Interdiction ou restriction d’herbicides, zones de protection : le gouvernement entend tout entreprendre pour garantir la qualité de l’eau à l’avenir.
Les pesticides responsables de la pollution dans le bassin versant du lac de la Haute-Sûre ont été interdits d’utilisation, dans le cadre des mesures décidées par le gouvernement. (Photo : archives LQ)
Les tests effectués sur ordre du comité interministériel mis en place au lendemain de la pollution découverte auront permis d’isoler deux substances, désormais dans le collimateur des autorités, à savoir le métazachlore-ESA et le métolachlore-ESA, comme l’a expliqué sobrement Luc Zwank, directeur adjoint de l’administration de la Gestion de l’eau.
Le métazachlore est un herbicide utilisé dans les cultures du colza. Le métolachlore, lui, est surtout utilisé pour le maïs. La pollution concernait les résidus de ces pesticides, dit métabolites.
Dans tout le pays, les taux oscillaient autour, voire dépassaient la limite des 100 nanogrammes par litre (ng/L) autorisés.
> Culture du colza : des alternatives recherchées
Une des premières décisions fut donc de mettre hors service certaines captations d’eau, même si aujourd’hui encore 45 000 m3 d’eau restent contaminés au métazachlore-ESA tous les jours.
Hier, le gouvernement a donc annoncé l’interdiction avec effet immédiat de l’utilisation du « S-métolachlore » (maïs) sur l’ensemble du territoire national, ainsi que celle, plus restreinte, du métazachlore (colza) dans les zones de protection actuelles, dans les zones prévues à cet effet et dans le « bassin versant du lac de la Haute-Sûre ». Dans les autres endroits du pays, l’utilisation du métazachlore pour les cultures de colza est désormais limitée à 0,75 kg par hectare sur 4 ans.
Fernand Etgen, ministre de l’Agriculture, avoue que s’il existe des produits alternatifs et peu onéreux pour la culture du maïs, il sera difficile d’en trouver pour le colza.
Pour la recherche d’alternatives, un programme scientifique et consultatif a été mis en place, grâce au fonds de recherche. Actuellement, 80 paysans (5 400 ha) bénéficieraient d’un tel conseil.
En partenariat avec le Centre de recherche public Gabriel-Lippmann, l’administration des Services techniques de l’agriculture (ASTA) aurait en outre développé des programmes pour rendre l’épandage plus efficace. En tout, le gouvernement prévoit 7 millions d’euros en aides combinées à 17 millions d’euros en conseil.
> Élargissement des zones de protection
Le ministre de l’Agriculture « refuse de mettre les paysans au pilori », rappelant que ces derniers ont toujours respecté la loi et n’ont fait qu’utiliser les « produits autorisés ». Néanmoins, il est prévu qu’à l’avenir, tous ceux qui manient des pesticides (« Ponts et Chaussées, CFL, jardiniers, etc. ») participent obligatoirement à des formations continues.
Le 22 février, d’autres mesures, qui devront servir à réduire la présence de pesticides et de leurs résidus, seront présentées. Ce sera aussi une des priorités dans le prochain « plan d’administration des eaux ». En outre, un programme des mesures sera inclus dans le deuxième plan de gestion du district hydrographique, qui sera rendu public le 22 décembre.
À moyen et à long terme, le gouvernement prévoit la création de zones de protection supplémentaires. Des règlements grand-ducaux des années 80 et 90 en dénombrent 80. En réalité, il n’y en a qu’une : celle de la zone du lac de la Haute-Sûre.
Ces zones de protection concernent environ 10 % du territoire national. Elles sont composées à 50 % de forêts, 20 % de terres agricoles, 16 % de prairies et 4 % de zones urbaines. Dans toutes ces zones sera interdit le déversement de métazachlore.
Jusqu’à présent, la création d’un quart des zones serait « en procédure ou en voie de décision ». Trois règlements grand-ducaux seraient « en vigueur ». Ils concernent Flaxweiler, Septfontaines/Tuntange, ainsi que Junglinster. Deux autres sont en procédure, à Hobscheid. Enfin, douze sont en projet sous condition que la loi change. Sont concernées Bech, Fischbach, Mersch, Ettelbruck, Waldbillig, Redange, Berdorf, Contern, Weiler-la-Tour, Schuttrange, Betzdorf et Flaxweiler.
Les citoyens peuvent d’ailleurs dès à présent se renseigner sur les zones existantes sur le site www.geoportail.lu. Comme le précise Carole Dieschbourg, des consultations publiques sont prévues dans les communes.
À tous les sceptiques, la ministre de l’Environnement répond : « L’eau du robinet est propre. Vous pouvez la boire sans danger. »
De notre journaliste Frédéric Braun