Le cap est fixé. Si la couverture vaccinale atteint 85 % chez les adultes, la ministre de la Santé se dit prête à imiter le Danemark, qui vient de lever les dernières restrictions anticovid. Pour l’instant, le compte n’y est pas.
La nouvelle loi Covid a été adoptée ce mardi par une très large majorité de la Chambre des députés (54 voix pour, 4 contre, 2 abstentions). La majorité gouvernementale (DP, LSAP, déi gréng) a été accompagnée par le CSV et le Parti pirate. L’ADR continue de bloquer toute «restriction contre les libertés fondamentales» alors que déi Lénk s’est abstenue en raison du risque qui pèserait sur la cohésion sociale. CSV et Parti pirate ont émis des doutes quant au nouveau concept sanitaire dans les écoles (lire ci-dessous), sans toutefois s’opposer à la prolongation pour un mois du Covid Check.
Est-ce que cette 22e mouture des restrictions sanitaires sera la dernière avant le retour à la vie normale, mis en perspective par la ministre de la Santé, Paulette Lenert? La condition pour l’abolition de nouvelles mesures anticovid est une nette augmentation de la couverture vaccinale. L’objectif est fixé aux alentours de 85 % de la population adulte. Pour l’instant, le Luxembourg pointe à 72,1 %. Le Danemark, qui vient de lever toutes les restrictions, affiche, lui, une couverture vaccinale des adultes de 86,9 %.
La campagne de vaccination stagne
L’ADR et son député Jeff Engelen sont montés ce mardi au créneau pour remettre en question la «crédibilité» du gouvernement. «En décembre dernier, la ministre de la Santé a annoncé que l’immunité collective serait atteinte lorsque 70 % de la population serait vaccinée. On attend donc quoi pour lever les mesures?», s’échauffe l’élu du parti réformateur. «Le virus a évolué», se défend Paulette Lenert. Avec le variant Delta, la couverture vaccinale devra désormais atteindre les 85 %. «Le risque à prendre sera alors gérable. Et à cette condition, on est bien entendu disposé à suivre l’exemple du Danemark», souligne la ministre.
Le défi des quatre semaines à venir sera donc d’augmenter sensiblement le taux de vaccination. Claude Wiseler (CSV) fait remarquer que la campagne, «bien orchestrée», stagne depuis le début de l’été. «Avant les vacances, quelque 50 000 doses étaient administrées chaque semaine. Actuellement, on tourne autour des 7 500 doses. La période des congés peut expliquer cette baisse, mais je ne suis pas sûr que cela soit la seule raison», développe l’élu chrétien-social. Il plaide pour une analyse en profondeur des catégories socio-professionnelles qui n’ont pas encore été vaccinées. «La liberté invoquée par ceux qui refusent la vaccination ne peut être garantie si la solidarité joue au sein de la société», ajoute Claude Wiseler.
Cette dernière réflexion n’est pas partagée par Nathalie Oberweis (déi Lénk) : «Je ne veux pas jouer l’avocate des non-vaccinés, mais insinuer que ceux qui s’opposent à la vaccination sont non solidaires ne permettra pas de les faire changer d’avis.» Josée Lorsché (déi gréng) a des mots bien plus durs : «Ceux qui refusent la vaccination font clairement le choix de tomber malade.»
Le vaccin ou le Covid Check
Une obligation vaccinale a été une nouvelle fois exclue, ce mardi. Paulette Lenert veut continuer à miser sur la «force de conviction». Elle se dit «optimiste» quant à un «rebond des vaccinations» dans les semaines à venir. Pour illustrer ses propos, la ministre avance plusieurs chiffres : l’«Impfbus» a administré lors de ses 63 sorties quelque 2 000 doses. Les 244 cabinets médicaux qui sont habilités à vacciner leurs patients ont enregistré plus de 3 000 rendez-vous. Il est prévu de se rapprocher des entreprises et des lycées pour continuer à accélérer la vaccination. «Ces actions de proximité doivent être multipliées», insiste Sven Clement (Parti pirate).
En attendant, la prolongation des mesures anticovid serait sans alternative. «Un adulte sur quatre n’est pas encore immunisé et risque de tomber gravement malade. Notre devoir est de protéger l’ensemble de la population, d’éviter une surcharge des hôpitaux et d’assurer le fonctionnement de l’école et de l’économie», détaille le Premier ministre. Sans augmentation du taux de vaccination et en cas de multiplication des infections et hospitalisations, le «seul choix» du gouvernement serait de «généraliser davantage le Covid Check». Le compte à rebours est lancé.
Une 3e dose pour les plus âgés
Les plus de 75 ans vont pouvoir bénéficier d’une troisième dose du vaccin anticovid. Le Conseil supérieur des maladies infectieuses recommande ce «booster» en raison de la diminution plus accentuée des anticorps chez les personnes âgées. Les invitations seront envoyées en trois étapes (17 et 24 septembre, 1er octobre). Le principe est que les personnes pleinement vaccinées depuis 6 mois (2 mois pour le vaccin à dose unique) peuvent obtenir une troisième dose.
En parallèle, tous les résidents des structures pour personnes âgées pourront se faire injecter un «booster». Des équipes mobiles vont se déplacer dans les structures.
Les personnes dialysées s’ajoutent à la liste qui comprend déjà depuis juillet les personnes immunodéprimées.
David Marques