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Les Portugais face à eux-mêmes


En amont de la conférence, le syndicat portugais UGT-P a signé un accord de coopération avec les deux syndicats luxembourgeois OGBL et LCGB. (Photo : Fabrizio Pizzolante)

Enseignement de la langue portugaise, impôts, retraite: une conférence a été organisée jeudi sur les problématiques propres aux immigrés portugais.

Les immigrés portugais, qui sont nombreux au Grand-Duché, doivent faire face à des problèmes spécifiques. Et ils sont souvent confrontés à un manque d’informations, notamment en ce qui concerne les régimes d’imposition au Portugal et dans leur pays de résidence.

Le syndicat UGT-P a organisé, ce jeudi, à l’université du Luxembourg, une conférence dédiée à la communauté portugaise immigrée, après avoir signé en amont un accord avec l’OGBL et le LCGB, le tout avec des représentants des gouvernements français et luxembourgeois.

Durant tout l’après-midi, les représentants de la communauté portugaise, la plus importante du pays et de loin, ont débattu avec des représentants du gouvernement portugais qui se consacrent à la question des immigrés. Deux thématiques principales ont été abordées à cette occasion : l’enseignement de la langue portugaise à l’étranger et la sécurité sociale pour la communauté immigrée.

Le président de la Chambre des députés, Mars Di Bartolomeo, s’est réjoui de la visite des officiels portugais en soulignant l’importance de la proximité des politiciens avec la population. «Cette conférence a le mérite de permettre aux personnes concernées d’échanger sur leurs problèmes. C’est comme ça qu’on peut les résoudre. Lors d’une visite au Portugal il y a quelques mois, j’ai senti les problèmes que vivaient les gens simples et les concitoyens portugais, j’ai senti cette impatience après la crise de revoir des perspectives. C’est un sentiment qui s’est répandu en Europe après des années d’austérité, il nous faut de nouvelles perspectives de développement et d’espoir.»

Pour l’ancien ministre de la Sécurité sociale, il est tout à fait compréhensible que des Portugais qui ont travaillé toute leur carrière au Luxembourg paient leurs impôts au Grand-Duché. «Les bonnes pensions luxembourgeoises sont un apport important pour le Portugal, il faudrait donc les évaluer à leur juste valeur», a indiqué Mars Di Bartolomeo. Ce dernier évoquait une problématique qui a été évoquée tout au long de la conférence, celle de la double imposition pour les retraités portugais qui retournent au pays après avoir effectué toute leur carrière professionnelle au Grand-Duché. Pour y échapper, il leur suffit pourtant de solliciter le statut de «résident non habituel» qui permet de ne pas être imposé deux fois dans le cas de pension et de revenu provenant d’une activité salariée ou indépendante perçus à l’étranger. Le problème est que beaucoup des personnes concernées qui souhaitent retourner au pays ne connaissent pas cette législation et risquent donc la double imposition, vu que le Grand-Duché pratique la retenue de l’impôt à la source.

Le rôle des langues questionné

La conférence s’est également penchée sur une deuxième problématique : l’enseignement de la langue portugaise. De nombreuses familles pratiquent la langue à la maison, mais il est difficile pour les enfants de l’apprendre correctement en dehors du cadre familial.

Mars Di Bartolomeo a souligné le grand respect que le Luxembourg témoigne pour la langue maternelle des résidents étrangers via le système scolaire mais aussi des systèmes extérieurs. «Le respect doit être réciproque et porter aussi sur notre langue. Apprendre, en plus du luxembourgeois et des autres langues du pays, la langue maternelle, c’est parfois un peu trop…» Le président de la Chambre des députés a ajouté : «Il ne faut pas faire des langues, qui doivent être un facteur d’intégration, un élément d’exclusion.»

La problématique des langues n’agite pas seulement la communauté portugaise, mais elle est également au cœur des débats politiques luxembourgeois depuis de nombreuses années. Si la population portugaise entend protéger sa culture via sa langue maternelle, il lui faut pourtant s’adapter aux trois langues officielles du pays, ce qui est fait à travers l’école. Mais les autorités portugaises souhaitent s’assurer que les jeunes générations perpétuent la langue maternelle alors que les dispositifs manquent cruellement hors du Portugal. Un problème qui ne se résoudra pas en une seule conférence.

Audrey Somnard