nos élèves et de nos enseignants», a ajouté le syndicaliste qui décrie l’absence de dialogue social permanent. Car les chantiers sont nombreux, selon lui, et parce que le ministère abuserait de prises de décisions unilatérales, sans se concerter avec le syndicat au préalable.

Et les divergences de vues sont effectivement multiples.

Concernant l’accord conclu dans le cadre de la réforme de la fonction publique, le syndicat s’étonne que le ministère ait passé outre l’avis de la Chambre des fonctionnaires sur les modalités de la période de stage des enseignants dans l’enseignement fondamental.

Le casse-tête du «contingent»

«Les détails sur le stage à accomplir ont tout simplement été intégrés dans le texte de loi de l’Institut de formation, qui a ensuite été expédié à la Chambre des députés avant les vacances d’été, sans que nous ayons eu la possibilité de prendre position sur celui-ci.» Voilà un exemple – parmi d’autres – illustrant les méthodes unilatérales dont serait friand le ministère, selon le syndicat.

Dans ce contexte, un cas de figure similaire de dialogue social bâclé a été mis en avant par Patrick Remakel au sujet de «la majoration d’échelons pour postes à responsabilités particulières».

Par rapport aux chantiers en cours, le SNE-CGFP estime ne pas être entendu, cela sur deux dossiers en particulier : le «contingent» par commune et l’encadrement des enfants à besoins spécifiques. Dans le premier cas, le syndicat est d’avis qu’il faut impérativement rehausser le contingent par commune, en sachant que le contingent représente l’ensemble des leçons hebdomadaires d’enseignement que l’État attribue à une commune, ou à un syndicat scolaire, pour assurer l’enseignement dans ses écoles fondamentales. «Le taux d’encadrement de base doit être augmenté de 1,6 à 1,85», juge le SNE-CGFP, afin de mieux prendre en charge les élèves, car cette réévaluation ferait passer le nombre d’élèves par classe de 16 à 15.

Enfin, au sujet de l’encadrement des élèves à besoins spécifiques, le syndicat réitère son appel en faveur de plus de ressources à destination des équipes multiprofessionnelles qui ne peuvent, bien souvent, assurer leur mission que «sporadiquement». Sans parler de la lenteur bureaucratique et des autres obstacles tels que le secret professionnel, qui empêche un enseignant d’avoir accès au dossier de l’élève concerné.

Affaire à suivre!

Claude Damiani