Ils ne pèsent pas bien lourd, mais comptent tirer leur épingle du jeu lors des élections législatives : ce sont les petits partis politiques du Luxembourg.
Le scrutin des législatives d’octobre s’annonce plus ouvert que jamais, avec un gouvernement sortant DP / LSAP / déi Gréng qui a un solide bilan à défendre contre un CSV qui, écarté du pouvoir en 2013, se montre de plus en plus impatient de revenir aux affaires. Si les sondages indiquent que le CSV sera incontournable, le paysage politique est en train d’évoluer fortement.
Un des enjeux de cette élection sera en effet le gain ou la perte de voix du «Big 6» qui siège à la Chambre au profit ou au détriment des plus petits partis, qui ne s’avouent pas battus malgré des résultats assez marginaux enregistrés lors des scrutins précédents. Notre tour d’horizon!
Dossier de David Marques.
KPL : les communistes y croient dur comme fer
Depuis 1994, le KPL ne dispose plus d’aucun député. La formation communiste compte cependant parmi les partis historiques du pays, au point que le KPL a été invité à rejoindre le gouvernement d’union nationale après la Seconde Guerre mondiale (1945-1947). Après les élections législatives de 1968, le KPL comptait même six députés. Mais l’étoile communiste n’a plus cessé de baisser depuis cette époque. Le parti presque centenaire (fondé en 1921) ne baisse cependant pas les armes et croit dur comme fer à un retour au Marché-aux-herbes.
Une nouvelle lutte des classes devient en effet réalité, comme le souligne le KPL dans la version provisoire de son programme électoral. «La crise du système capitaliste s’exprime surtout par le fait que malgré l’investissement de milliards de dollars et d’euros (…) la croissance économique continue à battre de l’aile», fustige le camp communiste tout en dénonçant la «spéculation pratiquée au niveau des Bourses». Tout cela ne ferait qu’«agrandir le fossé entre riches et pauvres».
Le KPL mise donc clairement sur les plus démunis et compte défendre leur cause bec et ongles lors du prochain scrutin. Parmi les idées reprises dans le programme dévoilé il y a quelques semaines figure notamment la revendication d’une hausse de 20 % du salaire social minimum. Le KPL milite aussi pour l’introduction d’un impôt sur la fortune, idée qui a disparu des revendications du LSAP. Un système d’éducation équitable, qui ne doit pas se transformer en «privilège» pour les mieux lotis, la construction de 50 000 logements à prix abordable et la réduction massive des dépenses dans le domaine militaire sont d’autres axes du programme avec lequel le KPL compte sortir de l’ombre.
Déi Konservativ : Joe Thein défie l’ADR
Exclu des rangs de l’ADR, l’ancien conseiller communal de Pétange Joe Thein a décidé de défier son ancien parti avec son propre parti, baptisé «déi Konservativ». «On vient de fêter notre premier anniversaire. Nos préparatifs en vue des législatives sont en cours de finalisation», indique le président de parti. Récemment victime d’une attaque contre sa maison familiale, Joe Thein ne compte pas baisser les bras. «La défense de la langue luxembourgeoise sera une de nos priorités.
Davantage de démocratie directe en misant sur plus de référendums sera une autre priorité», annonce le président. Le parti compte aujourd’hui plus de 100 membres. Déi Konservativ mettra cependant l’accent surtout sur le Sud, où le parti compte présenter une liste complète. La mobilité jouera aussi un rôle majeur. «On compte défendre le projet du monorail, qui à nos yeux constitue une solution pour résoudre les problèmes de mobilité», conclut Joe Thein.
FÖDP : alternative aux Gréng plutôt qu’au DP?
Le FÖDP vole depuis sa création le 2 septembre 2016 sous le radar. Au départ, il a été estimé que le «Fräi Ökologesch Demokratesch Partei» pourrait venir concurrencer les libéraux du DP. Mais finalement, le FÖDP se profile comme une alternative à déi gréng. «Notre vingtaine de membres est plus tournée vers la politique verte. Rien ne sert de défier un LSAP ou un DP. Mais on estime que les verts font fausse route depuis qu’ils sont au gouvernement», note Ronald Mordiconi, président national du FÖDP.
Le tout jeune parti compte présenter une liste uniquement dans la circonscription Sud. «On espère présenter 23 candidats. Pour l’instant, on est bloqués à 15», explique Ronald Mordiconi. Programme et listes sont en cours de finalisation. Reste à mieux connaître et cerner ces candidats. La présence de Steve Melmer, vice-président, fait ainsi déjà débat. Son attitude extrémiste lui aurait valu une exclusion de l’ADR. Affaire à suivre donc.
Les Pirates et le PID dans un même bateau
Le Parti pirate a signé un résultat solide lors des élections anticipées de 2013. Il était le seul petit à dépasser la barre des 2 %, barre symbolique nécessaire pour être éligible aux fonds publics. Aux élections européennes de 2014, les pirates ont aussi signé un joli score (plus de 4 %), au contraire du PID.
Le Parti pour la démocratie intégrale (PID), lancé en 2013 par l’ancien député ADR Jean Colombera, joue depuis ses débuts un rôle très marginal. Pour le scrutin national à venir, il cherche son salut en signant une alliance avec les pirates. «Cela ne sert à rien de trop disperser les voix entre petits partis. Ayant constaté que nos programmes directeurs se rejoignent sur pas mal de points, on a décidé de signer cette alliance», note Sven Clement, le président du Parti pirate.
L’introduction d’un revenu universel, une plus grande transparence et une plus grande participation citoyenne sont trois des piliers que l’alliance Pirates-PID compte mettre en avant. «Il ne s’agit pas d’une fusion. Notre programme électoral sera donc aussi une sorte de compromis», fait remarquer Sven Clement. Cette alliance doit permettre de présenter une liste de 60 candidats solides. «Jusqu’à présent, on compte 22 candidats du PID qui vont se présenter sur les listes», détaille Christian Isekin, le président du PID. Tous les candidats du PID vont être intégrés sur les listes des pirates. «Nos statuts le permettent», précise Sven Clement. La légalisation du cannabis sera sans surprise une des autres priorités du Parti pour la démocratie intégrale.