Les représentants de la Chambre d’agriculture ont rencontré la ministre Martine Hansen pour évoquer notamment les épidémies menaçant le cheptel.
Le monde agricole est actuellement secoué par une crise liée à la maladie de la langue bleue qui touche ovins et bovins. La situation a été évoquée jeudi dernier lors d’une réunion entre les représentants de la Chambre d’agriculture et la ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Viticulture, Martine Hansen. Lors de cette réunion de concertation, les représentants du monde agricole ont souligné les lourdes pertes subies par les agriculteurs à cause de la fièvre catarrhale ovine (ou maladie de la langue bleue), notamment une baisse significative de la productivité des vaches laitières.
Depuis huit semaines, la maladie s’est répandue sur le territoire et va laisser des traces également chez les éleveurs de moutons, notamment, qui ont vu une partie de leurs bêtes mourir de la maladie, comme nous l’évoquions dans nos colonnes le 7 septembre dernier. La maladie est transmise par les mouches (les Culicoïdes) qui piquent le bétail. La baisse prochaine des températures, qui impliquera une baisse du nombre de mouches, devrait freiner l’épidémie même si le mal est fait. La vaccination devrait aussi protéger les animaux, même si un délai de trois semaines doit être atteint pour protéger les animaux.
Concernant l’épidémie, la ministre a rappelé qu’il existait une assurance contre cette maladie, avec une prise en charge de 65 % de la prime par l’État. Malheureusement, elle a ajouté que la réglementation actuelle «interdit toute indemnisation pour les pertes et dommages couverts par une assurance subventionnée par l’État», selon le communiqué du ministère publié après la réunion. Martine Hansen a également précisé que le Luxembourg disposait actuellement d’un stock suffisant de vaccins et a invité les agriculteurs à faire vacciner leurs cheptels.
Dans nos colonnes, le président de Chambre d’agriculture, Christian Hahn, estimait que le vaccin était arrivé trop tard au Luxembourg. «En Belgique, ils l’ont eu fin mai, voire début juin», avait-il dit. Au Grand-Duché, il est arrivé seulement courant août. En outre, la ministre a annoncé aux représentants des agriculteurs que son ministère allait acquérir, dès maintenant, des vaccins contre la maladie hémorragique épizootique (MHE), actuellement présente principalement dans le sud de la France.
La maladie touche surtout les ovins et ce sont encore les moucherons Culicoïdes qui la transmettent. Cette maladie se traduit par de la fièvre, de l’anorexie, des boîteries et une détresse respiratoire. Elle est mortelle dans moins de 1 % des cas. Par contre, elle touche aussi les cervidés et elle est, chez eux, mortelle dans 90 % des cas!
Des fruits et légumes made in Luxembourg
La réunion de la semaine dernière a également permis d’aborder la protection des surfaces agricoles à haute valeur économique. Les échanges ont porté sur la perte de terrains liée au système de compensation actuel. En outre, la question de l’installation de panneaux agrivoltaïques, visant à concilier production d’énergie et maintien des surfaces agricoles productives, a été discutée par les participants à ce rendez-vous. Nos champs fourniront-ils en plus de l’énergie au pays ?
Concernant le conseil agricole, la ministre a rappelé que, conformément à l’accord de coalition, une étude d’évaluation est en cours afin d’adapter le système de conseil aux besoins actuels et futurs des agriculteurs. Il est également prévu de renforcer la digitalisation du service, notamment en introduisant des démarches supplémentaires via la plateforme guichet.lu.
Enfin, la ministre a annoncé que le gouvernement cherche activement à encourager la diversification en augmentant la production de fruits et légumes au Luxembourg. Des solutions sont à l’étude pour promouvoir la création de serres innovantes, capables de produire davantage de produits frais tout au long de l’année.
À l’issue de la réunion, la ministre Martine Hansen a souligné l’importance de maintenir un dialogue régulier et constructif avec les acteurs du secteur agricole, notamment en ce qui concerne le dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture de l’UE. Alors qu’une nouvelle commission européenne se met en place et que les nouveaux députés européens prennent leurs marques, le dossier agricole s’annonce brûlant.
C’est le Luxembourgeois Christophe Hansen qui devrait devenir le commissaire ayant ce domaine dans ses attributions. L’attente est grande entre concurrence internationale, transformation de la profession dans le contexte du réchauffement climatique et de la protection de la nature, niveau de vie des agriculteurs et souveraineté alimentaire européenne.