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Les pilotes de Cargolux espionnés ?


Le LCGB reproche désormais à la compagnie d’avoir suivi les quatre pilotes, licenciés pour abus de congés de maladie.

Si les suspicions de la part du syndicat chrétien se confirment, une nouvelle dimension dans les relations entre l’employeur et les employés serait atteinte, du moins pour ce qui est du Luxembourg.

Mercredi, le LCGB a confirmé que quatre pilotes chevronnés de la compagnie de fret aérien luxembourgeoise avaient été licenciés. Le motif aurait été dans chacun des cas un abus de congés de maladie. Un argument que le syndicat et les pilotes contestent. Un recours pour licenciement abusif est d’ailleurs plus que probable.

Depuis hier, de nouveaux éléments dans cet épisode, qui risque d’intoxiquer encore davantage le climat social chez Cargolux, ont été dévoilés. Dans une lettre adressée à Paul Helminger, président du Conseil d’administration de Cargolux, dont Le Quotidien a obtenu copie, le LCGB indique que la direction de Cargolux était au courant de «détails concernant la vie privée des concernés pendant leur période de maladie, et ceci en considérant des domiciles assez éloignés [du Luxembourg]».

Les dirigeants de Cargolux se seraient appuyés sur ces informations pour leur reprocher de s’être «éloignés de leur domicile en dehors des périodes de sortie permise».

Un climat d’insécurité

«En considérant les dires de la direction, qui affirme ne pas avoir contacté la CNS (NDLR : Caisse nationale de la santé), on peut se demander si ces allégations ont leur source dans l’utilisation de services d’investigateurs privés», indique le LCGB dans sa lettre, sans tarder à poser la question de la légalité d’une telle pratique.

Au Luxembourg, la loi impose que l’employeur demande à la CNS d’envoyer un médecin de contrôle en cas de suspicion d’abus de congés de maladie. Passer par un détective est pour le moins une pratique exceptionnelle et certainement à la limite de la légalité.

Alors que le LCGB avait déjà mentionné hier le climat d’insécurité qui pèse sur le personnel de Cargolux après le licenciement des quatre pilotes, une nouvelle limite pourrait avoir été franchie. Si la suspicion du syndicat se confirme, «il devient manifeste que les salariés de la société ne pourront plus faire confiance à leurs supérieurs hiérarchiques. Ceci aurait un impact dévastateur pour la société et pour la sécurité des opérations chez Cargolux», souligne le LCGB, qui demande l’annulation des licenciements et un rendez-vous d’urgence avec Paul Helminger.

David Marques