Plusieurs ONG luxembourgeoises ont mis tout en œuvre pour participer à la lutte contre le Covid dans les pays du Sud. Une coopération rendue possible grâce à une plus grande flexibilité.
Le Premier ministre, Xavier Bettel, et le ministre de la Coopération, Franz Fayot, ont rencontré mercredi à Luxembourg des représentants de quelques-unes des ONG luxembourgeoises qui ont activement participé (et continuent de le faire, la pandémie sévissant toujours) à la lutte contre le Covid-19 dans les pays du Sud, des pays moins bien lotis pour protéger leurs populations. Une aide qui a pu intervenir rapidement grâce à une grande flexibilité, tant des collaborateurs sur place que du gouvernement, qui a promptement autorisé la réallocation du budget de certains projets vers de nouvelles activités directement liées à cette lutte.
Une véritable «nécessité», comme l’a souligné Franz Fayot, «la situation étant encore pire pour les pays en voie de développement, aux systèmes de santé plus fragiles, à l’éducation moins bien organisée et dont l’économie, souvent de proximité, a été mise à mal par les distanciations nécessaires».
Parmi les principales actions menées par les différentes ONG figure bien sûr l’acheminement de masques et de produits désinfectants, couplé à une sensibilisation au respect des règles sanitaires. «Un de nos collègues au Niger a tout résumé en une phrase lorsqu’il nous a dit : Nous n’avons pas de masques, pas de gel hydroalcoolique et pas d’argent pour acheter tout cela», relate, très concernée, Marie-Josée Jacobs, la présidente de la Fondation Caritas.
Adapter les activités à la crise
La situation sanitaire, terrible et inédite, a aussi eu pour conséquence d’importantes modifications au niveau des projets en cours avant l’apparition de l’épidémie. Certaines activités ont dû être tout bonnement annulées, d’autres ont pu être adaptées, comme en témoigne Marc Crochet, administrateur délégué de la Croix-Rouge : «Toutes nos activités ont continué, mais à un rythme plus lent. Il nous a aussi fallu une phase d’adaptation pour mettre certains protocoles en place.»
De son côté, Terre des Hommes, qui soutient les droits de l’enfant en Amérique centrale et du Sud, a choisi de fermer plusieurs mois – jusqu’en juillet dernier – ses centres de jour destinés à accueillir des enfants en risque social, vivant dans les quartiers marginaux et les marchés populaires de Managua, au Nicaragua. «Le gouvernement n’a établi aucune règle et néglige totalement la question du coronavirus, mais nos collaborateurs ont estimé préférable de fermer les centres, qui permettent de sortir les enfants de la rue, des addictions, des abus sexuels et économiques», explique Monique Berscheid, la présidente de Terre des Hommes Luxembourg. «De nouvelles activités ont donc été mises en place pour compenser cette fermeture, notamment du Street Work : nos partenaires se sont rendus directement dans les quartiers défavorisés pour distribuer des kits alimentaires aux familles et des masques adaptés aux enfants, mais aussi pour veiller et prendre en charge les enfants victimes de maltraitance.»
Action pour un monde uni, fondée en 1993, qui développe des «projets durables, utiles pour les locaux dans les conditions locales», comme l’explique son vice-président Bechara Ziade, a pour sa part compensé le manque de transport en Afrique durant le confinement afin d’acheminer le personnel soignant vers les hôpitaux et poursuivi les formations, mais en porte-à-porte, les réunions étant impossibles.
Moins de fonds
Si la situation se stabilise, elle est encore loin d’être revenue à la normale. Et se pose comme bien souvent l’épineuse question des budgets et des fonds nécessaires à la poursuite des projets de développement tout en continuant la lutte contre le Covid-19. Quasiment tous les événements permettant de renflouer les caisses de ces ONG ont en effet été annulés, pandémie oblige. Fort heureusement, quelques actions ponctuelles et la générosité des habitants ont permis de poursuivre cette année tous ces projets. «Nous avons cherché des moyens alternatifs. Mais la réponse a forcément été moindre qu’à l’accoutumée», signale Marc Crochet.
Si le gouvernement assure qu’il maintiendra comme à l’accoutumée son aide à hauteur de 1% du RNB (Revenu national brut), le montant de cette aide sera néanmoins moins élevé que les années précédentes, le RNB étant lui-même affecté par la récession économique.
Pour la Croix-Rouge, décision a même été prise ce jour de retirer sa délégation au Cameroun, fait savoir à regrets Marc Crochet : «La Croix-Rouge locale reste présente et nous continuerons de soutenir nos partenaires, mais nos experts ne pourront plus être déployés sur place.»
Tatiana Salvan