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Les députés aux abonnés absents


En plein débat, il n'y avait plus que très peu de députés à n'avoir pas déclaré forfait. Pas très fair-play... (photo: le Quotidien)

Alors que le Grand-Duché compte 120 000 sportifs, seuls 25 députés s’intéressent au sujet. Le débat sur le sport, mardi, à la Chambre n’a pas attiré les foules…

Il est incontestable que l’agenda des députés est chargé. Il est également vrai que l’essentiel du travail est fait dans les commissions parlementaires. Mais les élus nationaux devraient tout de même moins s’absenter lors des matches qui se jouent non pas dans les coulisses mais lors des séances plénières.

Toujours est-il que les députés sont régulièrement aux abonnés absents. C’était encore le cas mardi après-midi au moment d’aborder pourtant le point majeur de l’ordre du jour. Le député Claude Lamberty (DP) avait en effet obtenu, après une attente de près de douze mois, une interpellation sur les défis du sport fédéré luxembourgeois.

Après son discours d’ouverture engagé, les rangs se sont rapidement vidés avec à un moment plus qu’une vingtaine de députés présents pour écouter le discours de l’ancienne sportive de haut niveau Nancy Kemp-Arendt (CSV). La phrase clé de son intervention était la suivante : «Il nous faut un changement de mentalité, à commencer dans cette maison, pour que le sport soit enfin apprécié à sa juste valeur.»

Objectif : toucher 1 % du budget de l’État

Ces mots ont sonné très creux dans une «arène» politique presque vide. Le sport intéresse-t-il donc vraiment la politique? La question se pose au vu du manque d’engagement et de fair-play affiché mardi par les élus. Cela n’a pas empêché Claude Lamberty, qui est aussi président de la Fédération luxembourgeoise de tennis (FLT), de formuler un objectif ambitieux.

«Notre société doit être prête à augmenter progressivement le budget dédié au sport dans les années à venir. Pourquoi ne pas se fixer l’objectif d’investir à terme 1 % du budget de l’État dans le sport? Le comité olympique, les fédérations et en fin de compte les clubs et les sportifs valent cet investissement», lance le député du DP.

Il appuie sa revendication sur des chiffres qui s’effacent devant les exploits des athlètes de haut niveau que compte aujourd’hui le petit Grand-Duché. Un Gilles Muller ou un Bob Jungels ont débuté la pratique du tennis et du cyclisme dans un club local et ont été encadrés par des entraîneurs bénévoles.

Aujourd’hui, le nombre de sportifs est estimé à 120 000 personnes, dont 30 000 pratiquants de sport loisir, qui se répartissent dans 1 400 clubs. «La pratique sportive régulière peut réduire de 2 à 16 % les coûts à supporter par les caisses de santé», précise Claude Lamberty.

Même si Cécile Hemmen (LSAP) a tenté de prouver par l’énumération du programme gouvernemental que le «sport n’est certainement pas l’enfant pauvre de la politique luxembourgeoise», l’impression d’un discours de façade reste présente.

Josée Lorsché (déi gréng) a elle insisté sur les 5,5 millions d’euros que l’État a mis à la disposition des fédérations sportives en 2017, dont plus de 2,9 millions d’euros pour le personnel et les entraîneurs. Tout cela n’empêche cependant pas qu’«un trop grand nombre d’enfants ne savent même plus faire une culbute», déplore Claude Lamberty.

«Il s’agit pourtant de l’abécédaire de toute pratique sportive.»

Avec un nombre de bénévoles qui reste en nette régression, le monde sportif et associatif du Luxembourg est confronté à un défi majeur. La mise en place d’un programme spécifique pour améliorer la motricité des enfants est un pas en avant. «Mais on manque encore d’infrastructures dans pas mal de communes», fustige Roy Reding (ADR) à son tour.

Lors de la réplique du ministre des Sports, Romain Schneider (LSAP), les absents étaient de retour. En poste depuis 2009, l’ancien président du FC Wiltz a tenu à défendre le bilan de son ministère.

«Il est important que le sport garde un ministère à part entière», a conclu le ministre socialiste. Mais il a été obligé de reconnaître que dans certains domaines les infrastructures sportives «touchent à leurs limites».

Malgré tous ces investissements, la distance entre le Marché-aux-herbes et les terrains sportifs peut être grande. Le chemin inverse est bien plus court. Il est en effet fort probable que d’anciens sportifs seront encore présents en nombre sur les listes électorales pour les législatives.

Avec un autre statut pour le sport à la clé? La glorieuse incertitude existant sur une pelouse est aussi valable en politique. Rien n’est donc encore perdu.

David Marques