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Les césariennes sont-elles trop fréquentes au Luxembourg ?


Une pétition réclame «mise en place d'un cadre réglementaire strict visant à stopper les excès de pratiques de césariennes, sans argumentations ou sans considérations médicales". (illustration Isabella Finzi)

Les césariennes seraient trop souvent pratiquées au Luxembourg au détriment, parfois, de la santé des jeunes mamans. Une pétition demande la réglementation de cette intervention chirurgicale.

Les taux de naissance par césarienne ont fortement augmenté au cours des vingt dernières années dans le monde. Au Luxembourg aussi. Aurore Rössler, conseillère communale à Bous, à l’initiative de la pétition n°1253, dénonce «une culture de la césarienne». Or, selon elle, les césariennes pratiquées «ne seraient pas toujours nécessaires ou justifiées, malgré les argumentations des médecins».

Pas question pour Aurore Rössler d’interdire ces interventions chirurgicales – elle-même en a subi une qui était nécessaire –, mais elle souhaite que leur pratique soit réglementée. Le texte déposé le 24 mars dernier en accord avec l’Association luxembourgeoise des sages-femmes indique clairement son intention de solliciter la «mise en place d’un cadre réglementaire strict visant à stopper les excès de pratiques de césariennes, sans argumentations ou sans considérations médicales, basées sur des fondements médicaux sérieux». Sans oublier de créer des moyens de contrôle de l’application de la réglementation dans les hôpitaux.

«La césarienne reste une opération chirurgicale qui est loin d’être un acte anodin», poursuit Aurore Rössler. En effet, plusieurs études pointent une plus forte proportion de complications graves (hémorragies massives, infections, embolies pulmonaires…) chez les femmes accouchant par césarienne.

Les femmes mal informées

La pétitionnaire s’appuie sur des témoignages de professionnels de la maternité, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ainsi que d’organisations nationales et internationales, pour affirmer que ces actes «sont pratiqués trop souvent pour des raisons autres que des raisons de santé». Elle cite notamment «une approche économique des soins», une manière pour les médecins et les hôpitaux de s’organiser plus facilement ou de «donner plus de sécurité aux médecins».

«Parfois, des césariennes sont planifiées en fonction des congés des praticiens, explique Aurore Rössler. De cette manière, les futures mamans sont certaines d’être prises en charge par le médecin qui les a suivies durant leur grossesse.» Pourtant, ce confort est tout relatif. «Le nombre de ces actes augmentant, le rythme des services aussi, indique la jeune femme. La qualité d’encadrement des jeunes mamans s’en ressent. Les infirmières de ces services n’ont plus le temps d’apprendre les premiers gestes, comme l’allaitement, aux mamans.»

Aurore Rössler veut également dénoncer un tabou à travers sa pétition. «Les futures mamans manquent d’informations sur l’accouchement. Elles doivent être sensibilisées par les médecins ou par les animateurs de cours prénataux aux moyens sains et naturels d’accoucher, insiste-t-elle. Elles doivent connaître les pratiques indiquées pour la naissance de leur bébé» et pouvoir «recourir à une naissance non traumatisante». Sans parler des risques psychologiques et physiologiques.

Sophie Kieffer