Mercredi, le ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen, a présenté une série de mesures de soutien pour les secteurs agricoles en crise. Parmi elles, une enveloppe de 1,1 million d’euros financée pour la moitié par l’UE.
À coté de cette aide financière temporaire censée alléger la situation difficile des exploitations agricoles, l’État luxembourgeois a décidé de relever la prise en charge partielle des cotisations sociales de tous les agriculteurs et d’offrir aux producteurs du secteur laitier et porcin une aide permettant de restructurer leurs prêts au moyen d’une année blanche.
Au Luxembourg, les producteurs de lait ont connu une baisse des prix de 24 % de juin 2014 à juin 2015. De juin 2015 à juin 2016, il y a eu une nouvelle baisse de 13 %.» Ce sont les chiffres que le ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen, a cités, mercredi après-midi à l’occasion d’un point presse, pour illustrer la situation très préoccupante régnant actuellement sur les marchés des produits agricoles. «Les raisons de cette crise sont dues à un déséquilibre entre l’offre et la demande», poursuit le ministre. Le prix payé au producteur couvre difficilement les coûts de production. Conséquence : «Les exploitations agricoles manquent de liquidités.»
Afin de venir à la rescousse des agriculteurs, le ministre de l’Agriculture a annoncé une série de mesures. Ainsi la part des cotisations sociales de tous les agriculteurs à prendre en charge par le budget de l’État pour l’année 2016 sera relevé : pour les cotisations d’assurance maladie, la participation de l’État passera de 75 % à 90 % et pour les cotisations d’assurance pension de 25 % à 57,75 %. Pour l’assurance accident, l’État s’engage à prendre en charge trois quarts des cotisations. Le montant de cette aide est estimé à 3,7 millions d’euros.
La deuxième mesure présentée, hier, par le ministre concerne plus particulièrement les producteurs du secteur laitier et les producteurs de la viande porcine. L’introduction d’une année blanche doit leur permettre de restructurer leurs prêts existants. «Avec l’accord de leur banque, les producteurs peuvent suspendre le remboursement d’un prêt pour la durée maximale d’un an, explique Fernand Etgen. Parallèlement l’État prend en charge les intérêts en relation avec les crédits bancaires à payer au cours de ladite année jusqu’à un plafond de 15 000 euros par exploitation.»
«Réduire de 1,4 million de tonnes de lait»
Cette mesure a pour objectif de libérer temporairement des liquidités sans pour autant augmenter les capitaux empruntés des exploitations agricoles. Pour cette mesure, la Commission européenne doit toutefois encore donner son feu vert.
À ces aides nationales, viennent s’ajouter «deux mesures de soutien exceptionnelles» d’une valeur de 500 millions d’euros. Elles ont été décidées au Conseil des ministres européens de l’agriculture le 18 juillet à Bruxelles. «Le but de ce paquet est de rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande sur le marché du lait», résume le ministre.
D’un côté, 150 millions doivent inciter les agriculteurs à réduire leur production de lait. Chaque producteur peut participer à la mesure pendant une période de trois mois durant laquelle il reçoit une compensation financière au prorata des litres non produits. «L’objectif est de réduire de 1,4 million de tonnes de lait dans l’UE», note Fernand Etgen. Le programme débute le 1er octobre.
La deuxième mesure européenne est financée par un budget de 350 millions (dont 560 115 euros pour le Luxembourg). Cette enveloppe doit stabiliser le marché national, principalement le secteur laitier. Le gouvernement a décidé d’allouer en tant que rallonge nationale l’équivalent des aides européennes au titre de subvention nationale. Ce qui porte l’aide financière à un total de 1,1 million d’euros.
Une troisième mesure prévue au niveau européen concerne un paiement anticipé des aides de la PAC à partir du 15 octobre. «De cette manière les liquidités coulent plus vite dans les exploitations», conclut Fernand Etgen.
Fabienne Armborst