Le Service de renseignement de l’État verra son budget fortement augmenter à partir de 2019. À la clé, plus d’effectifs et de moyens techniques pour amplifier et accélérer la récolte des données numériques.
Ce ne sera peut-être pas Big Brother, mais le gouvernement veut doter le Service de renseignement de l’État (SRE) de moyens techniques plus importants pour surveiller et conserver des données téléphoniques et informatiques. Il allouera des ressources financières supplémentaires au service dont le budget va passer de 3,3 millions d’euros en 2018 à 5,1 millions en 2019, soit une hausse de 64%. Selon les prévisions, l’augmentation va se poursuivre à un rythme moins soutenu jusqu’à 2021 (5,4 millions prévus).
Cela peut paraître cavalier cinq ans après le scandale qui a entraîné la chute du gouvernement Juncker pour des écoutes et surveillances illégales menées par le SREL, l’ancien nom du SRE. La loi de 2016 portant sur la réorganisation du service devrait en principe balayer les inquiétudes, la mission de recherche, d’analyse et de traitement des renseignements se faisant désormais «à l’exclusion de toute surveillance politique interne».
Des spécialistes IT recherchés
Les agents du SRE doivent limiter leurs interventions à l’espionnage, au terrorisme, à l’extrémisme violent ou encore à la lutte contre la prolifération d’armes de destruction massive. Compte tenu de l’importance croissante des données et des communications numériques, le service a besoin de s’adapter aux évolutions technologiques. Et les hommes doivent suivre, tout comme le nerf de la guerre.
D’après le chiffre communément cité, le SRE emploie actuellement entre 60 et 70 personnes. Dans la perspective de recrutements de nouveaux agents, il a publié des offres d’emploi en 2017, ne précisant évidemment pas qu’il s’agit du service secret national. «Le SRE recherche des spécialistes IT», indique un familier du dossier.
Il s’agirait notamment pour le SRE de lancer une récolte et une conservation plus importante des métadonnées. Ces informations permettent, par exemple, de savoir qui vous appelez ou encore avec qui vous communiquez par courriel. Ces données ne livrent pas le contenu des échanges, mais permettent de déterminer qu’une personne est, à un moment donné, en relation avec telle autre.
Fabien Grasser