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[Législatives] Une campagne laborieuse pour une issue mystérieuse


L'élection s'annonce pleine de suspense. La coalition pourra-t-elle ou voudra-t-elle poursuivre l'aventure ? (photo Isabella Finzi)

Cette campagne ne ressemblait à aucune autre. Pour les uns, il s’agissait de défendre un bilan et de tenter de conserver la main sans s’en cacher. Pour les autres, il s’agissait de s’affirmer comme meneur. Pour tous, il était surtout de bon ton de se montrer poli.

Ceux, parmi les candidats, qui ont un chien n’ont pas raté l’obscure journée mondiale qui leur était dédiée le 10 octobre dernier pour s’afficher avec leur compagnon à quatre pattes sur les réseaux sociaux.

Sans savoir combien exactement, la pose avec toutou et la petite pensée émue qui va avec doit rapporter quelques points. C’est même certain. On ne s’imagine pas l’impact que peut avoir un Daniel Frères, par exemple, sur une certaine frange de l’électorat qui fond devant toute l’humanité qu’il lit dans l’œil d’un chien qui remue la queue.

Cet ancien du PID de Jean Colombera passé chez les pirates dans la circonscription Est fera gagner des voix au jeune parti de Sven Clement, c’est certain. Dans cette campagne que ces électeurs potentiels ont suivi de loin, la cause animale aura retenu toute leur attention comme la cause identitaire que défend un Fred Keup dans le Sud pour l’ADR.

Ils sont tous les deux des pièces rapportées à forte valeur ajoutée. Ils sont deux candidats différents, issus du monde associatif et du réseautage social. Le premier se consacre entièrement aux animaux en détresse et le second à la langue luxembourgeoise qu’il sent en détresse. Ils n’ont pas besoin de s’étendre sur le programme électoral, la seule image qu’ils ont su renvoyer d’eux-mêmes suffit à séduire les plus désabusés des électeurs.

Bienveillance générale

Cette campagne aura révélé que les petits partis pouvaient eux aussi emmener des candidats jusqu’au sommet sans avoir recours à une armée de sherpas pour les guider. Ils y arrivent tout seuls comme des grands. Leurs électeurs leur font déjà confiance. Reste à savoir leur nombre.

Des éléments comme ces deux candidats sont éminemment perturbateurs à plus d’un titre parce qu’ils ruinent aussi le potentiel des scrutins de liste, sur lesquels comptent tous les cadors de cette édition 2018. Plus que jamais. Toutes les têtes de liste lancent des appels désespérés à chaque étape de leur tournée pour inciter les électeurs à ne mettre qu’une seule croix dans la bonne case, mais cette élection risque bien de battre des records de panachage car il s’agit aussi de reconnaître les mérites de ceux qui ont su convaincre avec leur bilan personnel dans ce gouvernement sortant.

Pour beaucoup des candidats, rompus à la pratique, cette campagne électorale ne ressemblait pas aux autres. Pour la première fois, on affichait ses préférences quant aux partenaires de coalition. Pour la première fois aussi, on a évoqué des pourparlers déjà avancés entre le DP et le CSV. Pour la première fois, une coalition tricéphale a prié les électeurs de ne pas rompre la dynamique mise en place il y a cinq ans.

On ne sait jamais…

De quoi déboussoler des électeurs déjà lassés d’entendre les mêmes questions et les mêmes réponses au fil des débats et divers face-à-face, qu’ils soient polis ou vifs. La planète se meurt et les politiques bataillent autour de la question identitaire, chacun se disant plus attaché que son voisin à la langue luxembourgeoise et à toutes les traditions du pays. Passé ce cap, la croissance a pris le relais.

C’est ainsi que s’achève une campagne où tout le monde s’est montré bienveillant. Pas d’agressivité, on ne sait jamais. Toutes les constellations sont possibles sauf celle qui lierait le CSV avec l’ADR. Ce ton risque de changer dès ce dimanche soir.

Geneviève Montaigu

Quel bout du camembert pour les différents partis en 2018 ?

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