L’édition 2016 de la Réunion européenne des étudiants luxembourgeois (REEL) était placée sous le signe des perspectives des futurs diplômés sur le marché du travail luxembourgeois.
De jeudi à dimanche, Kaiserslautern était la ville hôte de la 34e REEL, le rendez-vous annuel qui permet à la communauté estudiantine du pays de faire le point sur l’actualité politique et sociale la concernant. Le cercle des étudiants luxembourgeois de la ville allemande a eu l’honneur d’accueillir deux ministres et de hauts représentants du patronat et du salariat pour évoquer le marché du travail de demain.
Depuis 1984, les étudiants luxembourgeois, éparpillés à travers l’Europe entière, se fixent une fois par an rendez-vous dans une ville accueillant des étudiants grand-ducaux pour y tenir la Réunion européenne des étudiants luxembourgeois (REEL). À côté de la partie découverte de la ville et d’autres moments de détente, chaque édition de la REEL est aussi marquée par des débats plus politiques. Pour cette édition 2016, le cercle des étudiants luxembourgeois à Kaiserslautern (LSK), qui avait obtenu en décembre dernier la mission, de la part de l’Association des cercles d’étudiants luxembourgeois (ACEL), d’organiser ce rendez-vous annuel, a décidé d’innover. Le traditionnel débat spécifique avec le ministre de l’Enseignement supérieur a été remplacé par une nouvelle formule. Samedi matin, le vice-Premier ministre et ministre de l’Économie, Étienne Schneider, était ainsi l’invité d’honneur. Son exposé a permis de dresser le contexte dans lequel évolue actuellement l’économie du pays, qui reste en pleine croissance après les années de crise. «Pour 2017, le Statec mise sur une croissance de 4,5 %», a annoncé non sans fierté Étienne Schneider aux 120 étudiants présents, samedi, dans le principal auditoire de l’université technique de Kaiserslautern.
Courage, audace et innovation
Le courage, l’audace et l’esprit innovateur des responsables politiques et des acteurs de l’économie auraient toujours permis au Luxembourg d’avancer dans la bonne direction. Après la sidérurgie, le secteur financier a pris le relais. Désormais, on se trouve à l’aube de la troisième révolution industrielle, caractérisée par la digitalisation de l’économie.
Le marché du travail de demain a besoin de profils bien différents de ceux qui existaient jusqu’à présent. Les compétences sociales, mais aussi une certaine flexibilité sont nécessaires pour pouvoir se faire une place sur un marché du travail en pleine évolution et en quête de diplômes avec de hautes qualifications. C’est une des principales conclusions du débat sur les perspectives des étudiants sur le marché du travail, organisée samedi après-midi.
Autour de la table avaient notamment pris place le ministre délégué à l’Enseignement supérieur, Marc Hansen, le président de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL), Jean-Jacques Rommes, le directeur de la Chambre des salariés (CSL), Carlo Frising, ainsi que le président de l’ACEL, Laurent Cattarinussi, et le fondateur de la start-up Drink & Drive, Christian Kmiotek. Un débat engagé, nourri par de nombreuses questions du public, s’est engagé entre les cinq participants à cette table ronde. Principal constat : l’économie a besoin de plus de diplômés des matières techniques (ingénieurs, mathématiciens, informaticiens). «On constate des disproportions au niveau du choix des études», regrette Jean-Jacques Rommes.
Besoin de plus de techniciens
La très grande majorité des étudiants luxembourgeois effectue en effet toujours des études d’économie. Ils sont près de 6 200 dans ce cas, alors que les ingénieurs ne sont que 2 100, les informaticiens 1 000 et les mathématiciens 400. «Ce phénomène n’est cependant pas propre au Luxembourg. Au niveau européen, on constate la même évolution», précise Carlo Frising. Dans ce contexte, l’orientation garde toute son importance, pour faire son choix «en connaissance de cause», comme le souligne Laurent Cattarinussi. Or ce chantier reste inachevé au Luxembourg et la coquille vide qu’est la Maison de l’orientation doit prochainement être animée par un peu plus de vie. «Cela reste néanmoins difficile. Les besoins d’aujourd’hui ne seront plus les mêmes dans cinq ans», indique le ministre Marc Hansen. «La formation continue est plus importante que jamais», conclut Carlo Frising en appelant les étudiants à se préparer au mieux à un marché de travail en pleine évolution.
De notre envoyé spécial à Kaiserslautern, David Marques